Quatre mois après l'attaque au couteau à la préfecture de police de Paris, l'enquête sur les failles au sein de l'administration se poursuit, alors que plusieurs dizaines de policiers sont suivis pour radicalisation.
Depuis octobre 2019, 74 signalements pour radicalisation ont été enregistrés à la préfecture de police de Paris. Photo Paul Townley / Flickr
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a confirmé mercredi matin que 106 policiers sont soupçonnés de radicalisation et que leurs cas sont actuellement étudiés. Un chiffre que France Inter avait déjà annoncé le 24 janvier. « Cela ne veut pas dire qu'ils sont radicalisés. Et je voudrais que les choses soient claires : 106 cas sur 150 000 policiers », a précisé le ministre sur BFMTV.
La crainte d'un ennemi de l'intérieur
La confirmation intervient alors que la commission d'enquête parlementaire sur l'attaque de la préfecture de police de Paris s'apprête à rendre compte de l'avancée de la procédure. Présidée par Eric Ciotti (député Les Républicains des Alpes-Maritimes), la commission cherche à comprendre pourquoi l'attaque à la préfecture n'a pas pu être évitée.
Le 3 octobre 2019, Mickaël Harpon, un informaticien travaillant à la direction des renseignements de la préfecture de police, avait assassiné quatre de ses collègues et blessé un cinquième. Selon les enquêteurs, il s'était radicalisé quelques années plus tôt. En 2015, il avait même fait l'objet d'une discussions de la part de ses collègues à ce sujet.
31 auditions
Deux semaines après l'attaque, une commission parlementaire avait été créée afin de comprendre pourquoi aucun signalement n'avait été fait sur ce cas de radicalisation. Depuis octobre dernier, les députés ont mené 31 auditions au cours desquelles 34 membres de la préfecture, des services de renseignements, de la police et du ministère de l'Intérieur ont été interrogés. Parmi eux figurent notamment l'actuel préfet de police de Paris, Didier Lallement, ainsi que deux de ses prédécesseurs, Michel Delpuech et Bernard Boucault.
Un rapport rendu en avril
Ce matin, et alors que de nouvelles auditions doivent avoir lieu jeudi, Eric Ciotti a affirmé sur RTL qu'il « y a eu une accumulation de signes », témoignant de la radicalisation de Mickaël Harpon. Le président de la commission d'enquête a aussi déploré que « les procédures de signalement n'étaient pas formalisées » et qu'il « n'y avait pas de référent radicalisation ». Eric Ciotti a précisé que la commission rendra son rapport mi-avril.
Depuis l'attaque de la préfecture de police, 74 signalements pour radicalisation ont été recensés au sein de l'administration et 27 ont déjà été clôturés sans entraîner de sanction pour le personnel visé.
Aurélien Gerbeault