Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine Le Pen. (Photo : AFP)
Jean-Marie Le Pen s'est dit favorable, ce jeudi, à des alliances "au cas par cas" du Front national avec des candidats UMP lors des prochaines élections départementales qui se tiendront dans un mois et demi. Un choix qui ne fait pas l'unanimité au sein du parti.
Le FN pourrait s'allier à certains candidats UMP lors des prochaines élections départementales. C'est l'idée défendue par Jean-Marie Le Pen, interrogé ce jeudi sur les ondes de RTL. Mais pas à n'importe quel prix. Le président d'honneur du parti pose ses conditions : les candidats UMP devront accepter quelques "obligations" déterminées en bureau politique par le FN. Parmi elles, ce qu'il appelle les "grandes lignes du Front national" à savoir "l'immigration, la sécurité, le chômage et la dette".
Un appel du pied une nouvelle fois rejeté par Nicolas Sarkozy. Invité ce jeudi matin sur Europe 1, l'ancien chef de l'Etat a de nouveau exclu toute alliance de l'UMP avec le Front National. "Une voix pour Madame Le Pen est une voix pour la gauche", a-t-il martelé, prévenant que "tout responsable UMP qui conclura un accord avec le Front national sera(it) immédiatement exclu".
Le sujet n'est pourtant plus tabou, depuis longtemps, dans les fédérations frontistes. Localement, ce type d'alliances électorales n'est pas rare ces dernières années. Il s'agissait, jusqu'alors, majoritairement d'accords de désistements réciproques entre candidats UMP et FN aux élections municipales ou régionales. Aux dernières municipales, en mars 2014, les listes FN et UMP avaient fusionné à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et à L'Hôpital (Moselle). Le FN avait également apporté son soutien à une liste divers droite de Sevran (Seine-Saint-Denis).
Des sympathisants favorables
Loin d'être tranchée, la question des alliances avec la droite divise le parti frontiste. Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard se sont d'ores-et-déjà prononcés pour des alliances avec des candidats UMP aux élections municipales de 2014 arguant que l' "on peut passer très facilement de l'UMP au FN". Si la majeure partie des cadres du parti y semblent favorables, impossible pour Marine Le Pen d'envisager une alliance avec l'UMP. La présidente du FN qui fustige l'hydre à deux têtes "UMPS" a affirmé à plusieurs reprises qu'il est impossible de "s'allier avec des gens avec lesquels on est en désaccord total". Désaccord, qui s'efface à l'échelle locale. L'UMP ne paraît pas plus enclin à s'unir au parti de Marine Le Pen. François Fillon a déclaré, ce jeudi sur BFMTV, qu'il voterait "bien sûr, sans aucune hésitation" pour le PS en cas de duel PS-FN au second tour de l'élection présidentielle. Ajoutant même que le programme du FN est "absurde". Il s'agit, selon lui, d'une "sorte de mélange entre l'extrême gauche et l'extrême droite qui ne peut conduire qu'à la catastrophe économique. C'est un danger qui doit à tout prix être écarté".
Si les chefs de file des deux partis se déchirent sur d'éventuelles alliances, leurs électeurs y semblent plutôt favorables. Selon le dernier sondage de l'institut CSA pour le site Atlantico sur la question, publié en mars 2014, 66 % des sympathisants du FN appellent de leur vœux de telles alliances, 19 % sont contre et 15 % ne se prononcent pas. Une approbation partagée du côté des sympathisants UMP.
Maud Lescoffit