« Je suis très bien là où je suis »
Dany Kretz est avocat à la retraite. Habitant de longue date de la Robertsau, il a acheté une maison en 1988 route de La Wantzenau, inspirée du style très marqué de la cité des Chasseurs (voir La cité des Chasseurs grignotée de l'extérieur). “Mais elle n’est pas construite en bois, je l’ai seulement recouverte de planches, pour qu’elle ait un aspect plus sympathique.” Il y a construit une véranda vitrée en 2015. Selon ses dires, Dany vit dans l’un des secteurs les plus changeants de la Robertsau: “Ici, on construit énormément. Dans le temps, la Robertsau était verte.” (voir Biodiversité : ça déménage au bois de Bussière) À quelques mètres de chez lui, Edifipierre a fait aménager un ensemble collectif de près de 80 logements. Le jardin de Dany donne sur un champ, qui accueillait autrefois un espace de libre cueillette. “Avant, je voyais le bois. Maintenant, l'atelier construit par mon voisin me le cache. Mais les chevreuils viennent encore”, sourit-il.
Certains stupéfiants, dont la présence avait déjà été relevée en 2013, ont gagné du terrain. "Moi, quand j’étais jeune, c’était un petit peu le cannabis et l’héroïne. Mais c’était dans un cercle fermé. Aujourd’hui, tu traverses la cité et on te dit: “Tu veux de la coke, de l’héro, du shit?”, avance Hervé. “Tout le monde sait qu’ici on trouve toutes sortes de drogues”, ajoute Yacine qui habite dans une barre et admet consommer du cannabis.
Apprivoiser le Rhin, plus d’un siècle de manœuvres
Les aménagements hydrauliques successifs réalisés sur le fleuve ont engendré la disparition des crues dans les forêts. L’endiguement du Rhin commence en 1817 et se termine en 1840, à l’aval de Strasbourg. À l'époque, trois raisons motivent cette décision : protéger les villages limitrophes, libérer de nouvelles terres cultivables, fluidifier la navigation et le commerce. Depuis cette date, la construction de différents ouvrages a progressivement diminué la surface des zones humides dans la région. Achevée en 1840 grâce aux travaux de l'hydrologue allemand Johann Tulla, la digue des hautes eaux, visible le long de la route du Glaserswoerth, réduit le “lit majeur” du fleuve. Il s’agit des zones potentiellement inondables lors des crues. Lorsque le débit augmente, il se heurte à la digue. Le Rhin étant un fleuve transfrontalier, les gouvernements français et allemands ont coopéré pour contenir son flux, notamment via des accords signés entre 1969 et 1982.
“On veut acheter votre terrain”
André Fuchs est lui aussi héritier, mais d’une famille bien plus ancienne. Il est le descendant du pêcheur Georg Fuchs, fondateur du lieu-dit Fuchs am Buckel, qui a vécu à la fin du XVIIIe siècle. Devenus par la suite des restaurateurs reconnus, ses ancêtres lui ont légué des terres au nord de la Robertsau. Aujourd’hui, André habite route de La Wantzenau, en face de la pagode vietnamienne Phô-Hien. Sur son terrain de 32 ares, l’ancien professeur d’histoire a fait construire une grande maison à la décoration baroque dans les années 70. Un patrimoine de plus en plus convoité: “Je reçois la visite d’au moins un promoteur par mois”, soupire-t-il. Les trois agences du secteur confirment la tendance, qui s’est accélérée depuis le premier confinement. “Ici, on note une augmentation de près de 8% du prix des biens en 2020”, confie un employé d’ASI (Agence Strasbourg Immobilière).