Donald Trump a annoncé, mercredi 11 septembre, que les cigarettes électroniques aromatisées seraient bientôt interdites à la vente aux Etats-Unis. Pour cause, un lycéen américain sur quatre vapote. En France, le marché des cigarettes électroniques ne connaît pas non plus la crise et fait de l'ombre à l'industrie du tabac.
Didier Freund dans sa boutique de cigarettes électroniques du quartier de la Krutenau, à Strasbourg./ Photo Caroline Celle
Arômes fruités, mentholés ou encore au goût de boissons alcoolisées... Les liquides des cigarettes électroniques ont de quoi tenter les plus irréductibles fumeurs d'arrêter le tabac. Le marché des e-cigarettes, dans le monde, représente plus de 10 milliards de dollars en 2017 et dépassera les 30 milliards d'ici 2030, selon les estimations du rapport « Global e-cigarette market » de Research Cosmos. Si les Etats-Unis sont numéro un sur le marché mondial de la vape, la France se place crânement au 3e rang.
L'e-cigarette : un investissement payant ?
Avec le boom de la cigarette électronique dans les années 2011-2013, les magasins spécialisés dans les produits de vapotage sont désormais bien visibles dans les rues. Gérant d'un « Vapo Shop » dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg, Didier Freund fait partie de ceux qui ont surfé sur cette vague. « J'ai ouvert mon magasin en 2013, quand j'ai commencé à vapoter pour arrêter de fumer, et que j'ai vu que ça marchait », raconte-t-il. Si les prix d'une cigarette électronique peuvent varier de 25 à 800 euros, Didier Freund s'arrête au palier de 130 euros. « C'est un bon investissement, affirme-t-il. Il faut compter six euros les 10 ml, ce qui équivaudrait à un paquet de cigarettes à seulement un euro. » Pour arrêter de fumer, la stratégie de l'e-cigarette semble faire ses preuves : selon le Baromètre de Santé publique France, 700 000 personnes se seraient sevrées grâce à elle, entre 2010 et 2017.
La guerre des vape shops et des tabagistes
Forcément, le marché du tabac en pâtit. Jeudi 12 septembre, le fabricant britannique de cigarettes British American Tobacco (BAT) a annoncé la suppression de 2 300 emplois dans le monde, pour se réadapter aux nouveaux modes de consommation.
En France, l'abandon de la cigarette traditionnelle s'observe de manière spectaculaire : depuis 2016, le nombre de fumeurs a baissé d'1,6 million. 2019 est une année charnière pour la cigarette électronique : avec la loi anti-tabac du gouvernement, le prix du paquet frôle maintenant les 10 euros.
Face à cela, les bureaux de tabac s'adaptent : beaucoup ont désormais une étagère consacrée aux produits de vapotage. Une concurrence nouvelle pour les magasins spécialisés, qui ne semble pas inquiéter le gérant du Vapo Shop de la Krutenau. « Les buralistes n'y connaissent pas grand chose, estime-t-il. Ils peuvent vendre, mais n'ont pas bonne réputation. Quand une e-cigarette tombe en panne, ils ne savent pas la réparer et n'ont pas de service après-vente. » Les magasins spécialisés représentent actuellement 55% du marché français de la vape. Internet en détient 25%, tandis que les bureaux de tabac représentent 20% des ventes.
Caroline Celle