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Par : Nicolas Grelier

Chaque jour, les balayeurs sortent avant l’aube pour maintenir la propreté des rues de leur ville. À Strasbourg, Guillaume* et Toufik* racontent leur quotidien rythmé par des insultes fréquentes, la satisfaction du devoir accompli et des rencontres nocturnes insolites. Les deux balayeurs livrent également un témoignage poignant sur la condition de balayeur.

*Les prénoms ont été modifiés

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Balayeurs ou stars de cinéma ? 

Interroger des balayeurs de rue. L’exercice peut, à première vue, semblé aisé. La réalité est tout autre. Les balayeurs de Strasbourg sont rattachés à l’Eurométropole qui verrouille leurs paroles. Après être entré en contact avec la communauté de commune strasbourgeoise, près d’un mois avant notre semaine de bouclage, j’ai néanmoins obtenu un rendez-vous à Koenigshoffen où se réunissent, chaque matin, les équipes chargées de la propreté du centre ville. On m’a néanmoins précisé que je ne serai pas autorisé à enregistrer des interviews avec les agents et qu’ils étaient soumis un devoir réserve. On m’a même expliqué qu’avec les élections municipales qui arrivaient je devais comprendre que rien ne devait être laissé au hasard dans la communication de la Ville. 

Afin d’avoir accès à des balayeurs, j’ai donc dû me tourner vers des syndicats. Une solution de repli fructueuse puisqu’en moins d’une semaine je suis parvenu à rencontrer deux balayeurs. Mes interlocuteurs se sont montrés très coopérants, mais j’ai toutefois dû garder leur identité secrète en utilisant des noms d’emprunt. Les deux entretiens se sont déroulés à l’intérieur. Le devoir de réserve des balayeurs ne m’a pas permis de les interroger pendant leur travail, ce qui aurait donné plus d’épaisseur à mon documentaire sonore. 

Dans ces conditions, réaliser des photos d’illustration pour mon podcast a été également compliqué. Après avoir sympathisé avec des balayeurs dans la rue, je leur ai demandé si je pouvais les prendre en photo, mais ils m’ont expliqué qu’ils n’avaient pas le droit et que s’ils acceptaient, ils s’exposaient à une amende conséquente. J’ai ensuite voulu prendre leur camion en photo mais, là aussi, ils auraient été exposés à des sanctions. Ils m’ont finalement autorisé à prendre un gros plan de la benne de leur camion où se trouvait un balais et quelques déchets.

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