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La recette est gagnante. Elle devient en 2018 la première femme arabe à remporter une médaille d’or aux Jeux asiatiques dans la catégorie des moins de 67 kg. Avec cette victoire historique, Julyana Al-Sadeq, toujours vêtue de son hijab, se hisse au rang de modèle pour toute une génération de femmes arabes et musulmanes.
« Je reçois tellement de messages de leur part. Je suis très fière de ce rôle d’autant plus si j’arrive à inspirer d’autres femmes », confie-t-elle timidement. Cette consécration lui permet d’être porte-drapeau de la Jordanie aux Jeux olympiques 2021 à Tokyo, desquels elle reviendra bredouille.
Faire abstraction des remarques
Symbole dans tout le monde arabe, elle est loin de faire l'unanimité dans son propre pays. La jeune femme est encore la cible de nombreuses critiques venant principalement des hommes. « La majorité des Jordaniens ont des propos très conservateurs sur les femmes taekwondoïstes car ils estiment que ce n’est pas fait pour elles », regrette-t-elle. « Beaucoup jugent que je n’ai pas le physique pour faire du taekwondo. Comme c’est un sport de combat, ils s’attendent à ce que je sois ultra musclée, c’est inimaginable que je sois une fille. »
Très soutenue par sa famille, Julyana Al-Sadeq a appris à faire abstraction de ces remarques. Elle se concentre désormais sur son prochain objectif, les Jeux olympiques 2024, où sa principale rivale sera la Française Magda Wiet-Hénin. « C’est ma dernière chance », s’exclame-t-elle. La taekwondoïste mettra fin à sa carrière à son retour de Paris mais ne manque pas de projets. Elle espère fonder une famille et ouvrir sa propre académie de taekwondo avec son père et son frère : « Je vais prêter une grande attention aux petites filles qui rêvent de devenir championnes. »
Océane Caillat
Pour les consommateurs, le mal était fait. Ce midi-là, plus de sept mois après, le restaurant est toujours vide. Sur la trentaine de tables extérieures, seule une est occupée par deux sœurs venues d’Arabie Saoudite, pays où le mouvement est moins suivi. Ailleurs à Amman, les autres franchises visitées en mai dans le cadre de ce reportage étaient tout autant dépeuplées. Et une très forte pression sociale s’exerce sur celles et ceux qui dérogent à la règle. Certes, quelques consommateurs persistent à déguster un BigMac. Mais ils préfèrent commander et manger depuis leur voiture ou opter pour la livraison à domicile. « Les Jordaniens sont ceux qui pratiquent le plus le boycott dans le Moyen-Orient, s’enflamme Hamza Khader. Chacun gère avec sa conscience. Si certains se cachent, c’est bien qu’ils sentent qu’il y a un problème. »
Un discours encore inaudible pour une partie du royaume hachémite. Manal al Ali, 44 ans, est d’origine palestinienne, comme beaucoup ici. Amatrice de stand up, elle avait pris des places pour la première date et a choisi de se faire rembourser. « Depuis la guerre, trop de choses ont changé. Par respect pour mes proches, je ne peux pas sortir. Je pense qu’on a mieux à faire dans cette période que de se faire plaisir et de s’amuser », explique-t-elle. « On n’est pas plus utile si on reste chez nous en deuil toute la journée. L’humour est une manière de s’engager aussi », fustige Ghaith Alansari, fier de soutenir la Palestine avec son billet pour Mo Amer.
Face au scandale, l’Armoush Tourist Investment Company, la société qui exploite la marque McDonald’s en Jordanie, a immédiatement communiqué sur l’envoi d’un don de 100 000 JOD (130 000 euros) en faveur des victimes gazaouies, pour tenter de renverser l’opinion publique et sauver le chiffre d’affaires de ses établissements. « Nous affirmons catégoriquement que McDonald’s International ne finance ni ne soutient les parties impliquées dans ce conflit, a même juré la marque dans des tracts distribués dans les restaurants. Toutes nos pensées vont vers les victimes. Nous sommes contre la violence sous toutes ses formes. »
Israël, sujet de la campagne
Le FAI a plusieurs fois boycotté les élections. Aujourd’hui encore, le parti ne s’attend pas à ce qu’elles soient totalement libres. Il s’y présentera quand même. Zaki Beni Rsheid, ancien numéro deux du Front, sera un des candidats. En 2015, il est condamné à 18 mois de prison au motif d’avoir « perturbé les relations de la Jordanie avec un État étranger ». Il avait critiqué les Émirats arabes unis, alliés du pouvoir dans la région.
