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Émie Stervinou et Louise Rondel-Le Ninan
Selon le responsable de Moneytrans, les montants varient en fonction des pays et des périodes de l’année, notamment pendant les fêtes traditionnelles comme l’Aïd ou le Nouvel an vientnamien, où l’activité est plus intense. La société adapte alors sa stratégie marketing et fait baisser les frais de transaction. “En ce moment, les clients peuvent envoyer jusqu’à 200 € en Roumanie sans aucun frais”, détaille-t-il.
Avant la fin des années 2000, seul Western Union associé à La Banque Postale permettait d’envoyer de l’argent à l’autre bout du monde. L’arrivée de sociétés spécialisées comme Ria et Moneygram, ainsi que l’ouverture à la concurrence dans l’Union européenne en 2007, ont fait drastiquement baisser les coûts de transaction. Cette libéralisation a aussi ouvert la voie à des start-ups qui proposent des services dématérialisés. Il devient très facile, depuis son smartphone, d’envoyer de l’argent à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. Mais ces services en ligne supposent d’avoir un compte en banque, ce qui n’est pas toujours le cas des expéditeurs, et encore moins des bénéficiaires à l’étranger.
Pour Jean Werlen, conseiller municipal délégué aux cultes, le Quai 67 fait bien du prosélytisme en faveur de son Église. Cependant, l’élu n’y voit rien d’alarmant pour le moment. “On n’a pas eu de signalement de prosélytisme excessif, mais on y garde une attention toute particulière, car on sait qu’il peut y avoir un risque.”
Vêtu d’un marcel gris trempé de sueur et d’un short, Mattia enchaîne les “dips” [des exercices pour les triceps] sur l’agrès. L’activité physique est essentielle dans la vie de ce beau gosse italien de 26 ans, venu s'installer il y a un an rue de la Broque. L’étudiant transalpin utilise régulièrement ces barres et le banc métallique du square de la Laiterie. “Je ne me plains pas, en Italie on n’a pas tout ça. C’est agréable de pouvoir faire de l’exercice sans payer la salle.” Il reste toutefois des améliorations à apporter : “J’ai un ami avec qui je vais à Neudorf et là-bas il y a beaucoup plus de matériel pour s'entraîner.”
“Les spectateurs du Taps-Neudorf (Scala) ne viendront jamais au Taps - Laiterie, même si le spectacle est à 19 h”, insiste de son côté Sylvie Darroman. Pour tenter de remédier à la situation, la médiatrice propose le dispositif “Viens voir avec moi”. Il consiste à mettre en lien des spectateurs entre eux pour qu’ils soient accompagnés jusqu’au quartier Gare. Mais faute de visibilité, l’initiative ne rencontre pas le succès attendu. Même conclusion pour le quartier qui, malgré son potentiel et son public, demeure inanimé.
Il est aussi possible de réaliser des transferts internationaux via une banque, mais les virements sont plus longs (trois jours ouvrés) et plus coûteux. Christian envoie un peu plus de 1 000 euro; aux Philippines tous les mois, pour son entreprise. “Un virement bancaire me coûterait 33 €, alors qu’en agence, ils ne me prennent que 5 € de frais de transaction”, explique-t-il.
Mais selon Justin Dodson, “seules deux ou trois personnes ont rejoint l’Église depuis le début du projet. En fait, la foi, c’est ce qui nous pousse à aider notre prochain, mais ce n’est pas le cœur de ce dont on parle ici. Après oui, on en parle, comme quelqu’un animé par l’écologie le ferait, parce que ça fait partie de notre identité.”
En insistant auprès d’une autre bénévole, on apprend qu’une partie des fonds au moins provient d’organisations missionnaires telles que World Witness, qui emploie deux des intervenants du Quai 67. L’organisation se présente comme “l'agence des missions étrangères de l'Église ARP [l'Église presbytérienne réformée associée, également évangélique, ndlr]”. En somme, une structure qui vise à “établir des Églises” dans le monde, comme l’indique son site internet, autrement dit à répandre la foi chrétienne.
À la place de l’immense cour inoccupée du Taps et de l’Espace K, Ludivine Meyer rêve d’un terrassement, de verdure ou d’un bistrot. Quant à la rue, “une zone piétonne serait la bienvenue pour tous les lieux culturels”, confie-t-elle. Certains Strasbourgeois rechignent même à venir en journée. “Pour les ateliers théâtre, les parents ont peur de déposer leurs enfants dans le quartier”, rajoute-t-elle.