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Un magasin de 220m2, trois emplois et un renouveau pour le quartier du Port du Rhin. C’est ce que promet d’apporter, le 28 novembre prochain, l’ouverture d’un Carrefour Express, rue de l'Abbé François-Xavier-Scherer. L’entreprise relève le défi de s’installer dans ce quartier où les commerces de proximité peinent à s’implanter durablement.

« Il n’y a rien au Port du Rhin, aucun magasin alimentaire, résume Vincent Richart, futur gérant du Carrefour Express, quand on voit la densité de population, c’est dommage. » C’est pour répondre à l’expansion du quartier, dont la population a augmenté de 25% depuis 2009, mais aussi pour «créer un lieu de vie», que Carrefour a décidé d’ouvrir son magasin. Installé entre la Poste et le Crédit Mutuel, à deux pas du tram, le commerce proposera avant tout des produits alimentaires. « Il n’y aura que très peu de produits d’hygiène, ce sera surtout du dépannage », explique Vincent Richart.

Face à la concurrence des grandes surfaces allemandes, à une station de tram de là, l’enseigne adapte son offre. « Dans les magasins allemands, les produits alimentaires ne sont pas forcément donnés, la France a la chance d’avoir une force agricole, on va donc être capables de tirer notre épingle du jeu », note le futur gérant. « Les gens ne viendront pas acheter un gros panier de courses, mais le lait qu’ils ont oublié pour faire des crêpes à leurs enfants. »

Si 70% des habitants du quartier vivent des minima sociaux, la question du prix des produits ne l’inquiète pas : « Je m’adapterai aux clients. Si par exemple je me rends compte que le riz Lustucru ne marche pas, je proposerai du riz premier prix. »

À une rue de là, de l’autre côté du tram, dans l’épicerie historique du quartier, Chez Abdel, on ne partage pas l’enthousiasme du gérant. Abderrahim Hallous, habitant du Port du Rhin, explique derrière son comptoir : « Je sais qu’ils ont fait leur étude de marché, mais ils ne connaissent pas le quartier. » Autour de ce magasin ouvert depuis 38 ans, tous les commerces de proximité ont fermé. Pour lui, qui a passé toute sa vie dans le quartier, l’explication est simple : « Les gens au début du mois vont acheter un certain volume en Allemagne, cela leur tient dix jours, après ils viennent chez nous, et à partir du 25, on leur fait crédit. C’est ça qui fait la différence, cela leur donne envie de revenir. »

Depuis septembre, l’artiste Difracto a intégré la pépinière musicale de l’espace Django-Reinhardt au Neuhof. Ce jeune talent de la scène électro bénéficie d’un accompagnement privilégié pour développer son réseau et sa musique. Rencontre.

 

Ce vendredi soir au Mudd, club strasbourgeois, François Delamarre, alias Difracto, met l’ambiance. Devant une cinquantaine de personnes, il enchaîne sons, rythmes et mouvements de danse. François fait depuis une dizaine d'années de la musique électronique, dans la lignée de Flume et de Fakear. La sortie de son premier EP a officiellement lancé Difracto l'an dernier.

Depuis septembre, le jeune homme de 27 ans a intégré la pépinière musicale de l’espace Django-Reinhardt au Neuhof. Au programme : accompagnement, conseils, critiques… « Dans tous les projets musicaux, il n'y a pas d'école qui t'explique comment développer ton projet, comment tout gérer. Il y a des choses qu'on peut trouver sur internet, mais avec la pépinière ce sont des professionnels de la musique qui te prennent en charge. Moi qui suis seul aux manettes de Difracto, c'est d'autant plus intéressant par rapport à des groupes », ajoute-t-il.

Difracto n’en est pas à son premier coup d’essai. Il y a deux ans, l’artiste avait déjà postulé à la pépinière, mais en raison d’un projet encore trop embryonnaire, sa candidature avait été refusée. Deux ans plus tard, un EP sorti et plusieurs dates de bookées, dont certaines dans des festivals, sa persévérance a payé.

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Photos: CUEJ/Martin Greenacre

Camille Battinger

Laura Fallarino est luthière depuis presque trois ans. La jeune femme a choisi d’installer son atelier à La Drêche, au cœur du parc Gruber de Koenigshoffen.

