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Créée en 1927, la clinique Sainte-Anne est un acteur historique de la maternité à Strasbourg. Elle tend, à la suite de profonds bouleversements dans le monde des cliniques strasbourgeoises, à confirmer sa place de premier acteur privé dans ce domaine.
C'est en février 2017 que la clinique Rhéna, située dans le quartier du Port-du-Rhin, ouvre ses portes, fruit du regroupement de trois établissements confessionnels : les cliniques Sainte-Odile, Diaconat et Adassa. Cette dernière disposait d'une maternité de niveau 1, prenant en charge les accouchements sans risque identifié, transférée dans les locaux de Rhéna. Lors de cette fusion, 10 des 17 gynéco-obstétriciens de l'équipe d'Adassa, regroupés au sein de l'association des gynécologues libéraux Agyl, se décident à rejoindre les 16 praticiens de la clinique Sainte-Anne qui dispose d'une maternité de niveau 2 pouvant accueillir des bébés prématurés nés à partir de 34 semaines de grossesse.
Une délinquance à nouveau en hausse
« Après deux ans de baisse, on assiste, depuis 2018, à une augmentation de la délinquance », confirme Ingolf Grunwald, chef de la police de Kehl, tout en précisant que les chiffres de l'année ne sont pas définitifs. Les cas de vol à l'étalage, de coups et blessures et de violence envers des membres des forces de l'ordre semblent s’être accrus ces derniers mois. « En 2017, nous avions comptabilisé 650 vols à l’étalage. Cette année, nous avons atteint ce résultat dès septembre », déplore le chef de police.
Depuis de nombreuses années, ce type de délinquance est constitutif du quotidien kehlois. Ce phénomène, Ingolf Grunwald le met sur le compte de l’alcool, bien moins cher en Allemagne qu’en France. « En discothèque, les alcools forts sont à bas prix, et les soft gratuits. Voilà pourquoi les clubs frontaliers sont très prisés. Certains week-ends, ils peuvent accueillir près de 5000 clients », note-t-il. Et encore, ces chiffres n'incluent pas les amateurs de bars à chicha et de casinos, peu ou pas présents dans les villes de l’Hexagone. Sans affirmer que l’arrivée du tram à Kehl est la raison de cette recrudescence de la criminalité, le chef de la police établit tout de même une corrélation : « Même si on ne peut analyser précisément l’impact du tram sur la délinquance, on remarque tout de même une augmentation depuis sa mise en service. »
Le chef de la police reconnaît que 95% des coupables d’infractions à Kehl résident en France. De là à dire que les Français sont plus délinquants que les Allemands, il y a un pas qu'il se garde bien de franchir. « Cela vient du fait que Strasbourg est une grande ville. En comparaison, Kehl est une toute petite commune. Nous n’avons que 35 000 habitants ». Le maire de Kehl, Toni Vetrano (CDU), partage cette analyse : « Naturellement, la proximité avec la ville de Strasbourg impacte la criminalité à Kehl. Tout simplement parce que Strasbourg est une métropole densément peuplée. Si plus de personnes viennent, la probabilité de trouver, parmi eux, des gens mal intentionnés, est aussi plus importante. Qu’ils viennent en voiture, à pied, à vélo, ou en tram importe peu. »
À un an seulement des élections communales, la résurgence de cette thématique n’est pas anodine. Ces discours alarmistes ont permis au parti d’extrême droite AfD d’entrer en septembre 2017 au Bundestag et, le 14 octobre 2018, au parlement régional bavarois. Cela n’empêche pas les forces de l’ordre de prendre la situation au sérieux. La coopération policière franco-allemande, déjà existante entre Kehl et l’Eurométropole, sera développée dès la fin des travaux d'extension de la ligne D. «Dans les prochains mois, nous mettrons en place des patrouilles franco-allemandes dans le tram, annonce Ingolf Grunwald. Les patrouilles existantes, à pied, à vélo, ou en voiture, seront quant à elles renforcées ».
