Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

Depuis début septembre, le supermarché de la Robertsau ouvre à nouveau le dimanche matin, en dépit de la législation en vigueur. Les commerces alentour souffrent de cette concurrence déloyale.

« Ce qui faisait vivre notre activité, c’est quand les autres étaient fermés. » Said Medroumi, gérant de l’épicerie La Pyramide, est désabusé. Il y a deux semaines, le commerçant a décidé de mettre la clé sous la porte, après dix-sept ans d’activité. Impossible de lutter contre le géant qui siège à quelques pas de là, route de la Wantzenau. Depuis début septembre, le supermarché Match accueille sa clientèle les dimanches matin.

Just dance pour les filles, Fifa 18 pour les garçons. Ce samedi à la médiathèque du Neuhof, les enfants jouent à la console entre copains. Depuis 2012, la structure propose des ateliers jeux vidéo, le mercredi ou le samedi, une fois par mois, de 14h30 à 16h30.

Elle met à disposition deux consoles : une Wii U et une PS4. Pour encadrer les enfants, Mustapha Elyassiri, responsable numérique à la médiathèque, reste présent toute la durée de l’atelier. « Je m’occupe de voir si tout se passe bien, s’il n’y a pas de souci au niveau technique », confie-t-il.

Pour lui, c’est le moyen d’attirer un nouveau public, pas toujours habitué à fréquenter ce genre d’endroit.

Juliette Mariage et Camille Wong

Une fois par mois, le samedi ou le mercredi, la médiathèque du Neuhof propose un atelier jeux vidéo. L'occasion pour le centre de se diversifier et d'attirer un nouveau public.

[ Plein écran ]

L'immeuble du 91 route des Romains, qui accueillera la maison de services publics. Cuej / T. V.

Koenigshoffen et la Montagne Verte ne bénéficient pas de bibliothèque permanente. Un manque qui pourrait être en partie comblé par la future maison des services publics, route des Romains.

Neuf médiathèques dans Strasbourg, 23 autres dans l’Eurométropole, mais aucune pour les 29 000 habitants de Koenigshoffen et de la Montagne Verte. Pour les résidents de l’Ouest de Strasbourg, les bibliothèques les plus proches se trouvent à Hautepierre, l’Elsau ou Eckbolsheim.

Dans une tribune publiée dans les Dernières nouvelles d’Alsace le 6 octobre, le conseiller départemental Eric Elkouby s’insurgeait de ce manque, déplorant la seule présence d’un bibliobus. La bibliothèque mobile mise en place par l’Eurométropole parcourt les quartiers privés d’installation permanente. Le bus se gare à Koenigshoffen le mercredi, et à la Montagne Verte le jeudi en fin d’après-midi. « Aujourd'hui, le bibliobus fonctionne très bien dans le quartier, reconnaît Eric Elkouby. Mais il passe à des horaires où les enfants sont en classe. Cela ne remplace pas une vraie bibliothèque. »

« Tirer le quartier vers le haut »

Avec 5000 ouvrages, CD et DVD, le bibliobus propose une offre diversifiée, notamment pour les enfants, mais l’absence d’un établissement en dur pose problème à certains utilisateurs. « C’est contraignant niveau horaires, explique Farida, une habitante de la route des Romains, qui vient régulièrement emprunter des livres pour elle et ses deux fils. Le bus reste à peine deux heures au même endroit. Ce n’est pas toujours facile d’être libre au bon moment pour aller rendre les livres. »

« Il y a aujourd'hui 29 000 habitants qui ne disposent d'aucun service public de culture, s'insurge Eric Elkouby. Pour tirer ce quartier vers le haut, il faut s'en donner les moyens. » La solution pourrait se trouver sur la route des Romains, dans les anciens locaux administratifs de la brasserie Gruber.

Un simple guichet de prêt

L'imposant bâtiment a été acquis par la mairie, qui veut investir ses plus de 1800m2 pour y rassembler certains services publics. La mairie de quartier, un centre médico-social, la caisse d'allocations familiales... et un service de retrait de livres, pourraient prendre place dans les locaux occupés jusqu'en 2010 par le Régime social des indépendants.

Un simple guichet de prêt, bien loin de la bibliothèque attendue, mais qui aurait au moins le mérite d'installer la lecture de façon permanente à Koenigshoffen. Maintenant le rachat par la municipalité acté, restent à entreprendre des travaux de rénovation et de réaménagement du bâtiment avant l'installation de cette « maison des services publics ».

