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Un manque d'eau épargné des touristes
Depuis les bombardements sur Gaza, la solidarité avec la population de l’enclave palestinienne s’exprime bien au-delà des tribunes. Pendant le ramadan, 33 projets ont été menés par l’association de supporters, le Group Wehdat. Aide financière, envoi de repas ou de produits d’hygiène, le soutien des fans a pris de multiples formes. Des gamelles géantes de nourriture et des kilos de colis sont affichés sur les réseaux sociaux avec, en toile de fond, des fans en train de mettre la main à la pâte. Sur son canal Instagram, l’ultra Mahmoud Ayach destine davantage ses prières au peuple palestinien qu’à son équipe de foot favorite.
Les dirigeants du géant ammanien ont aussi apporté leur pierre à l’édifice, indépendamment des actions des supporters. Le 24 octobre, Al-Wehdat utilisait les recettes de son dernier match pour soutenir la bande de Gaza. Directeur sportif de l’équipe depuis 2008, Ziad Chalabayé est l’un des garants de cet héritage. « Je suis né dans le camp de réfugiés d’Al-Wehdat. Mes parents sont arrivés de Palestine en 1948, suite à la Nakba », expose le sexagénaire, qui a occupé différentes fonctions au sein du club depuis un demi-siècle.
L’identité d’Al-Wehdat est aussi la clef de voûte de sa réussite sportive. Moins riches qu’Al-Faisaly, les Géants verts jouent la carte de leurs racines pour attirer les meilleurs footballeurs jordaniens d’origine palestinienne. Ce lien indélébile se matérialise par les spécificités du maillot d’Al-Wehdat : un camp de réfugiés sur le ventre, le dôme du Rocher de Jérusalem en haut du logo, la carte de la Palestine au niveau du cœur, ou encore une clef symbolisant le droit au retour des exilés dans le dos.
« Le football, c’est l’argent mais c’est aussi l’histoire »
Alors même qu’elle débourse environ 250 JOD par mois pour recevoir l’eau distribuée par le gouvernement, la famille est parfois contrainte de faire appel à des entreprises privées, plus coûteuses, quand les réserves sont à sec, comme en été. « L’eau ne devrait pas être un luxe, mais ça l’est », regrette Nasser Fedah. Une situation qui risque de s’aggraver et qui l’inquiète. Au point que le manque d’eau et son coût remettent en cause son envie de fonder une famille.
Il dispose de deux sources principales : le canal et un puits, creusé dans la nappe phréatique. L’eau qui circule dans le canal est gérée par l’Autorité de la vallée du Jourdain, organe étatique qui décide, selon des critères flous, des quantités d’eau en heure de pompage distribuées à chaque exploitation. « Pendant l’été, la nappe est notre unique source d’eau », explique Hachem Alnasser. Le reste de l’année, « une moitié vient du puits et une autre du canal. »
Entre deux rangées de citronniers, Ayman Ibrahim prend soin des jeunes branches en plein cagnard. Le thermomètre approche les 30 °C. Travailleur étranger originaire d’Égypte, chrétien copte, c’est lui qui, tous les jours, veille au grain. Taille des arbres, irrigation, marcottage, nouvelles essences, il mène toutes les batailles. Payé entre 10 et 20 JOD (entre 13 et 26 euros) par jour, il est une des petites mains qui vivent directement sur les exploitations dans des conditions difficiles. « Je vois ma famille une fois tous les deux ans. Tout ce que je gagne, je leur envoie. »
Elle partage 20 m³ d’eau par semaine avec son mari et son fils. Et si les quatre voitures sont lavées chaque week-end, ce couple de médecins fait tout de même des concessions. Les palmiers ont remplacé les rosiers, trop gourmands en eau. La piscine n’est remplie que jusqu’aux trois quarts et les sauts y sont interdits.
Nasser Fedah, le fils âgé de 26 ans, ne se souvient pas d’une époque sans rationnement : « Il est arrivé que j’aille sous la douche et que rien n’en sorte parce que la cuve était vide. » Aujourd’hui encore, sa mère veille au grain. « Je ne peux pas m'empêcher de toquer à la porte quand j’entends l’eau de la salle de bain couler. »
« Laver les voitures deux fois par semaine, surtout en été, je ne suis pas certain que ce soit nécessaire », critique Mohamed Sammer. Il est gardien dans l’un des grands immeubles en pierres beiges typiques d’Al-Joubayhah, un quartier de classe moyenne situé dans le Nord d’Amman. Mohamed Sammer a la charge de surveiller les stocks d’eau des habitants. Il s’occupe aussi de l’entretien des parties communes.
Même dans les quartiers les plus riches de l’ouest de la ville, le manque d’eau est dans toutes les têtes. « C’est le plus grand problème des familles jordaniennes », soupire Jihan Fedah, habitante du quartier d’Abdoun, où se côtoient ambassades et grandes demeures contemporaines avec jardin.