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L’odeur du barbecue pénètre jusque dans salle de réunion du centre socioculturel (CSC) du Ziegelwasser. De quoi réveiller l’appétit — et titiller l'orgueil — des onze jeunes réunis afin de relancer le projet humanitaire de rénovation d’une école au Laos, basé sur l’autofinancement, qui bat de l’aile depuis plusieurs mois.
Dehors, l’ambiance est foot et détente : Fifa, le baby-foot et le ballon qui cogne le mur sont là pour en témoigner. L’initiative saucisses-merguez a été lancée par un autre petit groupe, avec en ligne de mire un voyage au Kenya, ponctué d’un safari. Ils s’y sont mis il y a peu et enchaînent les activités dans le seul but de financer leur séjour.
« Vous êtes onze. Comment autant de personnes peuvent faire moins que les six qui participent au projet safari au Kenya ? », interroge, un brin provocateur, Sithana Somphouchanh, animateur du centre. « Là, pour ce barbec’, ça a snappé de partout, barbecue vendredi soir, barbecue vendredi soir, ils n'ont pas arrêté ! » « Dans votre groupe, il y a un manque d’investissement de certains, ils le savent, il faut que tous s’y mettent ! », insiste-t-il. Les jeunes assis autour de la table, qui ont entre 16 et 21 ans, ne bronchent pas. Les quelques actions déjà organisées ont malgré tout permis de mettre de côté 3000 euros.
Après la remise en question viennent les idées pour récolter des fonds. « Chacun me propose un autofinancement là, comme ça, ce qui vous vient ! », lance Jamila Haddoum, responsable de l'espace jeunesse. Soirée mousse, soirée laser, ensachage, repas, tournoi futsal, soirée crêpes : chacun y va de son inspiration.
L’animatrice rappelle l’un des fondamentaux de l’autofinancement : « Il faut gagner plus que ce que l’on dépense. Une machine à mousse, par exemple, ça coûte 1000 euros à la location, ça veut dire qu’il faudrait beaucoup vendre pour compenser. Il vaut donc mieux quelque chose qui ne va rien nous coûter. » Son auditoire acquiesce. Pour motiver les troupes, le CSC prend les devants : « On va vous payer une soirée : un spectacle pour enfants à 1500 euros le 16 décembre que l’on va commander pour vous au gymnase, avec père Noël, décors et tout ce qu’il faut », lance-t-elle, enthousiaste. « Pourquoi des enfants ? Parce que ça fait venir du monde, et qu’ils vont consommer, ça marche à chaque fois ! »
Seule condition ? « Vous avez intérêt à assurer la com’, et à la fin vous récoltez les recettes de la partie alimentation. » Anas, veste de survêtement rouge sur les épaules, l’interroge : « Est-ce qu’il y aura le groupe Kenya aussi qui fera de l’autofinancement à Noël ? » « Non, non, eux ils vont en faire à Halloween. »
« Le train au Laos ? Wow ! »
« D’ailleurs vous allez les aider pour Halloween, vous allez travailler, et eux vous aideront aussi à Noël, c’est donnant-donnant, il n’y a pas de concurrence », précise Sithana. « Vous viendrez pour effrayer les gens, en évitant que les gens se pissent dessus, hein ! », s’amuse Jamila. « Oh! pas grave, ce sont les gens du Kenya qui nettoieront !», répond du tac au tac Ismaël. Fou rire général. « Il faut que vous veniez avec des idées ! », répètent sans arrêt les deux animateurs.
A l’heure d’aborder l’objectif final, le voyage, l’ambiance se détend. Côté financement, les animateurs énumèrent les aides sollicitées : la région Grand-Est, le département, les financements privés, les familles des participants et la cagnotte de crowdfunding Cotizup. « Elle est sur internet, il faut que vous la partagiez un max pour être visible ! » Côté programme, la donne a légèrement changé.