Tom Vergez

« Fermée à partir du 13 août » : un grand panneau annonce la couleur, face à la déchèterie de Koenigshoffen, momentanément fermée pour rénovation.  Tractopelles à l’arrêt, dalle neuve et tout juste coulée, friches sur le côté de la route. Dans ce décor  post-apocalyptique, un samedi en fin d’après-midi, pas âme qui vive.  A première vue.

 

Des riffs de metal s’élèvent dans le ciel, un homme dodeline en rythme de la tête, assis sur une chaise, son bolide — une twingo bleue — garé sur le bord de la route. Sur sa casquette noire au-dessus de son tee-shirt noir, pas d’image d’ACDC ou de Metallica, mais le mot « sécurité ». Voici le gardien de la déchèterie fermée.

 

Sa mission, puisqu’il l’a acceptée : veiller, entre autres, à la non-multiplication des déchets sauvages. « Quand des personnes tentent le coup, je leur dis de les déposer au moins à côté de la poubelle, afin que les déchets soient ramassés », décrit-il. Ils les oriente aussi vers la déchèterie de la Meinau. Compter 2,6 km en voiture, soit environ sept minutes, dixit Google Maps. 

 

                                                                                 

Des permanences mixtes monopolisées par les hommes

Proposer des rencontres informelles dédiées aux femmes, que ce soit dans les locaux d’Opali-Ne ou à l’extérieur, c’est un moyen pour l’organisation d’attirer ce public spécifique. « Nos permanences sont mixtes, mais aucune femme ne vient car elles ne veulent pas croiser les hommes du quartier qu’elles connaissent », explique Julie Guignard. C’est justement pour pallier cette absence que la psychologue a été embauchée il y a deux ans. Et ce n’est pas une mince affaire. 

« Les hommes viennent entre amis pour se retrouver dans un lieu chaleureux, d’écoute et de bienveillance. La loi de la rue n'a pas sa place ici et ce cadre très stable et structuré les rassure, détaillent Céline Braune et Julie Guignard. Ici, ils touchent à la normalité. » Si l’accueil est inconditionnel, « le seul interdit, c’est de consommer ». Seulement, les femmes n’y trouvent pas leur place. « Il n’y en a qu’une seule qui vient dans le cadre du programme d’échange de seringues, mais elle ne s’approprie pas les lieux, commente Céline Braune. Elle reste dans le couloir en attendant qu’on s’occupe d’elle. » Selon l’éducatrice spécialisée, « la mixité pose problème ». 

Avec les femmes, « on est dans le contact »

Entre la peur du jugement et les stigmatisations que subissent les injecteurs, difficile de franchir le pas pour ces femmes, qui consommeraient davantage dans l’intimité de leur foyer. « Aller vers elles dans les squares, c’est OK, mais dans leurs logements c’est très, très, compliqué, déplore Céline Braune. Pour le moment, on tente des choses, on découvre. » Julie Guignard ajoute : « On n’est pas encore dans le lien, comme avec les hommes par exemple, on est dans le contact. »

Si le profil des hommes est clairement établi - 37 ans en moyenne, très précaire, souvent atteint d’une pathologie psychiatrique -, celui des femmes reste inconnu. « On ne connaît même leurs consommations. On a déjà observé des femmes qui s’alcoolisent dans l’espace public, mais en général il y a une autre problématique, comme le mésusage de médicament. » D’après les observations des deux professionnels, les femmes ne reconnaitraient pas les effets néfastes des substances sur leur santé. « Pour elles, un médicament, ça soigne, indique Céline. Elles n’ont pas l’impression de surconsommer. » 

Une des missions d’Opali-Ne est de sensibiliser tous les publics, consommateur comme non-consommateur, pour prévenir les risques de manière optimale. Tout cela passe par le dialogue. « Le lien est difficile à entretenir, explique Céline Braune. Ces derniers mois, à de nombreuses reprises, la permanence n’a pas pu être assurée pour cause d’absence de personnel. » Résultat : la confiance des consommateurs s’est considérablement fragilisée, ce que déplore l’éducatrice: « S’il n’y a pas d’accueil ou de travail de rue, on perd le lien, le contact avec les gens. » Au point de menacer la pérennité du projet dédié aux femmes ?

Juliette Mariage et Sophie Wlodarczak

(*) Lorsque Opali-NE a vu le jour en 2012, le but était de prévenir et réduire les risques liés aux addictions. Née d’une coopération entre trois associations spécialisées sur ces questions, OPI (Orientation, Prévention, Insertion) , Alt et Ithaque (deux associations dédiées aux soins, à l’accompagnement et à la prévention en addictologie), Opaline-Ne est un dispositif unique et pensé sur mesure pour le quartier du Neuhof. 

