Un permis pour acquérir un animal de compagnie : la région belge wallone a décidé de durcir son régime en matière de maltraitance animale, une avancée jugée louable mais insuffisante par les associations françaises.
En Wallonie, tous les nouveaux propriétaires d’animaux de compagnie doivent être détenteur d’un permis. Le premier code wallon du bien-être animal, entré en vigueur le 1er janvier, vise à protéger les animaux contre les maîtres négligents ou violents.
Concrètement, tous les Wallons sont automatiquement titulaires de ce permis, mais ils pourront le perdre en cas de problème avec leur animal. Maltraitance, négligence, abandon… Les mauvais maîtres pourront se voir interdire la possession d’un animal à vie, infliger des amendes jusqu’à 10 millions d’euros et des peines de prison jusqu’à 15 ans. Un durcissement pénal qui vise principalement à combattre les mauvais traitements en récidive et le nombre d’abandons. En comparaison, en France, les peines de prison peuvent s’étendre à deux ans, et les amendes à 30 000 euros en cas d’abandon ou d’actes de cruauté.
Pour Sophie Hild, directrice de la Fondation droit animal, éthiques et sciences, ce type de dispositif renforce la protection des animaux : « Cela permet de responsabiliser les propriétaires et de leur faire prendre conscience des devoirs qu’ils ont envers les animaux. » Mais elle reste pessimiste quant à une transposition de cette mesure en France. « Actuellement il y a un blocage au niveau politique. Emmanuel Macron affiche de bonnes intentions, mais rien ne se traduit dans les actes. Aujourd’hui on voit qu’il facilite même la chasse. C’est pareil au niveau européen, même si des lobbies comme le notre essaie de faire pression, tout est bloqué ».
Interdire le commerce des animaux de compagnie ?
En 2015, le parlement français a reconnu l’animal comme un « être vivant doué de sensibilité » dans le code civil, mais cela reste insuffisant pour Sophie Hild : « Ils sont toujours soumis au régime des biens marchands puisqu’on peut les acheter et les vendre ».
Le constat est similaire chez Peta France. Chloé Galard, coordinatrice de l’association, considère que le dispositif wallon est « un excellent pas dans la bonne direction », mais insiste sur le chemin qu’il reste à parcourir, en Belgique comme en France. « Il faut mettre fin à la surproduction et la vente d’animaux par des éleveurs, en ligne ou dans les animaleries et privilégier l’adoption dans les refuges. Il n’y a que deux réelles solutions à la crise de surpopulation des animaux : des programmes de stérilisation et mettre un terme au commerce des animaux de compagnie ».
La France compte aujourd’hui 63 millions d’animaux domestiques, et on estime à 100.000 le nombre d’abandons chaque année, dont 60 000 rien qu’en période estivale.
Sophie Bardin