Après sa mise en examen, Richard Ferrand a reçu un appel de soutien d'Emmanuel Macron. Le président de la République a l'habitude de témoigner son appui à des ministres pris dans des affaires. Ce qui n'a pas empêché plusieurs d'entre eux de démissionner.
Emmanuel Macron n'est pas du genre à lâcher un proche. Surtout Richard Ferrand, l'un de ses plus anciens et fidèles partisans. Alors, peu après sa mise en examen, mercredi 11 septembre, dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne, c'est tout naturellement que le président de l'Assemblée nationale a reçu un appel du chef de l'Etat, pour l'assurer de son soutien. Un soutien qui laisse une légère impression de déjà-vu. Et qui n'est pas forcément du meilleur augure. En effet, le président de la République s'est fait une habitude de voler au secours de ses ministres pris dans des affaires. Ce qui n'a pas empêché certains de présenter leur démission par la suite.
Françoise Nyssen. / Photo MCC Didier Plowy
Aucun signal traduisant la volonté d'un départ
Déjà, au tout début du quinquennat, une grappe de ministres, en délicatesse avec la justice, avait été assurée de l'appui d'Emmanuel Macron. Marielle de Sarnez, chargée des Affaires européennes, Sylvie Goulard, ministre des Armées, et François Bayrou, Garde des Sceaux – tous membres du MoDem – sont alors soupçonnés d'avoir rémunéré des permanents avec des fonds alloués aux assistants parlementaires des députés européens. A l'époque, déjà, François Bayrou était sorti rassuré d'une entrevue à l'Elysée : « C'est le président de la République qui en décidera mais je l'ai vu plusieurs fois ces dernières 47 heures, il ne m'a donné aucun signal qui traduisait la volonté d'un départ », déclare-t-il à L'Opinion, le mardi 20 juin 2017. Et d'ajouter, sûr de ses arrières : « Vous pensez que je vous dirais tout ça si je partais ? » Le lendemain, il démissionne, avec ses deux collègues du MoDem.
François de Rugy. / Photo CC Bruno Perroud
Tenez bon !
Un an plus tard, de nouvelles casseroles ébranlent le gouvernement. Cette fois, c'est Françoise Nyssen, ministre de la Culture, qui est visée par un article du Canard enchainé, daté du 20 juin 2018. Actes Sud, sa maison d'édition située à Arles, aurait entrepris des travaux d'agrandissement, sans les déclarer ni en référer à l'architecte des Bâtiments de France – alors que le quartier est classé. Rapidement, elle reçoit un texto de soutien du Président de la République : « Tenez bon ! » Las, en août, un deuxième article de l'hebdomadaire satirique l'étrille, cette fois sur des travaux réalisés à Paris. Elle est finalement remplacée, rue de Valois, par Franck Riester, le 16 octobre 2018. Amère, elle confie à L'Express trouver ce lâchage « injuste ».
Soutien encore et encore
Dernier en date à avoir goûté aux paroles de réconfort de l'Elysée : François de Rugy, démissionnaire cet été de son poste de ministre à la Transition écologique. Pris dans les révélations de Mediapart à propos de ses diners fastueux à l'Hôtel de Lassay, quand il était président de l'Assemblée nationale, le Nantais a d'abord affirmé avoir été assuré du soutien d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe. Avant de démissionner, une petite semaine et quelques nouvelles révélations plus tard.
Ce jeudi 12 septembre, nombre de figures de la macronie ont, elles aussi, volé à la rescousse de Richard Ferrand. Reste à voir si cela portera chance au quatrième personnage de l'Etat. Lequel, il est toujours bon de le rappeler, ne tient pas son perchoir de l'Elysée, mais des députés.
Nicolas Massol