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Combat étudiant

Rester étudier à Clermont-Ferrand, après août 1940, malgré les injonctions allemandes, est une forme de résistance. Pour une partie des étudiants alsaciens, cela ouvrira la porte à un engagement plus actif. Le groupe Combat étudiant, dirigé par Jean-Paul Cauchy puis Georges Mathieu, est le principal groupe de résistance implanté à l'Université. La résistance universitaire prend plusieurs formes, de la diffusion de tracts à l'organisation d'attentats. Les jeunes résistants attaquent les réunions de jeunes collaborateurs à coups de boules puantes ainsi que les librairies qui proposent de la littérature pro-allemande. Gaston Mariotte et Jean Salomon sont de simples agents de liaison pour Combat étudiant. La clandestinité exige qu'ils ne connaissent ni leurs interlocuteurs, ni les documents qu'ils transportent.

Gaston Mariotte et Jean Salomon racontent leur rôle dans la résistance auvergnate.

« Au printemps de 1942, André Lévy, Julien Freund et des complices entreprirent un travail d'intimidation. Sur la machine de la faculté, ils tapèrent des lettres de menaces aux libraires qui mettaient en devanture des livres allemands ou des ouvrages prônant la collaboration. Exécutant leurs menaces, si les ouvrages n'étaient pas retirés, ils allaient de nuit briser les vitrines à coup de pavés. »

Jean Lassus, Souvenirs d'un cobaye, éditions Alsatia, 1973

Sur le plateau de Gergovie, au dessus de Clermont-Ferrand, une maison est construite avec l'aide des troupes du général de Lattre de Tassigny pour accueillir les jeunes Alsaciens qui y effectuent des fouilles archéologiques. Très vite, le chalet devient un refuge communautaire pour les jeunes isolés à Clermont.
Les étudiants alsaciens s'approprient ce chalet, au pied duquel, chaque jour, ils hissent les couleurs de la France en chantant « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine ». Ils passent Noël 1940 entre eux, avec Paul Valéry en invité d'honneur. Les autorités allemandes, mais aussi françaises, voient d'un mauvais œil la communauté naissante. Et pour cause : elle constituera un des centres de la résistance auvergnate.

Dans son livre de souvenirs, Jean Lassus évoque la constitution du groupe des Gergoviotes.
Extraits.

 

Changement d’état civil : Jean Salomon devient André Beaumont.

« Lorsqu'un étudiant évadé d'Alsace arrive à Clermont, il faut qu'il change d'état civil. Il en est de même, à plus forte raison, pour ceux qui se sont compromis et ont été repérés. (…)
Il est recommandé, au moment où on signe ses faux papiers, de se souvenir de son faux nom et de ne pas employer le vrai. Il vaut mieux ne pas coller une photo trop récente sur des pièces antidatées. Il convient de se faire teindre les cheveux avant de rédiger son faux signalement. Les lunettes noires sont à déconseiller. Elles attirent l'attention. (…) Et il vaut mieux savoir par cœur sa fausse identité avec tous les détails – quitte à oublier l'autre. Si on doit la décliner, il y aura danger, à quelque degré que ce soit. Et peut-être n'aura-t-on pas tout son sang-froid. (…)
Et il faut s'entraîner à ne jamais se retourner dans la rue, si quelqu'un vous appelle par votre vrai nom. » 

Jean Lassus, Souvenirs d'un cobaye, éditions Alsatia, 1973.

Rafle de la Gallia

La cité universitaire Gallia de Strasbourg est reconstituée dans une résidence rue Rabanesse, à Clermont-Ferrand. Les étudiants alsaciens y sont logés. Le 25 juin 1943, les soldats allemands investissent les lieux. La rafle de la Gallia est la conséquence directe de l'assassinat, deux jours plus tôt, de deux gestapistes au domicile du professeur Flandin, membre de Combat. Georges Raynaud, un résistant surnommé « Fernoël », est l'auteur de cette élimination. L'étudiant voulait rencontrer le professeur Flandin à son domicile. Il était tombé sur les deux membres de la Gestapo qui attendaient Flandin pour l'arrêter. Les 37 étudiants présents le 25 juin à la Gallia seront arrêtés, déportés à Compiègne, puis en Allemagne.

Tous les étudiants présents ce jour-là sont arrêtés par la Gestapo. Récit de cette nuit par André Lobstein.

Dans Témoignages strasbourgeois, paru en 1947, Paul Hagenmuller, résidant de la Gallia clermontoise, décrivait la panique provoquée par cette première rafle.
Extraits

La rafle du 25 novembre

Jeudi 25 novembre 1943 : la rentrée universitaire a eu lieu quelques jours auparavant. Le Sondern Kommando et 200 hommes de la Luftwaffe encerclent les locaux. Ils vident les amphithéâtres de l'Université et rassemblent 1200 personnes dans la cour de l'avenue Carnot. Un lycéen de 15 ans et un enseignant, le professeur Paul Collomp, sont assassinés. Dans la cour, Georges Mathieu, chef résistant passé du côté des nazis, et Ursula Brandt, surnommée « la Panthère », font le tri parmi les universitaires. Jusqu'à l'été 1943, Mathieu a réalisé de faux papiers, notamment pour les exilés alsaciens. Les gens qui ont bénéficié de ses services seront enfermés à la prison du 92e régiment d'infanterie, où un nouveau tri est effectué.

François Amoudruz, Armand Utz, Pierre Feuerstein racontent la journée du 25 novembre.

La déportation

Au lendemain de la rafle du 25 novembre, 110 personnes sont déportées. 36 seulement reviendront des camps de concentration. André Lobstein, Armand Utz, Gaston Mariotte, François Amoudruz en font partie.

Compiègne, Buchenwald, Dora... André Lobstein se souvient.

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