Après s'être constitués en continent dans les océans, ils frappent à votre porte : les déchets plastiques contaminent l'eau du robinet. Selon les résultats d'une étude d'Orb Media publiée par le quotidien britannique The Guardian, 72 % des échantillons français seraient contaminés par des fibres plastiques.
Ce pourcentage alarmant fait pourtant de la France, avec ses voisins allemand et britannique, l'un des pays les moins touchés par le phénomène. À l'inverse, les Etats-Unis sont les plus concernés, avec 94 % de contamination.
L'origine exacte de ces fibres n'est pas encore connue
Premier coupable évident : la pollution généralisée. Le plastique n'est pas biodégradable. Avec le temps, il se divise en particules de plus en plus petites, jusqu'à l'échelle du nanomètre. À cette taille, il peut passer dans les organes des êtres vivants. C'est-à-dire dans ceux du saumon de ce midi, mais aussi dans le corps humain. Ces particules ne sont pas seulement dangereuses en soi : elles servent aussi de « transporteur » à certaines bactéries, présentes notamment dans les égouts. Elles absorbent également des substances chimiques nocives, ensuite libérées dans le corps de l'animal qui les a consommées. Un problème renforcé par le manque de recyclage. En France, seuls 20 % des déchets plastiques sont recyclés. En attendant une amélioration, autant renoncer aux sachets, fourchettes jetables et à la paille dans le cocktail du samedi soir.
Deuxième source de fibres plastiques, plus surprenante, le lavage de vêtements en tissus synthétiques. Polaire, polyester et acrylique libèrent à chaque lavage jusqu'à 700 000 fibres dans l'eau, trop petites pour être captées par les filtres. Elles finissent leur course dans les cours d'eau. Pour limiter ce phénomène, espacez les lavages de vêtements en synthétique et préférez les matières naturelles comme le coton ou le lin.
Troisièmement, l'usure des pneus de véhicules libère aussi des particules de matière plastique, qui finissent dans l'environnement. Un véhicule produit 20 grammes de ces poussières polluantes tous les 100 kilomètres, rappelle l'enquête d'Orb Media. Rincer son rouleau de peinture dans l'évier est aussi une mauvaise idée : mieux vaut récupérer l'eau de rinçage et la déposer à la déchetterie.
Les microbilles contenues dans les cosmétiques participent à la contamination de l'eau. À éviter, les dentifrices, gommages, gels douches etc. contenant du polyéthylène, signalé par la mention PEG suivie d'un chiffre (par exemple PEG-32) ou d'autres produits dérivés du plastique (PE, PP, PMMA ou PET), dans la liste des ingrédients.
Enfin, ces fibres viennent aussi… du ciel. Selon une étude de 2015, entre trois et dix tonnes de fibres de plastiques (mesurant moins de 5 millimètres) se déposent chaque année sur la ville de Paris. Elles sont issues de l'usure des matières plastiques : lorsqu'un pull en acrylique vieillit, des fibres plastique s'en échappent, comme les poils d'un animal que l'on viendrait de caresser.
Boire de l'eau en bouteille n'est pas la solution non plus : selon la même étude, certaines d'entre elles sont aussi contaminées.
Reste à comprendre, le plus rapidement possible, les conséquences de ces particules et les risques liés à leur ingestion, comme le signale Frank Kelly, spécialiste des interactions entre l'environnement et la santé à nos confrères du Guardian.
Léa Schneider