Sa passion pour les instruments à cordes remonte à l’enfance. Laura Fallarino, 31 ans,  joue de la guitare depuis l’âge de 6 ans. Un déclic, après une sortie à filature de Mulhouse où elle découvre les instruments acoustiques de l’orchestre.

Fabriquer « la guitare parfaite »

A l’époque, Laura pratique avec une guitare achetée par ses parents. Mais elle aimerait un modèle plus performant, qu’ils ne peuvent malheureusement pas lui offrir. « C’était un vieux rêve de pouvoir réussir à fabriquer la guitare parfaite, celle que je rêverais d’avoir », raconte la jeune femme. Qu’à cela ne tienne. Après de premières années d’études en théâtre et en musicologie à Besançon, où elle ne voit pas d’avenir professionnel, Laura décide de se lancer dans l’aventure de la création d'instruments.

Une formation en Angleterre

Mais des écoles de lutherie, il y en a très peu en France. Et les places sont chères. « Jean-Noël Rohe, un luthier de Strasbourg, m’a conseillé le Newark College, près de Nottingham (en Angleterre), explique Laura. C’est une école réputée ». L’établissement forme ses élèves à la conception de violons et autres instruments à cordes. Laura se spécialise  alors dans la fabrication … de guitares, bien sûr ! Après deux années basées essentiellement sur de la pratique, la jeune femme rentre en Alsace, en 2013.

Des guitares dans la cave de la maison familiale

Pendant un an et demi, Laura enchaîne les boulots alimentaires. Mais elle s’aménage un atelier dans la cave de la maison de ses parents, dans le Haut-Rhin, où elle répare des guitares pour ses amis et commence à fabriquer ses propres instruments. Seulement, la jeune femme a la bougeotte. Elle part voyager en France pendant un an, sans jamais mettre ses ambitions professionnelles de côté. « Pendant ma période de woofing dans un centre équestre en Lorraine, j’ai proposé des ateliers de musique et de lutherie sauvage » - comprendre: fabriquer des instruments à partir d’éléments ramassés dans la nature.

Mais à l’aube de la trentaine, la luthière aspire à plus de stabilité. Il y a un peu plus d’un an, elle ouvre son atelier dans les locaux du collectif de la Drêche, dans le parc Gruber, où elle cohabite désormais avec 15 autres artistes. « La lutherie est un métier assez solitaire. J’avais besoin de lier ça avec une histoire plus collective, avoir des échanges avec d’autres personnes », précise-t-elle. « Je ne peux pas encore vivre de mon métier. Ça prend du temps, il faut se faire un bon réseau. Mais c’est mon objectif ».

En attendant, Laura fabrique actuellement sa 13e guitare. Elle envisage aussi de lancer des ateliers et des stages de lutherie pour transmettre sa passion dès la rentrée prochaine.

En chiffres :
Prix d’une guitare : de 2000  à 2500 euros
Délai de fabrication : de trois à quatre mois
Nombre de guitares fabriquées par Laura : 13

L’association Joie et Santé Koenigshoffen propose toute une gamme de cours pour apprendre des instruments, du piano au ukulélé en passant par l’accordéon. Pour ce dernier, l’association organise un atelier intergénérationnel tous les samedis matin sous la responsabilité d’un professeur diplômé.

Ce samedi matin 13 octobre, dans une petite salle du centre socioculturel Camille-Claus à Koenigshoffen, Antoine, 32 ans, et Camille, 66 ans, ouvrent de grands coffres noirs. Dedans : des accordéons.  Le professeur Alain Ehles, la cinquantaine, cheveux gris clair, entre dans la salle, accompagné de Flavio, 13 ans. Ils se saluent et attendent encore deux personnes pour que le groupe soit complet. Quand tout le monde a pris sa place et a préparé son instrument, la séance d'accordéon intergénérationnelle commence.

La main gauche pour les sons de basse, l’autre pour la mélodie, plus difficile. Pour s'adapter à une composition pour orchestre, ils se partagent les cinq partitions de la pièce Wassermusik de Georg Friedrich Haendel du 18ème siècle. Camille et Flavio jouent ensemble la deuxième, les autres se partagent le reste. C’est parti.

 

Louay Kerdouss et Nicolas Grellier 

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