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Les buffles d'eau sont arrivés dans la réserve au XIXe siècle. © Lisa Delagneau

Dès les premiers bombardements israéliens, « tous les influenceurs se sont mobilisés pour montrer ce qui était en train de se passer ». Pour Hiba Abou Chawareb, consultante en entreprise née à Gaza, Instagram n’est plus seulement une plateforme où partager sa passion de l’économie. Le réseau social est devenu le moyen de sensibiliser à la cause palestinienne. « Au début de la guerre, j’ai fait une vidéo sur la liste des marques occidentales à boycotter car elles soutiennent Israël. Elle est devenue virale, avec près de huit millions de vues. »

La mer Morte en fin de vie

Son niveau recule d’un mètre chaque année et sa superficie a chuté d’un tiers en cinquante ans : la mer Morte, partagée entre Jordaniens, Israéliens et Palestiniens, est en voie d’extinction. À cette vitesse, les scientifiques estiment qu’un autre tiers pourrait disparaître d’ici à 2050, jusqu’à ce que le mythique lac salé soit complètement asséché en 2100. Plusieurs facteurs concourent à ce tarissement dramatique, que rien ne semble pouvoir freiner. En premier lieu, le débit du Jourdain est de plus en plus faible. Le fleuve prend sa source au Liban, puis traverse la Syrie et partage la Jordanie et Israël. Chacun s’y sert, et à son arrivée dans la mer Morte, il n’en reste qu’un filet. Le réchauffement climatique a également entraîné une baisse des précipitations de deux tiers en Jordanie depuis les années 1970. Le projet du canal de la mer Morte, qui devait y acheminer de l’eau de la mer Rouge, suscitant de grands espoirs, a finalement été abandonné en 2021. 

Ce qui ne pourra se faire sans laisser la nappe phréatique se recharger, et donc, mettre fin au surpompage. Impensable aujourd’hui, tant que la capitale dépend encore d’Azraq pour un quart de son alimentation en eau et qu’aucune alternative n’est envisagée pour l’agriculture. Conscient du sursis de la réserve, Tamir Akili compte notamment sur une solution : une usine de dessalement de l’eau à Azraq, pour laquelle la RSCN tente de trouver des fonds. « Le ministère de l’Eau affirme pouvoir nous fournir plus de 2,5 millions de m3 d’eau par an, si nous trouvons un moyen de la traiter, parce qu’elle est de mauvaise qualité », expose-t-il avec espoir. L’eau potable actuellement utilisée pour l’oasis serait donc restituée pour d’autres usages, ce qui soulagerait la nappe. 

Lisa Delagneau

Des centaines de milliers d'abonnés suivent Hiba Abou Chawareb et Alaa Bouchnaq sur Instagram. Depuis le début de la guerre, ces influenceuses jordaniennes cherchent à toucher au-delà du monde arabe avec leurs vidéos.

Pour attirer plus d’oiseaux, qui ne viennent se reposer qu’à condition d’avoir suffisamment d’eau à disposition, il faudrait réhabiliter une plus large surface de l’oasis. Mais pour Omar Shoshan, l’alimentation artificielle n’est pas une solution viable, alors qu’environ 60 000 personnes vivent dans la région. « Ce n’est pas éthique d’utiliser de l’eau potable pour remplir l’oasis. Il faut retrouver une auto-alimentation naturelle des bassins », clame-t-il. 

Ces réussites ne sont que partielles : sur les 347 000 oiseaux comptés en 1967 dans la réserve, seuls 10 000 restaient en 2023. Les habitants du village adjacent, qui vivaient autrefois des ressources fournies par la zone humide, ne peuvent que se souvenir de l’abondance passée. 

« Je pouvais nager au milieu des poissons, pêcher dans les bassins, raconte Omar Shoshan, né à Azraq et ancien responsable de la réserve. Il y avait un lac pour les filles, un pour les nageurs professionnels… Nous connaissions le nom de chaque buffle d’eau et cheval sauvage. Vous ne pouvez même pas imaginer le nombre d’espèces qui vivaient là-bas. » 

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Dans son restaurant, la cheffe Maria Haddad emploie des femmes venues d'ailleurs, d'où un mix bienvenu en cuisine. © Azilis Briend

Sauvé de justesse de l’extinction au début des années 2000, l’Aphanius sirhani, ou killifish d’Azraq, s’épanouit aussi dans les eaux claires de l’oasis. Ce petit poisson rayé « est une espèce endémique d’Azraq, il n’existe qu’ici et est devenu un symbole dans le pays », précise Tamir Akili.

« Ce n’est pas éthique d’utiliser de l’eau potable pour remplir l’oasis »

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