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L’écoquartier, achevé en 2018 et construit sur le terrain de l’ancienne brasserie Kronenbourg, peut favoriser ces plans. Ces nouveaux logements ont attiré une population plus jeune, aux besoins différents de ceux des vieux Cronenbourgeois. "Avant, Cronenbourg était un quartier dortoir, très ouvrier, raconte Fanny, 37 ans, habitante de l'éco-quartier. Maintenant, il y a des jeunes partout et les classes moyennes se sont installées. J'espère que ce sera le nouveau Neudorf", quartier de Strasbourg très prisé des classes moyennes. "Nous sommes dans une dynamique de rajeunissement et de modernisation. Il y a besoin d'un quartier qui vit, avec des écoles, des commerces pour satisfaire cette nouvelle clientèle jeune et familiale", explique Cécile Cansell, gérante de Magpresse Tabac du Centre, situé route de Mittelhausbergen. "C’est un quartier urbain qui se développe de manière positive, partage Julien Heuber, gérant du magasin de fleurs Heuber et compagnie, route de Mittelhausbergen. Depuis plusieurs années, on observe de beaux changements. Il y a de nouveaux commerces, une nouvelle population."

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De 5h à 8h30, les employés chargent et déchargent les camions de marchandises derrière l'entrepôt. © Chi Phuong Nguyen

Quand il n’était pas dans le jardin, Guy jouait dans le quartier avec d’autres enfants. Il se rappelle un événement qui lui a valu les foudres de son grand-père : “On allait sur les rails avec d’autres enfants, on y mettait des cailloux ou alors des pièces de monnaie pour les aplatir. Des trains de marchandises passaient. Mais une fois, les gendarmes sont venus chez mon grand-père. On s’est tous bien fait engueuler !”

En 1979, le grand-père de Guy décède. Afin que la maison reste dans la famille, il vient y habiter avec sa femme. Dans la foulée naît Julien, leur premier enfant : “Quand on est rentrés de l’hôpital, l’électricien faisait encore des travaux." Deux ans plus tard suivra Vincent, et enfin Charlie. Entretemps, le quartier a beaucoup changé. L’autoroute A4 est venue couper l’accès à Schiltigheim, rendant le quartier plus bruyant.

Un été, au début des années 1990, toute la famille se rassemble pour construire une piscine. Bricoleur, il transmet à ses enfants son passe-temps : “Ils allaient dans le jardin, ils faisaient des cabanes. Mes marteaux disparaissaient, j’en rachetais tout le temps. Il y en a sûrement qui sont encore enterrés aujourd’hui.”

Le 9 octobre 2019, l'Eurométropole de Strasbourg, l'État et l'Agence nationale pour la rénovation urbaine ont signé une convention pour la mise en œuvre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Cronenbourg est l'un des sept quartiers qui bénéficie du nouveau dispositif. Il vise à améliorer l'égalité sociale et urbaine des quartiers en difficulté en promouvant le développement économique et l'emploi, la cohésion sociale et l'amélioration du cadre de vie. Une concertation citoyenne a déterminé des pistes de travail, parmi lesquelles la volonté de maintenir les commerces de proximité existants et inciter de nouveaux commerces à s’implanter. Ce NPNRU vise "à améliorer les surfaces commerçantes déjà existantes, qui correspondent aux besoins de la population", résume Lucie Rigourd, chargée de mission commerce et développement local auprès de l'Eurométropole de Strasbourg.

Le Marché-Gare

  • Construit en 1964
  • 15 hectares
  • 60 000 m2
  • 37 grossistes et un restaurant "Au Marché Gare"
  • 900 employés permanents
  • 350 millions d’euros annuels de chiffre d’affaires
  • 39 643 passages de camions entre le 1er janvier et le 30 septembre 2019
 

Durant son enfance, Guy résidait au centre ville de Strasbourg avec ses parents et ses deux soeurs. Roger, son père, avait repris l’étude d’huissier familiale. Cependant, c’est au 7 rue de Kuttolsheim qu’ils passaient tous leurs week-ends. “On pouvait aperçevoir Shilick [Schiltigheim, NDLR] au loin”, se souvient-t-il.

Les réunions de famille étaient synonymes de détente, mais aussi de travail. Son grand-père lui faisait arracher les mauvaises herbes dans le jardin. "Qu’est-ce que c’était chiant ! se rappelle le retraité, sourire aux lèvres. Mais à 16h précises, c’était toujours pause tartines beurre et sucre, avec un verre de limonade.”

 

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Le président Franck Hachet fait partie du décor. Après avoir été adhérent de longues années, il est devenu président. © Claire Birague 

Grâce aux nombreuses photos d’archives gardées dans d’imposants classeurs et aux témoignages de ses aînés, Guy assemble les morceaux du récit familial, notamment ceux de la deuxième Guerre mondiale qu’il n’a pas connue. La famille Eberhardt possède une maison à Quiberon, en Bretagne. Au début de la guerre, elle s’y réfugie. “Avant de partir à Quiberon, mes grand-parents avaient enterré toutes les bouteilles de vin, pour que les Allemands n’en profitent pas” raconte Guy.  

C’est la demeure de Guy Eberhardt, 66 ans. Il y vit depuis 40 ans avec sa femme Patricia. C’est une maison de famille, au sens propre du terme. En 1932, son grand-père, Joseph Eberhardt, huissier de justice, l’a faite construire (voir photo).  Selon Guy, son grand-père fut “l’un des premiers à avoir une voiture privée à Strasbourg”.  À l’époque, ce qu’on appelle aujourd’hui le quartier de “l’ancien abattoir” ne comptait qu’une poignée de maisons. L’autoroute construite en 1972 à quelques centaines de mètres n’existait pas. Tout comme le Marché Gare, pôle majeur d’acheminement de la nourriture à Strasbourg, ouvert en 1965. Enfin, l’abattoir ne verra le jour qu’en 1968, avant d’être remplacé par l’enseigne Ikea en 1999. 

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