« C’est fatigant de devoir toujours calculer ce que je consomme », se désole-t-elle. C’est avec une énergie débordante qu’elle enchaîne les tâches domestiques. Sa priorité est de lancer sa machine à laver, la seule de la semaine. Place ensuite au nettoyage de toute la maison, à l’exception du sol. « Je n’aime pas les tapis, mais comme je ne peux pas me permettre d’utiliser de l’eau pour nettoyer le carrelage, on en a mis partout. »
Hossam Al-Afghani, 48 ans, commerçant et descendant de Palestinien : « Le passé, c’est le passé »
Le gouvernement ouvre les vannes et pendant quelques heures, les habitants sont réapprovisionnés, pour le plus grand soulagement de Nassem Al-Bitar, une mère au foyer de 53 ans avec six enfants. Et quand on vit à huit avec 3 m³ d’eau par semaine – contre en moyenne 1 m³ par personne en France – pas de place au gaspillage.
Derrière le comptoir de sa boutique d’artisanat, Hossam Al-Afghani décroche une gravure. Les différents clichés retracent l’implantation des échoppes familiales sur plusieurs décennies. Du premier magasin à Jaffa (ville maintenant rattachée à Tel Aviv) en 1870 à la fuite en Jordanie en 1948 lors de la création d’Israël, la famille du commerçant a toujours vécu au rythme du conflit israélo-palestinien. Pourtant, celui qui a le « business dans le sang » relativise : « Le passé, c’est le passé, et de toute façon, je ne peux pas résoudre ce conflit. » À la tête d’un des huit magasins familiaux en Jordanie, il dit faire partie d’une génération qui « veut construire quelque chose de nouveau » en se distanciant de ses origines. « À la différence des autres qui se présentent d’abord comme Palestiniens, je ne veux pas me résumer à ça. » Hossam Al-Afghani est heureux dans son pays natal, et ne veut pas retourner dans une Palestine libérée et mythifiée où il devrait « tout recommencer à zéro ». Mais il n’est pas totalement indifférent à la guerre qui touche ses « frères » à Gaza. « J’ai l’impression de vivre moi aussi l’injustice qui les frappe. »
Jade Lacroix
Quel est votre meilleur souvenir durant toutes ces années à Al-Wehdat ?
Tous les matchs que nous avons gagnés et tous les trophées que nous avons fêtés. Bien sûr, avoir remporté le championnat cinq fois de suite, de 1994 à 1998, est une chose extrêmement difficile à réaliser. Sur le plan personnel, j’ai marqué trois années de suite contre Al-Faisaly [le grand rival d’Al-Wehdat soutenu par les Jordaniens natifs], qui est presque notre ennemi mortel. Cela constitue une belle fierté.
Comment l’équipe vit-elle avec la guerre à Gaza ?
La guerre a un impact énorme sur Al-Wehdat. Sans elle, il n’y aurait pas de boycott des fans [les supporters protestent contre l'interdiction d’afficher des signes de soutien à Gaza]. Avant la guerre, on pouvait avoir un millier de supporters juste à l’entraînement et le stade était plein à tous les matchs. Ne plus pouvoir compter sur eux est le gros regret de cette fin de saison.
Al-Hussein a remporté le titre, comment analysez-vous cette saison 2023-2024 ?
Nous sommes la meilleure équipe de Jordanie sur les vingt dernières années. Nous avons eu de nombreux succès. Davantage que dans toute l’histoire du club et que n’importe quelle autre équipe du championnat, y compris Al-Faisaly. Nous sommes actuellement dans une situation difficile. Nous terminons l’une des pires saisons de l’histoire récente du club. Mais même dans ce terrible exercice, nous avons remporté la supercoupe en août en battant Al-Faisaly. Nous les avons dominés trois fois en quatre confrontations cette saison, ce qui n’est vraiment pas si mal.
Comment gagner de nouveau le championnat la saison prochaine ?
Nous avons eu des difficultés en début de saison. Pas mal d’erreurs ont été commises en dehors du terrain. Nous allons essayer de résoudre ces problèmes. Nous devons, par exemple, remédier à nos petits soucis financiers. Comme le dit notre directeur sportif, Ziad Chalabayeh : « le sport de haut niveau, c’est l’argent. » Lorsque nous aurons retrouvé une certaine forme de stabilité financière, nous pourrons envisager de gagner des trophées.