 

Un vide-dressing pour attirer les femmes

Dans le square proche du Norma, sur les coups du midi, pas de traces d’enfants. Les bancs sont occupés par une dizaine d’habitants du quartier, en majorité des hommes entre quarante et cinquante ans, réunis autour de bières achetées dans le supermarché du coin. Ce rituel se répète tous les jours, à toute heure. Céline Braune et Julie Guignard s’aventurent dans le petit parc, à la rencontre des deux seules femmes assises à l’écart du groupe d’hommes. 

« Salut Christine ! Vous allez bien ? », lance Julie Guignard à l’une des deux. Sourire aux lèvres, Christine s’avance vers la psychologue et lui claque la bise. La conversation s’engage, avant que la fille de Christine, 23 ans, n'arrive à vélo, demandant qui sont ces personnes qui accostent sa mère. « Ce sont les gens d'Opali-Ne, elles s'occupent de nos problèmes d'addiction, tout ça... ». Sa fille la coupe en rigolant : « Ah oui, ça ne me regarde pas, les drogues, c'est pour toi ! » Christine s'en défend, arguant : « Les drogues, j'ai arrêté ! Il n'y a plus que l'alcool maintenant. » Personne ne relève cette quasi-confession, lancée au détour de la conversation.

Ce n'est que plus tard, quand nous quittons le parc, que Céline Braune s'enthousiasme : « C'est la première fois qu'elle évoque l'arrêt de la drogue. C'est au cours de ce genre de discussions informelles qu'on en apprend plus sur eux. » Et qu'elles approchent de nouveaux consommateurs. « Ça vous dirait qu’on organise un vide dressing le mois prochain à Opali-Ne, interroge Julie Guignard. Comme celui qu’on avait fait au début de l’été ? » La proposition attire une seconde femme, installée sur un banc avec Christine. Cheveux bruns courts, lunettes de soleil aviateur sur le nez, elle laisse son numéro aux spécialistes pour être avertie de la date de l’événement.

Un quartier en manque de commerces

L’implantation de Carrefour au Port du Rhin pourrait pourtant soulager les employés de Chez Abdel, qui seuls font face à la demande alimentaire de la zone. « On a une vraie masse de travail depuis que le quartier s’est agrandi », souligne Aderrahim Hallous. « Avant, c’était pépère. » Cette surcharge salariale est aussi due à la disparation progressive des commerces des alentours. Marie-Pia Meyer, gérante de Au Port’Unes, une entreprise d’insertion dans le quartier, regrette  l'époque où ce dernier était plus animé: « Avant, il y avait deux boulangeries, deux boucheries et un coiffeur. »  Même son de cloche Chez Abdel : « Quand on va dans un commerce qui rassemble tout, c’est par obligation. Quand on est jeune, on ne fait pas attention à ce qu’il y a dans le quartier, en grandissant on se rend compte qu’il manque des choses. »

Face à ce constat, Au Port’Unes, décide en 1999, de créer un commerce de proximité, la Com’Au Rhin, «à la demande de Jean-Claude Petitmange, adjoint au maire de l’époque», se souvient Marie-Pia Meyer. Gérante du magasin aujourd’hui fermé, elle raconte : « L’objectif a toujours été de faire de lien social. » La volonté est là, mais l’histoire du magasin va se ponctuer de fermetures, d’incivilités et de vols.

« On a essayé un tas de trucs », résume Marie-Pia Meyer. « Ce magasin n’a jamais été rentable, ni même équilibré dans les comptes. » Après 18 ans de présence au Port du Rhin, la Com’Au Rhin ferme définitivement ses portes en mai 2017. La date de fin de son engagement avec le Fonds social européen (FSE) devait correspondre avec l’arrivée du tram dans le quartier et d’un nouveau commerce de proximité, mais « le Carrefour a mis un peu plus de temps ».

Un Carrefour Express loin de faire l’unanimité

Toujours gérante d’Au Port’Unes, Marie-Pia Meyer  reste toutefois pessimiste face à l’implantation du nouveau magasin : « Le Carrefour ne marchera pas. Ils visent une autre clientèle que celle du quartier historique, une clientèle active, les tarifs seront élevés. » Abderrahim Hallous n’est pas plus enthousiaste. Selon lui, la demande n’est pas assez élevée pour que l’enseigne rentre dans ses frais. Autre problématique qui pourrait empêcher le magasin de fonctionner, selon Marie-Pia Meyer : le manque de places pour se garer. Un avis qui n’est pas partagé par Vincent Richart : « En se basant sur la clientèle à 5 minutes à pied du magasin, il sera viable. » 

Tifenn Clinkemaillié et Corentin Parbaud

L'épicerie Chez Abdel est le seul commerce encore présent dans le quartier.  ©Tifenn Clinkemaillié 

Pages