Florian Bouhot, Lucie Duboua-Lorsch et Pierre Griner
Le Centre de loisirs et de la jeunesse de la police urbaine du Neuhof existe depuis 1992. Chaque mercredi après-midi et pendant les vacances scolaires, deux policiers et deux animateurs accueillent les jeunes du quartier et des environs. Le but : briser les frontières entre les forces de l'ordre et la population.
La police de sécurité du quotidien, mesure annoncée en février 2018 par le gouvernement, devrait être appliquée au Neuhof dans les prochains mois. Des effectifs supplémentaires seront déployés dans le quartier, défini par l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, comme un des « territoires où la délinquance et les trafics ont augmenté de manière forte, où les habitants ont parfois peur de sortir de chez eux, de prendre le bus ». Mais les forces de l'ordre agissent déjà au Neuhof via un autre dispositif : le centre de loisirs et de la jeunesse (CLJ).
Dans cette association dirigée par un brigadier, les jeunes sont invités à s'inscrire à diverses activités organisées par la police: sortie à la patinoire, rencontre avec des personnes âgés dans les maisons de retraite, ateliers cuisine ou jardinage. Par exemple, dans une semaine, pendant les vacances de la Toussaint, le CLJ propose aux jeunes un « raid nature » sur trois jours.
Laurent Maix n'est pas un policier comme les autres. Directeur du CLJ de Strasbourg, il partage ses journées entre médiation auprès des scolaires, organisation d'activités et encadrement de jeunes. Ce passionné est conscient des difficultés du quartier mais tente, à son niveau, de changer les choses.
Vendredi 12 octobre, le groupe Anatolia a donné un concert à l’Espace Django-Reinhardt. Nous l’avons accompagné de la répétition générale jusqu’au début du concert.
Anatolia est un groupe de musique qui prend ses racines dans la musique authentique et populaire d’Anatolie, en Turquie. Créée en 2013 par Aytekin Babayigit, professeur de saz à l’école du CSC Neuhof, il est aujourd’hui composé de cinq musiciens, dont une soliste. Quatre d’entre eux sont ou ont été élèves du leader du groupe.
Sophie Wlodarczak et Stefanie Ludwig
Problème : ce parking payant souffre des places gratuites des rues alentour. Gratuit la première demi-heure, 0,80 € pour une heure, puis une augmentation dégressive du tarif : sans être excessif, son prix décourage et son taux d’occupation n’est que de 33% en moyenne à 10h. Il est boudé par certains patients, mais aussi par une partie des 1100 professionnels travaillant quotidiennement à la clinique, comme Johann. « J’avais payé mon abonnement au début, les trois premiers mois, mais le parking est trop cher. Maintenant, j’arrive très, très en avance, 30 minutes avant le début de mon travail pour trouver une place, parce que je n’ai pas envie de payer. »
Comme beaucoup d’autres, elle utilise donc le « réservoir » de 360 places gratuites disponibles autour de la clinique, qui est par conséquent saturé. Cette trop forte demande handicape directement les habitants et habitués du quartier qui peinent à se garer en pleine journée. « On galère à trouver une place gratuite, il y a un vrai manque », analyse Houssein, qui a réussi à ranger sa voiture sur un parking sauvage.
« Il n’y avait jamais eu de problèmes de stationnement ici avant. Mais depuis l’arrivée de Rhéna, les gens préfèrent se servir de la rue pour se garer, car c’est relativement facile de s’y mettre. » Anne-Véronique Auzet est membre du conseil citoyen du quartier. Elle a vu la situation y changer peu à peu et les protestations se multiplier. « Le soir, il y a plein de places, mais il y a des problèmes en journée. Ça crée des tensions. Les gens nous en parlent, râlent, et réclament des nouvelles possibilités de stationnement. »
Avec l’ouverture prochaine d’un Carrefour Express, rue de l'Abbé François-Xavier-Scherer, ces problèmes ne devraient pas se résorber. C’est en tous cas l’avis de Marie-Pia Meyer, gérante d’Au Port’Unes, structure historique du Port du Rhin, qui estime que le principal obstacle pour un commerce dans le quartier « reste le stationnement ».
