Cet hiver, le vaccin contre la grippe est moins efficace que les précédents. Les chercheurs n’ont pas réussi à prévoir l’évolution du virus, mais la vaccination reste indispensable pour les populations à risque.
Cet hiver, 1100 personnes sont déjà mortes de la grippe en France. C’est l’épidémie la plus importante depuis 2015, alors que le taux de vaccination n’a jamais été aussi haut (39% de la population est vaccinée en 2019, contre 35% l’année dernière). Un paradoxe qui s’explique par un vaccin « moyennement efficace », ce a reconnu sur Europe 1 la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Cette inefficacité est due à une épidémie différente des années précédentes. « Il y a deux virus qui circulent : le H1N1 et le H3N2, explique Sylvie Behillil, directrice adjointe du Centre national de référence virus à l’Institut Pasteur. Le H1N1 est correctement couvert par le vaccin, mais il est minoritaire cet hiver. Le H3N2, qui circulait moins en France ces dernières années, est beaucoup plus compliqué à traiter. C’est ce qui explique cette perte d’efficacité globale. »
Un virus difficile à prévoir
L’évolution rapide et constante du H3N2 représente chaque année un défi pour les chercheurs qui mettent au point le vaccin. Il est très compliqué de prévoir sa forme au moment critique, puisque les premières recherches sont effectuées plus de six mois avant le début de l’épidémie. L’OMS commencera ainsi dès la mi-février à dessiner le vaccin 2019-2020.
« En le mettant au point, les experts doivent faire un pari sur l’évolution future du virus, souligne Caroline Guerrisi, épidémiologiste au sein du réseau Sentinelles, qui rassemble les données françaises. Cette année, leur pari est perdant. »
2000 vies sauvées par hiver
Pour autant, la vaccination reste nécessaire, surtout parmi les populations à risque (personnes âgées, diabétiques, femmes enceintes). « On sait que le vaccin est imparfait, reconnaît Caroline Guerrisi. Mais il reste tout de même le meilleur moyen de prévention. Même dans les cas où il n’empêche pas la maladie, il réduit le développement de formes graves. »
Sylvie Behillil insiste : « Même s’il est moins efficace cette fois-ci, il ne faut surtout pas dire qu’il ne marche pas. » Le réseau Sentinelles estime qu’environ 2000 décès sont évités chaque année grâce à la vaccination.
Tom Vergez