Vous êtes ici

Une mesure « difficilement applicable »

Le ministère de l’Éducation nationale laisse aussi « à la discrétion » des collèges les modalités de mise à l’écart. Mais la demande « semble difficilement applicable » pour 43% des répondants de l’enquête du SNPDEN. Au collège de Bouxwiller, par exemple, impossible de stocker les téléphones de 480 élèves. « Des casiers en plus, ça ne me fait pas rêver. On n’a déjà plus de place », déplore Christelle Chevalier. Si besoin, la principale envisage plutôt d’instaurer un système de pochettes anti-ondes. Avant les cours, l’élève y scelle son téléphone. La pochette ne peut alors s’ouvrir qu’avec une base magnétique, placée à la sortie de l’établissement.

Christelle Chevalier ne s’inquiète pas, en tout cas, de la réaction des élèves vis-à-vis du durcissement des règles. « Ça chemine doucement. Le matin, je vois de plus en plus d’élèves qui n’apportent même plus leur smartphone, plutôt que de veiller à l’éteindre. » Reste à convaincre les parents. «  Certains installent des applications de géolocalisation sur les portables de leurs enfants et ne veulent pas qu’ils soient éteints.  »

À Strasbourg, Ibrahim*, père d’un élève de 3e, abonde : « Moi, j’autoriserais le portable, si j’avais le choix, pour qu’on puisse appeler notre enfant en cas de besoin. Si on doit l’informer de quelque chose, par exemple. » Quant aux collégiens, il y a ceux qui respectent les règles et les autres. Quinze jours après la rentrée, Manon* risque l’exclusion temporaire. Elle a été surprise, à deux reprises, en train de prendre des photos dans l’enceinte de son collège strasbourgeois.

* Les prénoms ont été modifiés.

Laura Perrusson

Édité par Maud Karst 

 

Le premier réflexe de ces élèves à la sortie du collège ? Sortir leur portable de leur sac et le rallumer. Dans cet établissement strasbourgeois, le règlement intérieur s’est durci en cette rentrée 2025. Chaque collégien est tenu d’éteindre son téléphone et de le laisser dans son sac à dos. Les modes avion ou silencieux ne sont pas tolérés. Toute infraction entraîne la confiscation immédiate de l’appareil pour la journée. Ce mercredi 17 septembre, après quatre heures de privation, les élèves peuvent enfin le dégainer sans risque.

Le dispositif « Portable en pause », voulu par la ministre de l’éducation démissionnaire, Élisabeth Borne, prévoyait de contraindre les élèves à laisser leur téléphone dans des casiers ou des pochettes avant les cours. Cet établissement ne l’a pas encore mis en place. Et il est loin d’être le seul. Selon une enquête du syndicat des personnels de direction de l’Éducation nationale, le SNPDEN, diffusée le 12 septembre, 91% des collèges ne l’ont pas appliqué à la rentrée.

Pas de dotation spécifique

Au collège du Bastberg, à Bouxwiller (Bas-Rhin), comme dans l’établissement strasbourgeois, les élèves doivent éteindre et ranger leur téléphone. Une règle déjà inscrite dans le règlement intérieur mais dont « l’application stricte » ne date que de la rentrée. La principale, Christelle Chevalier, veille à le rappeler chaque matin devant le portail. « On n’a aucun matériel pour mettre les portables à l’écart, dit-elle à cuej.info, donc rien ne change pour nous. Je demande juste aux élèves s’ils l’ont bien éteint et dans le sac. » 

Selon une circulaire diffusée par le ministère de l’Éducation en juillet 2025, la mise en œuvre de ce dispositif de bannissement des téléphones et appareils connectés devrait pourtant être effective « avant la fin de l’année civile 2025 ». Pour autant, aucune dotation spécifique n’a été débloquée pour ce faire. « Le budget de l’établissement ne permet pas cet investissement. Des discussions sont en cours avec la Collectivité européenne d’Alsace pour choisir un système et le mettre en place », explique Christelle Chevalier.

Transports, écoles, soins : quelle ampleur pour les mobilisations ?

17 septembre 2025

Transports, écoles, soins : quelle ampleur pour les mobilisations ?

Une semaine après le mouvement Bloquons tout, les syndicats ont lancé un appel massif à la manifestation jeudi 18 septembre contre les mesures budgétaires annoncées par l’ancien gouvernement Bayrou.

