Jean-Sébastien Raul est médecin légiste à l'Institut de médecine légale de Strasbourg. Contacté par Webex, il explique comment se décompose un corps.
Samedi 11 février, le squelette d'un octogénaire probablement décédé en avril 2009 a été découvert dans un appartement du quartier de l'Esplanade, à Strasbourg. L'alerte a été donnée par une voisine qui habite juste en dessous, inquiétée par le bruit incessant d'une radio. Une enquête est actuellement en cours et le Parquet a demandé un examen du squelette pour écarter toute hypothèse criminelle.
Combien de temps dure la décomposition d'un corps humain?
La décomposition dépend de l'environnement. En extérieur, il faut compter entre six mois et un an pour que les larves et les animaux dégradent un cadavre. Dans un appartement, cela prend entre un et deux ans. Dans ce cas, le corps va d'abord se momifier avant de devenir squelette. Et s'il y a une ouverture dans la pièce, les mouches peuvent pondre sur le corps et ce sont les larves qui dégradent le cadavre.
Peut-on être alerté par les odeurs qui se dégagent?
Pas nécessairement. Il n'y aura d'odeur que si l'atmosphère est confinée. Avec une fenêtre ou une ouverture, l'odeur s'échappe. S'il n'y a pas de vis-à-vis, on peut ne rien sentir, surtout en hiver. De plus, les odeurs ont tendance à monter et la sensibilité olfactive est différente selon les personnes.
Y a-t-il des risques sanitaires pour les personnes vivant à proximité?
Non, dans la mesure où les virus et les bactéries se dégradent rapidement. Seuls la peste et le choléra sont dangereux, mais il faut pour cela que la personne décédée ait été contaminée avant de mourir.
Comment définit-on les causes de la mort à partir d'un squelette?
Lors de l'examen du corps, le médecin cherche des traces de traumatisme et des lésions osseuses. Il peut ainsi déterminer s'il y a eu des plaies causées par une arme à feu.
Ce genre d'affaire est-il fréquent?
Malheureusement oui. Avec la solitude, il arrive que des personnes isolées soient retrouvées à leur domicile six mois, voire un an après leur décès. Le courrier s'accumule et les voisins finissent par s'inquiéter et prévenir la police.
Propos recueillis par Marine Daviller
(Crédit photo bandeau : CC Flickr/Cea)