En prenant le contrôle du constructeur malaisien Naza, le groupe automobile français s’implante enfin sur le marché très porteur de l’Asie du Sud-Est. PSA prévoit à court-terme la production de 20000 véhicules par an en Malaisie.
La direction du groupe automobile français a annoncé lundi matin avoir un nouveau pied-à-terre en Asie du Sud-Est. PSA a pris le contrôle du constructeur malaisien Naza Automotive Manufacturing en rachetant 56 % de ses actifs. Naza est déjà distributeur exclusif de Peugeot, Citroën, Mercedes ou encore Ferrari en Malaisie et produisait exclusivement des modèles de la marque KIA.
Le groupe veut produire 18 000 véhicules l’année prochaine et plus de 20 000 les années suivantes. L’usine produira notamment la Peugeot 3008 et le nouveau SUV de Citroën, le C5 Aircross, qui sortira des chaînes de production en 2019.
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— Groupe PSA (@GroupePSA) 26 février 2018
Opérationnelle depuis 2004, l’usine du nord de la Malaisie emploie 450 personnes et a une capacité de production de 50 000 voitures par an. Le premier ministre malaisien, Najib Razak, a d’ores et déjà annoncé avec ce partenariat la création de 1 200 emplois.
Potentiel de 680 millions de clients
C’est la première usine PSA en Asie du Sud-Est. Le groupe veut tirer parti “d’un potentiel de 680 millions de clients, dont le taux d’équipement automobile est croissant”, note PSA dans un communiqué. Fort d’un marché intérieur bientôt supérieur à celui de la Russie, les constructeurs automobiles se ruent vers les pays de la région depuis le début des années 2010, profitant des perspectives de croissance du secteur automobile.
Selon des chiffres avancés par le cabinet privé BMI Research, la croissance du secteur automobile devrait atteindre 300 % d’ici 2022 aux Philippines et près de 100 % au Vietnam. L’Indonésie, premier marché en volume dans la région, écoule plus d’un million de voitures par an sur son marché intérieur.
Déconfiture de PSA en Chine
Déjà bien implanté en Chine et en Amérique du Sud, Peugeot-Citroën voulait trouver un partenaire stratégique en Asie du Sud-Est afin de livrer des véhicules Peugeot et Citroën sur les marchés de l’ASEAN (la zone de libre-échange en Asie du Sud-Est) et répondre au plus près de la demande des clients. Le constructeur français avait déjà tenté l’année dernière de prendre le contrôle de Proton, constructeur important de Malaisie et propriété du milliardaire Syed Mokhtar Al-Burkhary, mais avait perdu la mise au profit du groupe chinois Geely.
En investissant en Malaisie, PSA diversifie ses débouchés, aujourd’hui essentiellement concentrés sur la Chine, où le groupe automobile français a essuyé des difficultés : l’an dernier, les ventes ont reculé de 37 % par rapport à 2016. Carlos Tavares, le président du directoire, a ainsi revu son objectif d’un million de véhicules vendus sur le territoire asiatique : “la date d’atteinte de ce chiffre est repoussée”, a-t-il indiqué dans un communiqué.
Renault mise sur ses alliés japonais
L’autre constructeur français, Renault-Nissan, est implanté en Indonésie depuis 2008 et y assemble directement certaines de ses voitures. Mais en Asie du Sud-Est, ce sont les constructeurs japonais (Toyota, Honda) qui ont pignon sur rue et Renault-Nissan espère bien profiter de ses synergies avec Mitsubishi (dont Renault-Nissan est propriétaire à 34 %) pour inonder le marché de ses modèles.
Parmi ces synergies, l’utilisation de pièces détachées communes entre les trois constructeurs automobiles, ainsi que l’unité des réseaux de distribution derrière une même marque, comme déjà effectué en Thaïlande. Renault veut aussi profiter de l’image de marque de Mitsubishi dans la région : la marque est “très présente en Asie du sud-est, mais sans produits, avait noté en février 2017 Carlos Ghosn, le président de l’Alliance Renault-Nissan. Renault, lui, a des produits, mais pas d’implantation. Renault peut donc lui fournir les produits”.
Texte et Infographie : Paul Boulben