[ Plein écran ]

Les manifestations attendues ce jeudi 18 septembre devraient prendre l'ampleur de celles pour la réforme des retraites en 2023. Source : Photo libre de droits

Les manifestations du jeudi 18 septembre pourraient atteindre l’ampleur de la mobilisation pour la réforme des retraites de 2023, projette une source sécuritaire de l’AFP. A l’époque, entre 280 000 et un million de personnes avaient participé au mouvement, en fonction des jours. Une semaine après la journée Bloquons tout impulsée sur les réseaux sociaux, l’intersyndicale professionnelle (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU et SOLIDAIRES) appelle les Français à sortir dans la rue pour protester contre les mesures d’austérité prévues dans le budget 2026.

250 cortèges ont été annoncés à travers la France, et la région Grand Est ne fait pas exception. A Strasbourg, l’intersyndicale partira à 14 h de la place de la Bourse. Les lève-tôt ramèneront les croissants place de Haguenau, à 6 h 30, pour un rassemblement mené par le mouvement Indignons-Nous. De nombreux secteurs seront en grève, perturbant leur fonctionnement habituel.

Trois TER sur cinq en marche

Il sera toujours possible de prendre les transports en commun pour celles et ceux qui ne feront pas grève. Il faudra en revanche prévoir un livre ou des écouteurs pour patienter, car le trafic sera troublé. Un préavis de grève a été déposé à la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS) depuis le mercredi 10 septembre, jusqu’au jeudi 18 septembre. Le trafic sera spécialement ralenti pour le grand jour. Il faudra attendre entre 10 et 15 minutes entre chaque tramway pour les lignes A, B, C et D, 20 minutes pour la ligne E et entre 15 et 20 minutes pour la ligne F.

Côté bus, une bonne moitié des lignes seront impactées, le temps d’attente grimpera de 10 jusqu’à 30 minutes en fonction des itinéraires. La ligne 29 allant de Comtes à Schiltigheim Campus ne fonctionnera pas durant toute la journée du 18 septembre. Rien à signaler à Colmar et Mulhouse, les horaires habituels devraient être respectés. Concernant les trains, le réseau ferroviaire alsacien devrait connaître les mêmes perturbations qu’à l’échelle nationale : trois TER sur cinq seraient opérationnels, neuf sur dix concernant les TGV. 

Pas de cantines à Strasbourg 

Les écoles seront également concernées. A Strasbourg, les cantines ont annoncé leur fermeture, l’accueil ne sera pas assuré entre 12 h et 14 h. Le FSU-SNUipp, principal syndicat d’enseignants d’écoles maternelles et élémentaires, prévoit dans l’ensemble du pays au moins un tiers de gréviste pour l’élémentaire. Dans les écoles où au moins 25 % des instituteurs sont en grève, un service minimum d’accueil (SMA) est organisé, de 8 h 30 à 12 h puis de 14 h à 16 h 30. Les Dernières Nouvelles d’Alsace ont répertorié les SMA proposés à Strasbourg pour le jeudi 18 septembre :

  • Quartiers Hautepierre – Cronenbourg : école maternelle Langevin
  • Quartiers Neudorf – Port-du-Rhin : école primaire du Schluthfeld
  • Quartiers Robertsau – Esplanade et Conseil des XV : accueil de loisirs Schwilgué
  • Quartiers Gare – Centre-ville et Krutenau : école maternelle Louise Scheppler
  • Quartiers Elsau – Montagne Verte – Koenigshoffen et Poteries : école maternelle Gliesberg
  • Quartiers Meinau et Neuhof : école Guynemer

Au moins 90% des pharmacies fermées 

Le secteur médical sera également représenté dans les cortèges. Les pharmaciens sont mobilisés depuis le 1er juillet, face à la baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques, décidé par le gouvernement Bayrou avec un arrêté en août dernier. Pour le 18 septembre, entre 90 % et 95% des pharmacies seraient fermées dans le Bas-Rhin, avance la chambre syndicale des pharmaciens du Bas-Rhin. Pas de panique, les pharmacies de garde resteront ouvertes. De nombreux kinés fermeront également leur cabinet, après un appel du syndicat des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs du Bas-Rhin. Ils se mobilisent pour leur pouvoir d’achat, en particulier contre le report d’une revalorisation tarifaire prévue le 1er juillet 2025.

Quentin Baraja

Edité par Axel Guillou

Pages