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Des piscines remplies d’eau et spas dans des hôtels de luxe. Des camions-citernes qui livrent la ressource tant désirée aux quatre coins des rues. Et des puits pas toujours dans les clous pour irriguer les cultures. Malgré le stress hydrique extrême auquel la Jordanie fait face, une part importante de l’économie du pays repose sur l’eau.
De la mer Morte à Azraq, en passant par Amman, découvrez comment le marché de l’eau profite à certains et complique la vie des autres.
Zeina ANAN, Thomas BONNET, Alaa BUSCHNAQ et Fanny GELB
Des touristes différents
Une situation qui fait le bonheur des rares visiteurs. À l’heure du déjeuner, des Français, sac remplis de mets typiques, assument leur opportunisme. Ils ont pris leurs billets d’avions pour la Jordanie estimant qu'« avec la guerre, peu de touristes s’y trouveraient ». Les voyageurs ont fait le tour des sites les plus touristiques de Jordanie avant de finir leur séjour à Aqaba. Le manque de touristes « s’est renforcé depuis le début du conflit, donc on se concentre plus sur le marché local », selon Fares Aljouni, directeur du tourisme de l’Aseza. Des événements et des réductions sont mis en place dans les hôtels, les restaurants et les transports pour attirer les Jordaniens et les touristes d’autres pays arabes. Tenter de vivre grâce aux visiteurs nationaux reste une « alternative mais qui n’est pas suffisante sur le long terme pour faire vivre l’économie touristique d’Aqaba », avance-t-il.
Cet engagement identitaire met aussi parfois le feu aux poudres. Le 15 août 2023, Al-Wehdat devait disputer une rencontre aux Émirats arabes unis contre un club de Dubaï. Un match de début de saison que les supporters de Al-Wehdat avaient appelé à boycotter. En cause, la présence dans les rangs adverses de Mounas Dabbour, joueur vedette d’origine palestinienne qui porte le maillot de la sélection nationale israélienne. Une pression populaire que le Group Wehdat a justifié par son refus d’acter une normalisation des rapports avec l’État hébreu.
Un peu à l’écart du centre-ville, le Oasis Resort Ayla est un symbole de cet âge d’or. Sorti de terre il y a à peine cinq ans, ce complexe d’1,5 milliard de dollars témoigne de la démesure. Il a été conçu par Sabih Al-Masri, un homme d’affaires jordanien d’origine palestinienne. Lagons, villas et hôtels, yachts et le premier parcours de golf de 18 trous en Jordanie : Ayla est une cité artificielle à part. Mais comme les autres, ces complexes de luxe restent désespérément vides depuis octobre. Derrière son comptoir, Nour Abdullah, 22 ans, réceptionniste au Double Tree Hilton ne sait quoi faire de ses journées : « Nous avons même parfois enregistré un taux zéro d’occupation. J’ai peur de perdre mon travail. » La plupart des réservations ont été annulées ou reportées. Selon l’Aseza, depuis octobre, le taux d’occupation des hôtels a diminué d’un quart. Salah Aldin Albitar, président de l’association des hôtels d’Aqaba, situe, lui, la baisse de l’activité des hôtels entre 70 % et 80 %.
Lors de la période Covid-19, le gouvernement a mis en place des aides pour soutenir l’économie et le tourisme. Mais aujourd’hui, malgré l’impact de la guerre à Gaza, « le gouvernement n’a pas baissé les taxes », regrette Salah Aldin Albitar. Alors, les hôtels font la chasse aux dépenses. Un cinq étoiles a fermé la moitié de son bâtiment pour réduire les factures d’électricité et d’eau dans les premiers mois de la guerre. Une des piscines a également été condamnée temporairement et « les jacuzzis ne fonctionnent pas tout le temps, d’après une responsable de l’établissement. Tout était au minimum mais nous avons survécu ». Mi-mai, l’hôtel affichait en moyenne une occupation réduite de moitié, réhaussée certains jours grâce aux vacances des Jordaniens. La période du ramadan a certes permis aux hôtels de se refaire une santé grâce aux visiteurs du pays mais cette parenthèse n’a pas duré. De l’autre côté de la ville, Abed, qui travaille au magasin Maelk Mayuleh qui vend des snacks et des boissons, explique que son patron a licencié quatre de ses huit employés. Certains commerces et hôtels ont fermé pour quelques mois ou définitivement. La haute saison touristique d’octobre à avril est ratée.
Des touristes différents
Une situation qui fait le bonheur des rares visiteurs. À l’heure du déjeuner, des Français, sac remplis de mets typiques, assument leur opportunisme. Ils ont pris leurs billets d’avions pour la Jordanie estimant qu'« avec la guerre, peu de touristes s’y trouveraient ». Les voyageurs ont fait le tour des sites les plus touristiques de Jordanie avant de finir leur séjour à Aqaba. Le manque de touristes « s’est renforcé depuis le début du conflit, donc on se concentre plus sur le marché local », selon Fares Aljouni, directeur du tourisme de l’Aseza. Des événements et des réductions sont mis en place dans les hôtels, les restaurants et les transports pour attirer les Jordaniens et les touristes d’autres pays arabes. Tenter de vivre grâce aux visiteurs nationaux reste une « alternative mais qui n’est pas suffisante sur le long terme pour faire vivre l’économie touristique d’Aqaba », avance-t-il.