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Derrière les haies qui la séparent de l’allée centrale, rue de la Fourmi à la Robertsau, en plein cœur des jardins familiaux de l’Ameisenkoepfel, Céline s’active au ramassage des feuilles de son cognassier. La jardinière s’en sert pour pailler ses plantations pour l’hiver, afin d’éviter la pousse de mauvaises herbes. Avec 1057 parcelles, la Robertsau est le quartier le plus doté de Strasbourg en jardins familiaux. Ici, il faut attendre “plus de trois ans et demi en moyenne” pour en obtenir un, selon la municipalité.

J'en ai trop pour moi toute seule

Dans son potager aux couleurs de l’automne, Céline doit encore ramasser ses deux dernières courges. Là où il n’y a plus rien à récolter, elle a déjà retourné la terre en prévision de l’hiver. “On a eu 50 kilos de potimarron cette année!”, se réjouit-elle. Habitante du centre de la Robertsau, elle loue sa parcelle depuis huit ans et y passe environ dix heures par semaine avec son mari. Betteraves, haricots verts, pommes de terre, radis, navets, rhubarbes, pommes, poires, prunes, la liste est longue. S’occuper de cet espace de 300 m² lui permet d’être autosuffisante en légumes “pendant deux à trois mois après l’été”.

De l’autre côté de la Robertsau, au cœur de la Cité de l’Ill, Ednalva aussi utilise son jardin comme source principale de fruits et légumes: “[En été], je ne mange que ce que je fais pousser ici. J’en donne parfois à mes voisins, car j’en ai trop pour moi toute seule.” Elle explique s’être débrouillée en tâtonnant et en “faisant des expériences”. Témoins de l’arrivée de l’hiver, ses planches de cultures sont elles aussi recouvertes de feuilles mortes. Seuls les kiwis, camouflés dans leurs dernières feuilles, attendent patiemment d’être cueillis. Pour Ednalva, ce jardin est aussi un moyen de faire des économies: ce qu’elle produit en légumes, elle n’a pas besoin d’aller l’acheter au marché du mercredi au pied de la tour Schwab. Comme Céline, elle passe du temps à entretenir ses plantations, jusqu’à une heure et demie par jour en été. “Ça demande beaucoup de travail, mais c’est un travail qui fait du bien.” 

Isalia Stieffatre et Dorian Mao

Infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes : les soins à domicile pour les personnes âgées ont la cote. Foisonnante, l’offre libérale se développe pour répondre à la demande.

 

La Cité de l’Ill boude le dispositif Preccoss

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Du passé agricole, il ne reste désormais plus que les noms des rues ©Lisa Ducazaux et Louise Llavori

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Du passé agricole, il ne reste désormais plus que les noms des rues. ©Lisa Ducauzaux et Louise Llavori

Coincées à l'Ehpad Im Laeusch

La force du groupe nous fait presque oublier ce qui nous semblait encore insensé cinq minutes plus tôt: s’immerger dans une eau à 12 degrés. Malgré le froid saisissant, étonnement, personne ne fait demi-tour, pas même nous. La pente raide du fond de l’étang nous mouille jusqu’au torse rapidement. “À trois on met les épaules!”, lance Damien. Je prends mon courage à deux mains, bonnet en laine vissé sur ma tête, et je me mouille jusqu’au cou. À côté de moi, je vois Léna qui se tétanise. Impossible pour elle de s’agenouiller. Plus aucun bruit, hormis celui de nos respirations haletantes.

Les conseils de Thomas, pratiquant assidu, nous reviennent en tête: “Une fois dans l’eau, ne bougez plus pour conserver la pellicule de chaleur qui se crée autour de vous.” Difficile à appliquer: je n’arrive pas à retenir mes tremblements, dignes d’une crise de panique. En sortant de l’eau, Léna me confie qu’elle sentait ses muscles prendre feu.

Se rhabiller, un enfer

Mais le plus dur est encore à venir: le rhabillage. Les habitués enfilent leurs vêtements en seulement une trentaine de secondes. Pour nous, dix minutes sont nécessaires pour remettre nos culottes: nos mains gantées sont totalement engourdies. C’est vraiment à ce moment-là que le froid est le plus mordant. Bien qu’emmitouflées, nous voilà rêvant d’un épais plaid en moumoute. Nos compagnons de galère, le sourire en coin, nous tendent une tasse de thé avant de nous dire “à la semaine prochaine!” Pas si vite, j’ai toujours froid et Léna a encore l’impression d’avoir des blocs de glace à la place des pieds.

Camille Aguilé et Théo Renault

La cité des Chasseurs, avec ses pavillons en bois colorés au style scandinave, accueille de plus en plus de constructions modernes. Les habitants redoutent la disparition du charme de la cité, qu’ils considèrent comme leur "perle cachée".

 

Des ateliers culinaires une fois par mois

La Cité de l’Ill est l’un des premiers quartiers de Strasbourg ciblés par Preccoss lors de sa création en 2014. Une permanence mensuelle dédiée au suivi nutritionnel des enfants s’est installée au cabinet médical de la Cité de l’Ill, sans grand succès, jusqu’à son retrait en 2019. “Les gens ne venaient pas”, regrette Marie Druart, diététicienne à Preccoss, qui souligne la difficulté de s’implanter sur ce territoire: “La Cité de l’Ill c’est très village, très enclavé.” Au total, seuls 44 enfants sur les 972 passés par le dispositif sont issus du quartier. Malgré une faible demande, Preccoss organise toujours des ateliers culinaires une fois par mois, offrant la possibilité aux familles de repartir avec un panier de légumes bio.

  Louison Leroy et Audrey Senecal

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