17 février 2025
Escalade de violence en RDC : l’UE invitée à suspendre ses accords avec le Rwanda
Les eurodéputés appellent l'Union européenne à suspendre les accords passés avec le Rwanda. En cause, l'escalade de violence à Goma, ville située à l’est de la République democratique du Congo où le groupe paramilitaire du M23 soutenu par Kigali, renforce son contrôle depuis le début de l’année. “Nous devons adopter des sanctions pour frapper là où ça fait mal”, soutient Hilde Vautmans, membre du groupe parlementaire Renew (centristes, libéraux).
Le premier protocole d’accord entre Bruxelles et le Rwanda a été signé il y a un an. Il garantit l’approvisionnement en matières premières (Or, lithium, niobium…). Celles-ci sont utilisées pour la fabrication de smartphones et de batteries pour les voitures électriques. L'objectif étant de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine. En échange, l'Union européenne apporte un financement destiné à développer les infrastructures minières du pays. Mais cet accord suscite des controverses. Des députés écologistes dénoncent l’exploitation des enfants dans ces mines. En 2024, l’UNICEF annonçait que plus de 350 000 enfants sont concernés.
Outre cet accord, l’Union européenne a aussi adopté des mesures d'assistance à l’armée rwandaise pour lutter contre le terrorisme au Mozambique. “Le Rwanda envahit le Congo et nous, on envoie encore des armes au Rwanda ?” s’interroge Marc Botenga du groupe parlementaire (The Left, extrême-gauche), qui appelle à suspendre cet accord et à imposer “un embargo militaire” au pays dirigé par Paul Kagamé.
Hady Minthé
Le gouvernement géorgien de nouveau mis sous pression par Strasbourg
Une fois de plus, le Parlement européen tire la sonnette d’alarme sur la détérioration de la situation politique du pays. À Tbilissi, les manifestations pro-européennes pour les droits civiques et la démocratie durent depuis plus de cinquante jours. Une crise provoquée par la victoire aux élections législatives du parti pro-russe Rêve Géorgien, malgré des soupçons importants de fraude. “Ne vous contentez plus de mots, ne laissez pas Poutine kidnapper une nation européenne de plus sans réagir,” a exhorté Raphaël Glucksmann, député européen S&D. La Russie contrôle déjà 20% du territoire géorgien : la république autonome d’Abkhazie et l’ancienne région autonome d’Ossétie.
Les parlementaires européens, à l’exception des extrêmes, ont tous réclamé l’organisation de nouvelles élections indépendantes face au régime qui accentue la répression sur les manifestants.
Plus de 400 Géorgiens ont déjà été arrêtés. “Les violences contre la population, l’opposition politique et la société civile continuent de s’intensifier,” déplore Rasa Juknevičienė, députée lituanienne du PPE. D’autres parlementaires dénoncent l’agression de Giorgi Gakharia, un des leaders de l’opposition par des partisans du régime.
Le Parlement réitère également sa demande d’imposer des sanctions contre l’actuel chef du parti Rêve Géorgien, Bidzina Ivanishvili, et le gel de ses avoirs dans l’UE. L’oligarque est accusé de jouer un rôle dans la “détérioration du processus politique en Géorgie”. Depuis le 28 novembre, les autorités géorgiennes ont suspendu le processus d’adhésion du pays à l’Union européenne, dénonçant le “chantage” d’eurodéputés.
Jade Santerre