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Conflit d’intérêts : la Commission sommée d’agir


20 mai 2021

Ce mercredi 19 mai, le Parlement européen a interpellé la Commission sur les conflits d’intérêts du Premier ministre tchèque Andrej Babis. Les députés demandent plus de transparence et de contrôle dans l’allocation des fonds européens. 

« Babis ne peut pas être à la fois un oligarque, un Premier ministre et le plus grand bénéficiaire des fonds de l'Union européenne en République Tchèque », a martelé l'eurodéputé roumain Siegfried Muresan (S&D, sociaux-démocrates). Lors d’un débat organisé le 19 mai, les eurodéputés ont interpellé la Commission sur les conflits d’intérêts du Premier ministre tchèque, Andrej Babis. Celui-ci a fait fortune grâce à sa holding Agrofert, leader de l’agro-alimentaire dans son pays. Entré au gouvernement en 2017, il avait alors annoncé renoncer à la propriété d’Agrofert. Cependant, en 2018, des documents révèlent qu’il est dans les faits toujours à la tête du conglomérat et, qu'en tant que Premier ministre, il aurait influencé l’attribution de subventions européennes en sa faveur. En 2019, l’Union européenne a demandé le remboursement de 17,4 millions d’euros de fonds européens ainsi mal perçus. 

Divers audits et missions d’observation de la Commission et du Parlement européen ont mis en avant un problème plus global de manque de transparence sur les destinataires des aides européennes. Aujourd’hui, aucune législation ne permet de savoir qui sont les réels bénéficiaires des fonds européens : « nous sommes en train de travailler sur les bases de données pour mieux savoir qui ils sont, nous avons besoin d’un registre transparent », explique l’eurodéputé tchèque Tomás Zdechovsky (PPE, centre-droit). 

De son côté, l’eurodéputée allemande Monika Hohlmeier (PPE, centre-droit) regrette que « sur cette problématique qui est récurrente, on ne parvient toujours pas à s'entendre sur une réglementation solide ». Avec d’autres parlementaires, elle réclame la mise en place d’un mécanisme de contrôle plus strict pour éviter les conflits d’intérêts. 

L’ONG Transparency International EU partage les préoccupations des députés. Mais, pour le directeur adjoint de l’organisation, Nicholas Aiossa, « des mesures existent déjà et la Commission pourrait les utiliser pour augmenter la transparence. Il semble surtout y avoir un manque de volonté politique ». 

Depuis 2018, les députés européens adoptent des résolutions pointant les détournements de fonds agricoles en Tchéquie. « Nous sommes tous d’accord [au Parlement] : la Commission et les États devraient maintenant agir » estime Viola Von Cramon-Taubadel, députée allemande (Verts/ALE, écologistes). Le Parlement a prévu de voter une nouvelle résolution à ce sujet lors de la prochaine session plénière en juin, afin de presser la Commission à, enfin, passer à l’action.

Clara Pierré

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