Source : Rapport de Rhéna soumis au conseil citoyen
Pourtant, les alternatives ne manquent pas. À 700 m de la clinique, le parking du Jardin des Deux-Rives offre 400 places gratuites, mais peine à se remplir du fait de sa position excentrée. L’Eurométropole a également fait ouvrir un second parking de 800 places un peu plus distant, qui devrait être jalonné dans les prochains jours. De son côté, Rhéna avance sur le chantier de son parking en silo, dont la sortie est prévue pour la fin 2019, mais qui pourrait aussi pâtir de sa politique tarifaire.
Pour Angélique Paulus, correspondante de quartier pour la Ville de Strasbourg, le Port du Rhin ne « manque pas de places. Il y en a même trop, mais elles ne sont pas à côté de la clinique. On a actuellement 1100 places de disponibles continuellement. » La question du stationnement fait donc actuellement l’objet d’une étude à l’Eurométropole, afin de « trouver une solution adéquate pour tout le monde ». Parmi les solutions envisagées, la mise en place de zones bleues avec disques de stationnement, comme c’est déjà le cas actuellement devant la pharmacie du quartier, ou d’un système de stationnement résidentiel avec un abonnement mensuel.
Florian Bouhot et Corentin Parbaud
Le centre socioculturel de la Montagne Verte a participé à la semaine bleue du 8 au 14 octobre en organisant un loto-bingo pour les personnes âgées du quartier. Moi, étudiante de 25 ans, j’y ai participé pour essayer de comprendre la fascination pour ce jeu.
J’arrive quelques minutes en avance, à 13h57, et paie mes deux euros pour particper. Une vingtaine de personnes attendent déjà sur plusieurs rangées de tables: que des femmes. Le seul homme dans la salle, c'est François, salarié du centre socioculturel de la Montagne Verte, qui organise cet après-midi.
Je choisis la rangée de gauche, beaucoup plus remplie. Mais avant que je puisse parler avec mes voisines, François nous distribue à chacune deux grilles pour doubler nos chances de gagner, et après l’explication des règles, c’est directement le silence. Dommage, moi qui comptais faire connaissance et discuter avec d’autres habitants du quartier... Sur une douce musique de jazz, les femmes fixent leurs cartons et attendent, le jeton dans la main, que l’ordinateur sorte le premier chiffre. Ça ne rigole pas: tout le monde est au taquet pour gagner l’un des prix que les commerçants du quartier ont sponsorisés.
Au premier chiffre annoncé par l'ordinateur, Jeanne, 86 ans, lâche un gros soupir parce qu’elle n’a pas le bon. Tout de suite, une femme de l’autre bout de la table fait « Schhhh ! ». Visiblement, ici, on n’a pas le droit de parler, ni de soupirer. Les femmes autour de moi ont l’air très concentrées et sérieuses, alors je me retiens et place sagement mes jetons sur mes cartons. Au début, j’ai presque une ligne pleine, mais bingo, Yvonne Bacogne, présidente du centre socioculturel, a plus de chance que moi. Et gagne une belle tasse avec son protège-mug en crochet multicolore, que François lui apporte.
Pendant les deux parties suivantes, je frôle plusieurs fois le bingo d'une case, mais il y a toujours quelqu’un qui me double. J’ai déjà abandonné tout espoir quand tombe enfin, ô joie, la récompense tant attendue à la troisième partie. A mon timide « bingo », François accourt, tout sourire. J’ai peur de m’être trompée avec les chiffres, mais ouf, c'est bon. Pour moi, sur une grande table avec tous les cadeaux, il choisit... un gel douche à la verveine, et du chocolat noir.
