Face à l'enlisement de la guerre civile en Syrie, François Hollande annoncait ce matin que 24 000 réfugiés politiques seraient accueillis en France d'ici 2017, et que des vols de reconnaissance commenceraient dès demain au-dessus du territoire syrien, en vue de préparer des frappes aériennes.
François Hollande a tenu la sixième conférence de presse de son quinquennat
Crédit photo : Présidence de la République
Sujet brûlant de cette rentrée 2015, l'accueil de réfugiés politiques dans l'Union Européenne était au devant des annonces de François Hollande ce matin lors de sa sixième conférence de presse à l'Elysée.
Parmi les 120 000 migrants que la commission européenne souhaite répartir en Europe pour les deux années à venir, François Hollande s'est engagé à accueillir 24 000 réfugiés politiques en France. Le président a insisté sur sa volonté de mettre en place des centres d'accueil au niveau des frontières européennes. Une mesure « permanente et obligatoire », pour inscrire, identifier et orienter ces migrants en fonction de la répartition fixée entre les pays européens. Cette mesure vise aussi à reconduire dans leur pays ceux qui ne correspondent pas aux critères établis.
Le caractère « fondamental » du droit d'asile a été souligné par François Hollande, qui en appelle au concours des pays d'origine et de transit des migrants au sein de l'Union. Pour cela, il a proposé l'organisation à Paris d'une conférence internationale sur l'accueil des réfugiés politiques. Une priorité pour sauvegarder l'intégrité de l'espace Schengen, contre l'élévation de frontières nationalistes au sein de l'UE. Il a aussi relié ce droit d'asile à ce qui fait selon lui partie de « l'âme » et de « l'histoire de la France ».
Cette mesure d'accueil s'adresse particulièrement aux citoyens syriens. Ils fuient massivement leur pays depuis le début de la guerre civile en 2011. En plus de l'accueil des réfugiés, François Hollande s'est dit prêt à engager des frappes militaires contre l'organisation Etat islamique en Syrie. « Dès demain, des vols de reconnaissance seront menés au dessus de la Syrie », a-t-il déclaré. Des vols d'observation visant à identifier les lieux de commandement et d'entrainement de l'organisation islamiste. « Une fois les informations recueillies, nous seront prêts à lancer des frappes », a annoncé François Hollande, en précisant que l'équipement militaire utilisé sera celui actuellement mobilisé en Irak dans le cadre de la mission Chammal.
Le président a en revanche exclu l'idée d'une intervention armée au sol, qui constituerait selon lui une « action d'occupation [...] irréaliste et inconséquente ».
"Nous devons parler avec tous les pays qui peuvent favoriser une transition politique en #Syrie" #ConfPR
— Élysée (@Elysee) 7 Septembre 2015
Interrogé sur la position de la France vis-à-vis de Bachar al-Assad, François Hollande a souligné que « rien ne doit être fait pour consolider sa position », car « la transition politique [syrienne] passe par son départ ». Le président français juge Bachar al-Assad « responsable » de la crise actuelle.
A propos des pays opposés à l'accueil de réfugiés (Hongrie, Slovaquie, République Tchèque), François Hollande les a invités à se souvenir de l'attitude européenne lors de l'éclatement du bloc soviétique : « Qu'auraient-ils pensé si on leur avait dit "non"? Restez où vous êtes, prenez votre temps ».
Pour affirmer sa solidarité envers les pays les plus touchés par l'afflux de réfugiés syriens (le Liban : plus d'un million de migrants pour cinq millions d'habitants, et la Turquie : 2,2 millions de migrants pour 75 millions d'habitants), François Hollande se rendra au Liban en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, en octobre, pour visiter un camp de réfugiés et rencontrer les dirigeants du pays.
Théau Monnet