À l’occasion du Congrès mondial de la nature de l'UICN, le directeur du Conservatoire des sites naturels alsaciens, Marc Brignon, souligne l’importance des zones humides et la protection des sites naturels pour la biodiversité locale.
La grenouille des champs est l'une des espèces menacées en Europe que l'on trouve encore dans les sites naturels alsaciens. © Mallaurie Brach / CC BY-SA 4.0
De l’éléphant d’Afrique à la grenouille des champs, la disparition de la biodiversité est une affaire mondiale. Le Congrès international pour la nature se tient à Marseille jusqu’au 11 septembre. C’est l’occasion pour les dirigeants, ONG et autres associations de se fixer des priorités vis-à-vis de la biodiversité pour les prochaines années. Mais quelle est la situation en Alsace ? Marc Brignon, directeur du Conservatoire des sites naturels alsaciens, souligne notamment l’importance des zones humides dans la région.
• L’Alsace est-elle une région dont la biodiversité est particulièrement menacée en France ?
Oui. Nous sommes dans une région à forte densité de population et avec une activité économique soutenue, donc une artificialisation importante de nos sols. Les zones humides sont les milieux les plus dégradés. Celles-ci disparaissent brutalement à cause du drainage, de l’assèchement des sols et cela va même parfois jusqu'à l'artificialisation complète. Ceci principalement dans les forêts rhénanes, les forêts alluviales le long du Rhin et les rides, qui sont des prairies humides que l’on retrouve par exemple autour de Sélestat.
• Quelles espèces sont menacées ?
Il y a tout un cortège d’espèces liées aux zones humides. Je pense notamment à la grenouille des champs, une grenouille particulièrement rare au niveau européen, ou encore le butor étoilé et tout une série d'oiseaux qui vivent dans les marais ou les roselières (là où poussent les roseaux, NDLR).
• Et comment luttez vous pour le maintien de cette biodiversité ?
La vocation de notre conservatoire est de protéger la biodiversité par la maîtrise foncière. On se porte acquéreur ou locataire, ce qui permet une gestion pérenne pour reconquérir des espaces de biodiversité. 75 % des espèces menacées en Alsace se trouvent sur nos sites, notre intervention permet donc de les préserver. Et parfois, des oiseaux reviennent. On se retrouve aussi à gérer des terrains assez pauvres en biodiversité, comme un champ de maïs, où la nature reprend ses droits facilement et rapidement dès lors que les espaces sont protégés.
• Quels autres sites souhaiteriez-vous protéger ?
On est en train de réfléchir à la préservation des forêts car elles souffrent du dérèglement climatique. On est gestionnaire de quatre réserves dont trois d’entre elles ne sont pratiquement que des forêts. Lorsqu’on les gère à notre manière, c’est-à-dire par une non-intervention, elles résistent mieux aux évolutions du climat. La nature a des ressources qui lui permettent de mieux encaisser les évolutions climatiques rapides. L’objectif est d’en faire un laboratoire pour voir comment ces forêts évoluent par rapport aux autres et, le cas échéant, en tirer des enseignements.
Laura Remoué et Nils Sabin