Vous êtes ici

L'actu du mercredi 15 février en bref : gagnants de l'Eurovision, militants kurdes, semi-conducteurs et satellites européens


17 février 2023

 

Des rappeurs ukrainiens au Parlement européen

Le groupe de rap ukrainien Kalush Orchestra, vainqueur de l’Eurovision 2022, s’est rendu au Parlement européen. Pour Sabine Verheyen, présidente de la commission sur la Culture et l’Éducation, “c’est plus qu’un symbole, c’est la preuve que l’Ukraine et sa culture font partie intégrante de l’Europe”. Le groupe a gagné la 66e édition du concours en mai 2022. Leur chanson Stefania, dédiée au peuple ukrainien, avait reçu un nombre record de votes de la part du public. 

Les sept membres du groupe ont donné une conférence de presse au cours de laquelle ils ont révélé que leur nouveau titre Changes sortirait en mars. La chanson, qui se veut pleine d’espoir, est dédiée aux changements qu’ils aimeraient voir en Ukraine. Oleg Psyuk, leader du groupe, explique : “s’il existe des événements dont nous pouvons changer le cours, nous avons le devoir de le faire”. Ils sont actuellement en tournée en Europe et en Amérique du Nord, l’occasion pour eux de “soutenir la langue ukrainienne et de montrer au monde entier que cette musique a sa propre identité”.

[ Plein écran ]

Le groupe Kalush Orchestra a gagné le concours de l'Eurovision 2022. © Clara Grouzis

L’Ukraine ne pourra pas accueillir la prochaine édition de l’Eurovision en 2023 à cause de la guerre. Le show aura lieu au Royaume-Uni mais Oleg Psyuk espère que “l’identité ukrainienne sera quand même présente visuellement”. Leur visite au Parlement s’est achevée sur un concert privé, donné le soir aux eurodéputés. Le but de leur visite : “rencontrer des personnes qui pourront nous soutenir”, confient-ils.

 

Irruption de militants kurdes dans l’hémicycle : la sécurité en question

Peu avant midi, une douzaine de manifestants kurdes ont semé le trouble dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. Au dernier étage, dans la tribune des visiteurs, ils ont brandi des drapeaux jaunes avec la photo du leader kurde Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie depuis 24 ans, afin de commémorer l'anniversaire de sa détention. Cinq d’entre eux ont enjambé la balustrade et menacé de se jeter dans le vide.

La session a été interrompue pendant trois heures, le temps que la présidente Roberta Metsola et d’autres eurodéputés négocient avec les militants.

La plénière a pu reprendre à 15 h, mais les tribunes public et presse sont restées fermées ; seuls les députés ont pu retourner dans l’hémicycle. Roberta Metsola s’est adressée à ses collègues. “Ce Parlement se bat pour la liberté d’expression et le droit à manifester mais ce n’est pas ainsi que l’on bénéficie de l’attention du Parlement européen”, a-t-elle affirmé. 

Selon la porte-parole de l’institution, les services de sécurité vont évaluer l’incident, mais pour l’heure, rien n’a été décidé concernant un éventuel renforcement des procédures. En 2014, à Bruxelles, plus d’une cinquantaine de militants kurdes avaient déjà réussi à déjouer les contrôles et manifester dans l’enceinte du Parlement. Le président de l’institution Martin Schulz avait alors accepté de recevoir une délégation.

Les manifestants ont enjambé la balustrade dans la tribune des visiteurs. © Célestin de Séguier

Une loi dans le circuit pour développer l’industrie des semi-conducteurs 

Les eurodéputés ont adopté un projet de loi pour soutenir les entreprises de semi-conducteurs. Ce sont des matériaux électriques isolants, capables de conduire l’électricité. Ils sont essentiels dans de nombreux produits électroniques de notre quotidien : téléphones, voitures, ordinateurs… La pandémie de COVID et l’arrêt de la production dans les pays tiers, ont révélé les carences dans leur approvisionnement. Moins de 10% de la production mondiale se situe au sein de l’UE ; le projet de loi prévoit de doubler ces chiffres d’ici 2030.

Ce projet de loi fait partie d’un paquet législatif plus large visant à augmenter la production des micropuces électroniques sur le sol européen. L’objectif est de réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis de l’Asie en renationalisant la production des micropuces. L’enjeu est donc de faire de l’Europe une place attractive pour cette industrie, en favorisant les investissements dans l’innovation, la recherche et le développement de ces nouvelles entreprises européennes. Les députés ont notamment approuvé une contribution financière de l’UE s'élevant à plus de 4,175 milliards d’euros pour aider les entreprises. Ces fonds seront déployés dans le cadre du “programme pour une Europe numérique” ainsi que du programme cadre "Horizon Europe”. Les eurodéputés doivent maintenant négocier ce projet de loi avec les pays européens.

 

Espace : les satellites IRIS en route vers l’orbite 

Nous votons pour de nouveaux satellites européens qui vont renforcer l’autonomie et la souveraineté de l’Union européenne dans l’espace”, lance depuis la tribune Christophe Grudler, chargé du projet IRIS et député Renew. Plébiscité lors du vote, le programme est une victoire pour l’élu qui confie que l’accord a été trouvé en un temps record : “neuf mois seulement après la proposition de la Commission, un moment historique”. Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton affirme que la mise en œuvre devrait être rapide : “nous sommes prêts !”.

Composé de quelques centaines de satellites qui seront mis en orbite par l’ESA (l’agence spatiale européenne) pendant trois ans, ce nouvel outil qui devrait coûter 2,4 milliards d’euros est à la fois stratégique, géopolitique et industriel. En plus d’assurer une connexion sécurisée globale et autonome dédiée aux gouvernements européens et “amis de l’Europe”, le projet aura des applications civiles. Il permettra notamment d’apporter de la connectivité “partout où cela est nécessaire à travers le monde”. Thierry Breton affirme “être en contact avec les opérateurs du continent africain pour la mise en place de partenariats”. Le programme IRIS a surtout pour vocation de relancer l’industrie aérospatiale européenne. Fortement concurrencé par les États-Unis et l’entreprise SpaceX du milliardaire Elon Musk, le lanceur européen Ariane V a perdu des parts de marché importantes ces dernières années. Les premiers satellites devraient être en orbite opérationnelle à partir de 2024, le déploiement définitif est prévu pour 2027. 

Imprimer la page