Mon objectif étant atteint, la dernière partie n’arrive plus aussi bien à capter toute mon attention. Autour de moi, l'horizon des joueuses s'est rétréci et elles restent focalisées sur leurs cartons. Elles semblent avoir peur de manquer le chiffre qui sort: mais pourquoi, puisqu'il s'affiche à l'écran et qu'on peut même vérifier les cinq derniers? J'en déduis qu'elles ont pour la plupart gardé l'habitude de la machine de loterie, du temps où l'animateur ne prononçait le chiffre qu'une seule fois.
C'est la pause « café-Kuchen », avec des gâteaux faits maison et offerts par les adhérents du centre -la tarte aux pommes est excellente. Après deux heures sans parler, j'en profite enfin pour parler avec mes voisines -c'est plus sympa que de jouer au loto. Il y a Jeanne, la dame qui soupirait tout à l’heure, Irmgard, 73 ans et trésorière du centre, et Eliane, 84 ans, qui donne des cours de français langue étrangère au centre socioculturel. J'apprécie cet échange avec des personnes d’une autre génération. En revanche, j'avoue que pour jouer, je préfère les interactions et la tactique, plutôt que de rester assise en attendant que les bons chiffres sortent.
Melina Lang
18,8% des personnes résidant dans le quartier de la Montagne Verte ont plus de 60 ans. Ce taux monte à 20,3% à Koenigshoffen, alors qu’il est de 18,5 % en moyenne à Strasbourg. Etre senior dans les quartiers ouest, c'est osciller entre solitude et solidarité.
« La solitude des personnes âgées dans les quartiers ouest, c’est une réalité », lance Maurine Goulard, coordinatrice personnes âgées pour la Montagne Verte, Koenigshoffen et l’Elsau. Cette salariée de la Ville de Strasbourg tient une permanence à la Maison des aînés, au centre médico-social de la Montagne Verte, les mardis après-midi. Elle y accueille chaque semaine quatre personnes en moyenne : des hommes et des femmes âgés de plus de 60 ans, qui viennent chercher de l’aide ou une écoute. Ou des aidants, en quête de conseils et de soutien. La structure programme aussi des visites à domicile pour les personnes en perte d’autonomie et de mobilité.
« Entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018, 281 familles de Strasbourg ont été suivies par nos services », indique Maurine Goulard. Parmi elles, 206 personnes isolées, dont une grande majorité de femmes. Plus précisément, 48 familles à Koenigshoffen, et 57 rien qu’à la Montagne Verte.
Outre la ville, d'autres acteurs tentent de rompre l'isolement. C'est le cas des Petits frères des pauvres. Implantée à l’ouest depuis une trentaine d’années, l'association a déménagé son local de Cronenbourg à Koenigshoffen au mois de juillet. Depuis, le nombre de personnes qui assistent à ses permanences a triplé.
Se réunir pour rompre la solitude
Isolement ne signifie pourtant pas résignation, comme le montre le nombre d'associations à destination des seniors dans ces quartiers. La Montagne Verte accueille ainsi le plus grand club senior de la ville, riche d’un peu plus de 110 membres : l’association des retraités et seniors de la Montagne Verte.
Et l’avancée en âge et la retraite peuvent aussi être perçues comme de véritables opportunités. Avoir du temps pour soi, c’est aussi pouvoir s’adonner pleinement à ses loisirs. Prendre le temps de jouer ensemble, comme vendredi 12 octobre lors d’une après-midi loto-bingo organisé au centre socio-culturel de la Montagne Verte.
Ou pourquoi pas révéler son côté artiste. Marc Weber, dynamique photographe de 69 ans, en témoigne : « Je n’ai pas encore eu le temps de m’ennuyer depuis que je suis à la retraite. » Comme douze autres habitants des quartiers ouest, il exposait ses œuvres à Art seniors, le week-end du 13 et 14 octobre à la Montagne Verte. Une manifestation qui prouvait, encore une fois, que senior peut rimer avec âge d'or.