Dans la campagne de Zaki Beni Rsheid, Israël sera un des principaux sujets de discussion. « Le projet sioniste constitue une menace pour notre pays. Ils veulent y déplacer les Palestiniens. Mon parti soutient les droits du peuple palestinien à la libération, à l'indépendance et au retour des réfugiés », déclare le politicien depuis les bureaux de son avocat, dans un quartier riche d’Amman. Le sexagénaire en costume et chemise sans cravate compte aussi sur le nouveau système électoral pour remporter plus de sièges que lors des dernières élections : « Il s'agit de la première étape de la transformation démocratique. Si le vote est exempt de fraude, nous aurons une nouvelle scène parlementaire. C'est pourquoi les élections revêtent une importance particulière. »
Adélie Aubaret
Max Donzé
Rien d’anormal ici. Les Jordaniens et Jordaniennes, y compris les plus jeunes, ont — presque tous et toutes — délaissé les grandes chaînes de restauration rapide occidentales. L’association de restauration jordanienne estime qu’elles ont perdu 85% de leur chiffre d’affaires. Même l’enseigne aux arches jaunes n’a pas échappé à la mobilisation générale. Un événement a particulièrement révolté la population : l’entreprise qui détenait toutes les franchises du géant américain en Israël, Alonyal, rachetée en avril par la maison-mère, avait pris l’initiative de distribuer gratuitement des repas à l’armée israélienne, quelques jours après le 7 Octobre.
Décembre 2023 : un incendie au cœur de Pétra détruit trente années de trouvailles archéologiques. La consternation demeure chez Thibaud Fournet, actuellement en fouilles dans la célèbre cité antique. La réponse du Parc archéologique de Pétra (PAP) lui reste coincée en travers de la gorge. « Vous avez toujours vos brouettes, où est le problème ? », lui aurait lancé l’institution indépendante, qui gère l’exploitation de la cité vieille de 2 000 ans. Si des Bédouins du village d’Uum Sayhoun, caché derrière les montagnes du site, ont été jugés et emprisonnés, pas un mot dans la presse locale. Le PAP refuse même de s’exprimer sur l’incident.
À la fin de ce voyage dans les rues de cette capitale bouillonnante, je garde en mémoire ce goût et cette odeur omniprésente, voire entêtante à chaque passage devant les échoppes de cuisine ou les étals d’épices. Dans un petit balluchon en plastique, j’embarque mon mélange préféré : le zaatar palestinien et son goût acidulé. C’est comme s’il avait été créé pour être transporté et partagé facilement. « Les personnes obligées de fuir leur pays en avaient toujours sur eux dans des petits contenants facilement transportables, confie Qais Malhas, lui-même exilé palestinien. Aujourd’hui, c’est nous qui en avons toujours sur nous. »
Azilis Briend
12h15. À l’heure où les estomacs commencent à gargouiller, un groupe d’une trentaine d’enfants se rue sur la terrasse étriquée d’un vendeur de shawarma — un sandwich brioché au poulet typiquement jordanien. Or, le cadre a de quoi interloquer. Tout autour, au dernier étage du centre commercial Abdali, situé au milieu d’un quartier d’affaires d’Amman, les autres grandes enseignes sont vides. Le roi du fast-food McDonald’s ou les stars du poulet frit KFC et Popeyes attendent désespérément les commandes des clients. « Ce sont les enfants qui nous ont demandé de manger dans un restaurant qui n’est pas boycotté », témoigne la professeure encadrante.