L'appel à cesser la grève du coach du RC Strasbourg, Liam Rosenior, n’a rien changé. Les Ultras sont restés silencieux pendant les 15 premières minutes du match contre Angers, mercredi 5 février. Dans les tribunes, les supporters regrettent ce manque d’ambiance mais comprennent les revendications.
Les Ultras n'ont pas encore annoncé s'ils continueront la grève le 9 février contre Montpellier, dernier de Ligue 1. Photo Louise Pointin
Fumigènes, chants d’encouragement, clapping. Jusque dans les dernières minutes, les Ultras strasbourgeois ont poussé leurs joueurs, menés dans le huitième de finale de Coupe de France contre le SCO d’Angers, mercredi 5 février. Le RC Strasbourg a été éliminé par le club angevin (1-3), aussi pensionnaire de Ligue 1. Des encouragements oui, mais à retardement du côté des Ultra Boys 90, principale association de supporters du Racing, et leader de la grève.
Comme lors de chaque match depuis le début de la saison, ils sont restés silencieux jusqu’à la quinzième minute, en signe de protestation contre la politique de BlueCo, propriétaire du club depuis 18 mois, qui détient aussi le club anglais de Chelsea. Avec cette grève, ils s’opposent à cette multipropriété qui est en train, selon eux, de détruire l’identité du club alsacien. “Le Racing est devenu la réserve de Chelsea. Marc Keller (NDLR : le président du club) nous a promis un club différent et familial. Force est de constater qu’il est différent, mais pas dans le bon sens”, explique Kévin, porte-parole du Kop Ciel et Blanc, groupe qui fait aussi le silence au début de chaque rencontre.
Des interventions du club inefficaces
Le match est à peine lancé que Stéphane, assis en tribune Est et supporter du Racing depuis plus de trente ans, soupire. “Entre les travaux d'agrandissement du stade qui vident toute une tribune et cette grève, ce n’est plus la même ambiance à la Meinau cette saison.” À la quinzième minute, il retrouve le sourire et brandit son écharpe bleue et blanche. Le premier but strasbourgeois, alors qu’Angers avait ouvert le score à la deuxième minute, concorde avec le début des encouragements. “Le combo parfait”, selon lui. “Avant c’était comme ça pendant tout le match, ça nous manque un peu”, regrette-t-il en voyant la tribune ouest allumer les premiers fumigènes et entonner les premiers chants de la soirée. Sans accuser les Ultras, dont il soutient les revendications, il espère qu’il y aura des vraies discussions entre le club et les associations pour mettre fin à cette grève et “retrouver la Meinau d’avant”.
La dernière rencontre des huitièmes de finale de Coupe de France est prévue ce jeudi 6 février, entre le FC Bourgoin-Jallieu et le Stade de Reims. Photo Louise Pointin
Cette Meinau d’avant, la direction aussi voudrait la retrouver. Depuis fin janvier, le club a multiplié les appels à cesser la grève. L’entraîneur Liam Rosenior, en conférence de presse à la veille du match contre Angers, le mardi 4 février, a demandé aux supporters “de montrer leur mécontentement d’une autre manière. Cela pourrait faire la différence pour aller jusqu’au bout de la compétition en coupe de France et jouer les places européennes." Cette déclaration n’a pas eu plus d’effets que celle du capitaine Habib Diarra après la victoire contre Lille le 25 janvier, ou celle du président Marc Keller, le 27 janvier.
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“On a bien vu que les encouragements faisaient toute la différence. Ils ont marqué quand la tribune ouest ne chantait pas”, ironise Sabine, 45 ans, après la rencontre. “L’équipe manque d’expérience, on a que des jeunes qui ne sont pas habitués à jouer ensemble”, analyse Mathis, 21 ans. Dans le stade, beaucoup de supporters, comme Mathis, soutiennent cette grève sans pour autant y participer. “C’est une réaction normale, BlueCo détruit peu à peu l’identité du club. J’ai déjà fait plusieurs matchs dans le kop, c’est des amoureux du Racing et ils veulent se battre pour conserver son identité.”
D’autres comprennent les revendications, mais s’interrogent sur l’utilité de poursuivre cette grève. Yohann, 18 ans, trouve que c’est une bonne initiative, mais se demande si c’est la bonne manière de faire. Poursuivront-ils ce mouvement dimanche 9 février face à Montpellier ? Les groupes de supporters n’ont rien confirmé pour l’instant.
Louise Pointin
Édité par Yves Poulain