CINÉMA D'EXCEPTION

Identité française sauvegardée

Le modèle d'exception culturelle a notamment pour objectif de sauvegarder l'identité cinématographique française. Nous avons examiné la production et les entrées chez les cinq pays les plus producteurs de l'Union européenne : Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Espagne, et en tête, la France.

Par son système d'aide, et une tradition cinématographique très importante, cette dernière est depuis longtemps en tête de la production européenne. Si l'Italie a eu elle aussi un passé prestigieux, la crise de son modèle dans les années 1970 a fait baisser la production. Elle reprend peu à peu ces dernières années, entre cinéma plus orienté art et essai, et succès nationaux inexportables.

Le cinéma espagnol, après avoir subi les effets de la crise en 2011-2012, a repris sa production : il est principalement porté à l'étranger par des grands noms comme Pedro Almodovar. L'Allemagne et le Grande-Bretagne, enfin, ont une tradition cinématographique moins importante, le 7e art jugé mineur derrière l'opéra pour l'un et le théâtre pour l'autre. Outre-Rhin, les fonds privés de financement préfèrent investir dans le cinéma américain, jugé plus rentable. La Grande Bretagne défend des positions plus libérales que le reste de l'Europe, moins intéressée que la France par la défense du cinéma national. Aujourd'hui, le pays est moins intéressé par la production -dont une grande partie est dédiée à la télévision- que par la délocalisation de tournages hollywoodiens dans ses studios de Pinewood.

On constate en observant les chiffres de la production que la France est le premier producteur d'Europe. C'est aussi le pays, des cinq principaux producteurs, qui parvient le mieux à garantir une place à sa production nationale. En effet, c'est le seul de ces pays où la part de films français dans les entrées (44%) est quasiment égale aux entrées des films américains (45%). Partout ailleurs, les films américains occupent la majeure partie du marché. La système français lui permettrait donc de garantir une place aux films nationaux.

Concurrence entre films nationaux et films américains : seule la France fait le poids

France : 205,6 millions d'entrées au cinéma en 2014

Italie : 100,2 millions d'entrées au cinéma en 2014

Royaume-Uni : 165,5 millions d'entrées au cinéma en 2014

Allemagne : 121,7 millions d'entrées au cinéma en 2014

Espagne : 87,4 millions d'entrées au cinéma en 2014

Le choix du public semble se porter plus facilement sur les films américains

Cette observation est à nuancer, comme le montrent les deux graphiques qui suivent. Ils sont interactifs : vous pouvez donc cliquer sur une catégorie de films afin de la sélectionner ou de la déselectionner. Vous pourrez ainsi retrouver ce ratio entre films français et films américains dans les entrées, quasiment égal ces dernières années. Pourtant, en observant les films projetés chaque année (aussi bien en première diffusion qu'en ressortie), on constate que le nombre de films français est bien supérieur au nombre de films américains.

Le modèle français garantit une place de choix à la production nationale dans les films projetés. Mais le public ne suit pas toujours, les parts de marché s'équilibrant dans les entrées. Cette préférence du public fait partie des différents obstacles de la diffusion, que nous aborderont dans la suite.