A l’origine, une semaine de travail humanitaire dans une école au Laos, puis une semaine de loisirs en Thaïlande étaient prévues. « On s’est rendu compte que le vol Francfort-Laos coûtait 1200 euros, tandis que le vole Francfort-Thaïlande était à 600, du coup on s’est dit qu’on pourrait inverser, et faire Thaïlande-Laos en train », détaille Sithana. « Le train au Laos ? Wow », plaisante Nawfel. Un autre enchaîne : « On va pas risquer nos vies pour 600 euros ! » L’auditoire apprécie. « Toi tu l’as fait quand t’y es allé ? », demande Anas à l’animateur, d’origine laotienne. Il acquiesce. « Ah bah! c’est bon alors ! »
Augustin Campos
Trois euros au lieu de dix pour un panier de légumes bios et locaux. C’est le tarif solidaire proposé aux étudiants par Les jardins de la Montagne Verte, à Strasbourg.
L’association, créée en 2001, propose des produits bios et locaux, tout en offrant un retour à l’emploi à des hommes et des femmes en difficultés, éloignés du marché du travail. Tous les légumes sont cultivés dans le quartier de la Montagne Verte, selon les règles de l’agriculture biologique.
Pour permettre à des étudiants à faibles ressources de bien se nourrir, le Crous, Les Jardins de Cocagne et Les Jardins de la Montagne Verte ont monté un dispositif de paniers subventionnés.
Grâce à ces aides, les étudiants peuvent acheter un panier de légumes à trois euros, contre dix habituellement. Pour bénéficier de ce tarif solidaire, soumis à conditions de ressources, l’étudiant doit remplir un dossier qui sera étudié par l’association.
Les légumes, variés et toujours de saison, sont également commercialisés dans la boutique de l’association située 5, rue du Cimetière à Koenigshoffen.
Camille Battinger
Pour Pierre-Alexandre Sorbe, alias « Bidou », l'aventure commence il y a environ deux ans, lorsqu'il découvre à Berlin le concept du « Vöner », ou Döner végan. De retour en France, ce végétalien convaincu décide d'ouvrir le deuxième restaurant de ce type de l'hexagone, après Paris. Sportif, il remplace la viande par un aliment fabriqué à base de protéine de blé : le seitan.
Le temps de mûrir l'idée et passer les différentes formations nécessaires à l'ouverture de ce type d'établissement, Pierre-Alexandre lance réellement son projet il y a un an et commence à communiquer. Plus qu'un kebab végan, il souhaite élargir sa gamme aux nuggets, milkshakes et autre réjouissances bio pour « se démarquer des restaurants traditionnels ».
Mais un tel projet nécessite un financement conséquent. Le local, il l'a déjà repéré, dans le quartier de la Krutenau de Strasbourg. Il attend pour l'heure que le propriétaire valide le dossier et que les banques confirment leur engagement. À cela s'ajoute le matériel de cuisine : plancha, grill et friteuses. C'est pourquoi il a ouvert une campagne de crowdfunding. À 14 jours du terme, il a récolté un peu plus d'un tiers des 12 450 euros demandés.
En attendant, il fait avec les moyens du bord. Pour l'Alsace Vegan Festival, le restaurateur reconnaît avoir été « un peu pris de court ». Si l'organisation attendait un millier de visiteurs, ce sont au final plus de 2 300 festivaliers qui sont venus s'informer auprès d'associations véganes telles que 269 Life France ou encore Happy Earth Now, auxquelles nous avons également donné la parole. Plusieurs conférences et ateliers étaient également organisés et commerçants et restaurateurs étaient de la partie pour une première édition qui a tenu ses promesses.
Boris Granger et Phoebé Humbertjean
Au centre socioculturel de l'Escale, Pierre-Alexandre Sorbe, créateur de Végéman, a testé ce dimanche pour la deuxième fois ses kebabs 100% végans sur le public du tout nouvel Alsace Vegan Festival : un franc succès.
Deux heures : c'est le temps qu'il fallait au plus fort du coup de feu pour déguster l'un des 300 kebabs végans préparés par Pierre-Alexandre Sorbe ce dimanche 14 octobre. À l'occasion de l'Alsace Vegan Festival, son sandwich a fait l'unanimité auprès du public, malgré l'attente.
À l’occasion de l’Alsace Vegan Festival, une dizaine d'associations a sensibilisé les Strasbourgeois à la protection des animaux. Parmi elles, Happy Earth Now et 269 Life France, deux associations aux méthodes d’action opposées.
Les organisateurs n’imaginaient pas un tel engouement. La salle principale du centre socio-culturel de l’Escale n’a pas désempli, ce dimanche 15 octobre. Flâneurs, curieux, militants… La première édition de l’Alsace Vegan Festival a accueilli plus de 2000 visiteurs. Une opportunité inestimable pour les associations présentes sur place de sensibiliser un large public à la protection des animaux.
