Un Américain est mort après l'explosion de sa cigarette électronique le 29 janvier. C'est le deuxième cas signalé aux États-Unis. Retour sur la législation en vigueur en France, et les consignes de sécurité quant à l'utilisation des vapoteuses.
La cigarette électronique de William Eric Brown, Texan de 24 ans, a explosé le 29 janvier, lui sectionnant une artère du cou. C'est le deuxième décès dû à l'explosion d'une vapoteuse aux États-Unis, où la Fema (Agence fédérale des situations d'urgence) a enregistré 195 incendies et explosions liés à des cigarettes électroniques entre 2009 et 2016. En France, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a reçu huit signalements de batteries ayant explosé, entre 2016 et août 2017.
Jean Moiroud, président de la Fivape (Fédération interprofessionnelle de la Vape), se veut rassurant. « Ces accidents sont extrêmement rares, se défend-il. Dans la plupart des cas, ce sont des cigarettes mécaniques. » Deux « mod » existent : électronique et mécanique. Pour les cigarettes en mod mécanique, contrairement aux appareils au fonctionnement électronique, il n'y a pas de circuit de contrôle. La résistance est donc en contact direct avec la batterie, qui peut exploser en cas de court-circuit. « Ca ne veut pas dire que les cigarettes mod mécanique sont à jeter. Elles s'adressent à des personnes plus expérimentées. » Pour lui, elles ne représentent qu'1% des appareils vendus en France, prisés par des passionnés pour leur esthétisme.
« Souvent, ce n'est pas la cigarette mais la batterie qui explose », continue-t-il. Il distingue deux types de batteries présentes dans les cigarettes électroniques : celles intégrées, auxquelles l'utilisateur n'a pas accès, et les batteries amovibles, qu'il peut retirer, changer, transporter. « En contact avec un objet métallique dans le sac, elles peuvent alors exploser. C'est pour cela qu'elles doivent voyager dans leur étui, avec lequel elles sont vendues. »
Batteries made in China
« Les batteries lithium-ion présentes dans les vapoteuses, pour la plupart fabriquées en Chine, sont similaires à celles des téléphones portables », explique Jean Moiroud. Aucune réglementation spécifique ne s'applique aux cigarettes électroniques, qui suivent les mêmes normes que l'ensemble des appareils électroniques. Les batteries doivent respecter l'obligation générale de sécurité inscrite dans l'article 421 du Code de la consommation.
Seule l'Afnor (Association française de normalisation) a créé des normes françaises en 2015, mais elles ne sont pas contraignantes. « Libre aux entreprises de s'y conformer ou non, précise Olivier Gibert, responsable presse d'Afnor. Mais l'association ne réalise pas de contrôle. » Seuls les e-liquides sont soumis à une réglementation contraignante.
Choisir un appareil d'une grande marque, dans une boutique spécialisée, reste le principal gage de qualité selon Jean Moiroud. « Pour vérifier l'authenticité d'un produit, l'utilisateur peut aussi rentrer sur le site du fabricant le code inscrit sur l'emballage. »
La profession s'organise
Didier Freund a ouvert sa boutique Vapot'shop il y a six ans, dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg. « Pour beaucoup de clients, ce qui arrive, c'est que le bouton de leur cigarette se déclenche dans leur poche. L'appareil chauffe, et ils le sentent directement », raconte-t-il. Il n'a connu qu'un accident : « C'était il y a cinq ans, une cliente rechargeait sa cigarette sur son ordinateur, posé sur son lit. Elle s'est endormie dessus. Elle a été réveillée parce que la batterie de la cigarette avait surchauffé, elle était en train de brûler. » Pour lui, le problème vient d'une mauvaise manipulation. Depuis l'incident, il a tout de même arrêté de vendre ce qu'il appelle des « clones », versions bas de gammes des modèles les plus connus, et privilégie les marques internationales reconnues pour la qualité de leur matériel.
« Le secteur s'est bien organisé », ajoute Jean Moiroud. Prochaine étape, la fédération souhaite mettre en place des formations pour les vendeurs de cigarettes électroniques, afin de certifier leur expertise. « Les premières sessions auront lieu début mai », révèle son président.
Mathilde Obert