Malgré une rencontre avec la direction le mardi 4 février 2025, les étudiants de Sciences Po Strasbourg poursuivent leur mobilisation contre le partenariat avec l’université Reichman. Face à une réponse jugée insuffisante, le blocage est reconduit.
Cinq étudiants ont été choisis pour discuter avec la direction du partenariat entre l’école et l’université israélienne Reichman. Photo : Paul Ripert
« Si jamais à 18 heures on n'est pas sorti, appelez quelqu’un. » Il est 10 heures ce mardi 4 février 2025, et cinq étudiants de Sciences Po Strasbourg franchissent les portes du Cardo, le grand bâtiment noir et or de l’école. Ils ont été choisis pour discuter avec la direction du partenariat entre l’établissement et l’université israélienne Reichman, un sujet qui cristallise les tensions depuis six mois. La semaine dernière, le conflit a pris une nouvelle tournure avec le blocage de l’établissement, contraignant la direction à fermer Sciences Po Strasbourg et à basculer les cours en ligne.
Dehors, une quarantaine d’étudiants se réchauffent autour de cafés et de pains au chocolat. Beaucoup sont mobilisés chaque jour depuis plus d’une semaine et gardent en tête l’intervention des CRS vendredi dernier. « Nous étions en train de donner une formation sur la gestion de l’eau à Gaza pour illustrer la colonisation israélienne, et les CRS sont entrés pour nous déloger, raconte Rosa, étudiante à Sciences Po. C’est une image forte qui veut tout dire. »
Des revendications rejetées
Les étudiants exigent trois choses : la fin immédiate du partenariat avec Reichman, l’arrêt de la répression et la création d’un comité éthique pour examiner tous les partenariats. Des demandes d’autant plus sensibles que l’école avait déjà voté la fin de cet accord en juin 2024, avant que le directeur ne le rétablisse en décembre.
Vers midi, les cinq étudiants ressortent du bâtiment, le visage fermé. « On n’en peut plus, mais il va falloir se remobiliser », souffle Simon, porte-parole du mouvement. Le communiqué publié dans la foulée par Sciences Po Strasbourg indique que la direction est prête à créer un comité d’évaluation des partenariats et que « la levée du blocage conduirait de facto à l’absence de nouvelles interventions policières ». Elle propose également une commission paritaire mixte pour examiner le partenariat avec Reichman, composée de cinq experts extérieurs.
L'assemblée générale a voté pour continuer le blocage, malgré la mise en garde de la direction qui n'hésitera pas à appeler la police. Photo : Paul Ripert
Une nouvelle Assemblée générale prévue vendredi
L’Assemblée générale, sceptique face à ces propositions, maintient la mobilisation. Si elle accepte un comité d’examen, elle exige qu’il couvre tous les partenariats, pas seulement les renouvellements. Elle refuse aussi la commission paritaire, perçue comme une manière d’externaliser la décision.
« Toutes les données sont déjà rassemblées dans un dossier constitué {NDLR : par des étudiants et enseignants} en juin et enrichi en décembre, avec des études et des articles montrant les liens entre Reichman et le génocide en cours. Mais pour la direction, cela ne prouve pas que l’université est complice de la guerre », déplore Rosa.
L’Assemblée a voté une nouvelle réunion vendredi à midi et l’organisation de tables rondes sur la situation à Gaza. « Je suis déçue par la direction, qui ne voit que l’impact négatif des blocages sur l’image de Sciences Po Strasbourg », regrette Annaëlle, étudiante en master. De son côté, la direction affirme continuer d’explorer « des voies de sortie de ce conflit dont elle tiendra informé l’ensemble des personnels et des étudiants de l’école ».
Mis à jour mercredi 5 février 2025 à 17h30, suite au communiqué de la direction de Sciences Po Strasbourg.
Paul Ripert