Toutes partagent la même fervente conviction : l’information est la clé. En revanche, leurs avis divergent à propos des modes d’action. Les associations Happy Earth Now et 269 Life France étaient présentes au festival.
Guillaume Corpard, président de l'association Happy Earth Now, reconnaît que de fortes divergences existent au sein des associations de protection des animaux, mais il défend aussi une diversité des méthodes de sensibilisation.
De son côté, Jesper Gustafsson, membre de l'association 269 Life France, assume des actions chocs : «La violence n’est pas chez nous, elle est dans les abattoirs».
Boris Granger et Phœbé Humbertjean
Personne ne sait jusqu'où vont ses souterrains, l'association la Fabrique est installée dans l'ancienne glacière de la brasserie Grüber. Ce lieu à part peut se visiter chaque jeudi soir.
Ce qu’ils y font n’a rien de confidentiel mais les membres de la Fabrique sont bien cachés. Celui qui veut les rencontrer doit remonter la route des Romains, dans le quartier de Koenigshoffen, puis pénétrer dans le parc Grüber sur le site de l’ancienne brasserie industrielle.
Une fois descendu la côte le long de la voie ferrée, on arrive dans une cour où une vieille bâtisse est collée à un édifice industriel.
Chaque jeudi soir, dans les entrailles de cette usine désaffectée, ont lieu les portes ouvertes de l’association née il y a quatre ans.
Ateliers sous terre
« C’est un lieu ouvert à tous, débute Manuel Simoes en nous accueillant. Ici on mutualise les moyens, la seule obligation, c’est de s’entraider. » La structure propose à ses adhérents d’échanger leurs connaissances et d’utiliser du matériel selon leurs envies. Electronique, couture, menuiserie… Les activités naissent en fonction des idées de chacun, à l’image des forgerons qui battent le fer depuis un an.
Manuel Simoes s’engouffre dans la bâtisse. A l’intérieur, les parois en contreplaqué et des objets de récupération forment un curieux ensemble. « C’est un espace en continuelle transformation », précise notre guide en passant à côté de machines à coudre d’usine jouxtant un salon improvisé fait de canapés en cuir démodés.
Sans nous en rendre compte, nous passons sous terre dans des travées semblables à des couloirs de métros en plus hauts. Du temps de la brasserie, elles servaient à stocker la glace qui permettait de contrôler la fermentation de la bière. « Grüber a été le premier en Europe à industrialiser la bière », explique Manuel Simoes, intarissable.
Chacune des neuf travées souterraines a son atmosphère. Dans la première, on trouve un grand atelier pour les vélos, on sent le cambouis et on entend les cliquetis raisonner. Quelques pas plus tard, c’est l’odeur du bois, que l’on perçoit, en pénétrant dans la menuiserie installée dans le second tunnel. « C’est un lieu impressionnant », observe Caroline, une touriste venue par curiosité.
Impossible de savoir jusqu'où vont les souterrains
L’exploration se poursuit par la découverte d’une maison sous terre en toile. « On utilise cet endroit pour stocker le bois, explique Manuel Simoes. Il y a une machine pour le préserver de l’humidité. »
Les galeries se poursuivent sur des dizaines de mètres où sont stockés à perte de vue divers objets de récupération.
L’expédition se termine dans l’obscurité, éclairés par un téléphone portable. Nous arrivons alors au pied d’un mur de briques; impossible de savoir jusqu’où vont les tunnels de l’ancienne brasserie. « Des travées ont été localisées jusqu’à l’entrée du centre-ville », rapporte notre hôte.
Les coups de marteau des forgerons accompagnent notre retour à la surface alors qu’un brasero réchauffe les spectateurs assis dans des sièges en morceaux de vélos.
A mi-chemin entre un laboratoire et un décor de cinéma, la Fabrique de Grüber est un lieu indescriptible. « Ici, c’est un peu Berlin-Est »: note Manuel Simoes. On ne saurait dire mieux.
Texte Thibaut Chéreau, photos Emilie Sizarols
Infos pratiques : La Fabrique, portes ouvertes gratuites tous les jeudis de 18h30 à 22h, 91 route des Romains, 67200 Strasbourg, , 03 88 12 23 87.