La pratique sportive féminine sera mise en avant ce week-end dans le cadre de l’opération « Sport féminin toujours », organisé par le CSA. Pour le sociologue William Gasparini, « il y a un mouvement d’uniformisation des rôles masculins et féminins, mais des inégalités persistent. La pratique féminine est une pratique majoritairement de loisir ou d’entretien de soi. »
Les sportives seront à l’honneur les 10 et 11 février prochains dans le cadre de la cinquième édition du « Sport féminin toujours », initié par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Pour les chaînes de télévision et radios, il s’agira de diffuser, pendant tout le week-end, des reportages et des compétitions. Avec un objectif : mettre en lumière le sport féminin.
Car le sport est encore majoritairement une affaire d’hommes dans notre société, comme le détaille William Gasparini, professeur de sociologie et de sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) à l’Université de Strasbourg,
Comment expliquer la sous-représentation des femmes dans le sport ?
Au départ, c’est une approche historique qu’il faut avoir et revenir sur la place des femmes en général. Au XIXe siècle, il y a dans toute la société une forte domination masculine d’une part médicale et d’autre part religieuse. A cette époque, par exemple, il ne faut pas montrer le corps des femmes. Les médecins interdisaient aux femmes de faire du sport parce ce qu’ils pensaient que ça empêcherait la procréation.
Cette dimension historique explique pourquoi, dans le sport particulièrement, la pratique des femmes a été retardée.
Quand les femmes ont-elles commencé à faire du sport en France ?
Pour que les femmes pratiquent le sport, il fallait que cela vienne d’elles. Après la Seconde guerre mondiale, il y a eu un grand mouvement et les femmes ont commencé à pratiquer. Là je parle pour le cas de la France qui est en retard. Dans les autres pays, aux Etats-Unis notamment, les femmes sont intégrées dans les milieux sportifs depuis plus longtemps.
Aujourd’hui, on n’en est plus au même stade. Il y a un mouvement d’uniformisation des rôles masculins et féminins. Les filles pratiquent d’avantage. Malgré tout, des inégalités persistent. La pratique féminine est une pratique majoritairement de loisir ou d’entretien de soi. Plus on va dans la compétition, moins il y a de femmes.
Quels sont les domaines où les inégalités sont les plus fortes ?
Dans les classes populaires, les filles pratiquent mais quand elles deviennent adultes, elles arrêtent toute activité. Le taux de pratique chez les femmes adultes et séniors est assez faible dans les milieux populaires. En dehors de la pratique, dans le secteur tertiaire, il existe de fortes inégalités au niveau des responsabilités sportives. Les fédérations, les comités, les entreprises, sont des univers très masculins.
Depuis quelques années, on observe une certaine émancipation dans les choix de pratique sportive. Pour le football, par exemple, il y a une augmentation très forte des licenciés filles et femmes. Mais on est encore en retard par rapport à l’Allemagne. La liberté plus grande par rapport à ces rôles sexués qui sont contrains. Mais le poids des stéréotypes reste très fort.
Sophie Wlodarczak
En bref :
Le sport féminin a représenté entre 16 et 20% du volume horaire de diffusion de retransmissions sportives en 2016, contre 14% en 2014 et 7% en 2012, selon le CSA. En 2017, il a représenté entre 14 et 18,5%, une baisse par rapport à 2016 principalement due à l’absence de Jeux Olympiques cette année-là, explique le Conseil.
Entre 2012 et 2017, le taux des licences féminines tous sports confondus est passé de 37% à 38,3% soit une augmentation de 471.010 licences délivrées à des femmes ou des jeunes filles, selon des chiffres du ministère des Sports. Les femmes, qui pratiquent surtout la marche, la natation et le fitness, restent sous-représentées dans les sports collectifs, avec seulement 17% de licenciées en 2017.