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Le Marché d’intérêt national (MIN), communément appelé Marché-Gare, vit presque 24 heures sur 24 afin d’assurer la distribution du contenu de nos assiettes. 

 

Vendredi 8 novembre, 5h. Strasbourg dort encore. Le Marché-Gare s’active. Sa quarantaine de grossistes vend pour la grande distribution, la restauration ou l’hôtellerie. Des camions de livraison entrent et sortent sans cesse du site. Au fil de la journée, ils seront entre 150 et 200 à passer les barrières. Quelques-uns sont même partis plus tôt pour aller récupérer des marchandises.

Les salariés de Soprolux, l’un des grossistes alimentaires installés sur le MIN, se retrouvent à l’arrière de leur entrepôt. Spécialisée dans les produits haut de gamme (foie gras, viande, poisson, champignons, épices…), l’entreprise familiale, créée en 1984 par Marius Peuron, a été reprise par ses trois enfants.

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© Justine Maurel

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De 5h à 8h30, les employés chargent et déchargent les camions de marchandises derrière l'entrepôt. © Chi Phuong Nguyen

5h10. Courte pause café. Il est l’heure de s’activer pour la quarantaine d’employés. Le bâtiment de Soprolux est composé d’une boutique et de bureaux dans lesquels une personne relève les commandes laissées sur le répondeur. Le cœur de l’entreprise, le "frigo", lui, se situe à l’arrière du magasin. La température y est de 6 degrés afin d’assurer la qualité et la conservation des différentes denrées. Certaines pièces sont aussi des congélateurs refroidis à -20 degrés. Les équipes commencent la préparation des commandes, certains se chargent de contrôler, d’autres s’occupent des stocks. Parmi ces équipes, un groupe est dédié à l’espace "marée" avec des poissons, des crustacés et des coquillages. "Les seuls produits qu’on transforme sont des produits de la mer. On fait du filetage", ajoute Emmanuel Peuron, responsable de la logistique.

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Les poissons sont filetés par les employés du Marché Gare. Les produits de la mer sont les seuls à être transformés. © Amélie Rigo

"Les produits ne font que passer"

6h. Les produits demandés par Soprolux sont arrivés et sont déchargés. Ils ont été commandés la veille auprès des fournisseurs qui peuvent être des abattoirs ou des producteurs. Puisque la majeure partie des produits sont frais, l’entreprise fait principalement de l’achat et de la revente en flux tendu. "Les produits ne font que passer par ici", explique Emmanuel Peuron. Une fois déchargés, une première étape est indispensable : "Toutes les marchandises entrées chez Soprolux sont étiquetées avec le numéro de lot, le nom du produit et l’origine", explique David Peuron, directeur des opérations.

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Du jeudi au samedi, l'étalage de poissonnerie est installé dans la boutique de Soprolux. © Killian Moreau

Le Marché-Gare

  • Construit en 1964
  • 15 hectares
  • 60 000 m2
  • 37 grossistes et un restaurant "Au Marché Gare"
  • 900 employés permanents
  • 350 millions d’euros annuels de chiffre d’affaires
  • 39 643 passages de camions entre le 1er janvier et le 30 septembre 2019
 
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Les palettes de marchandises sont d'abord stockées dans des chambres froides. © Killian Moreau 

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En fonction des demandes des clients, les employés doivent aussi gérer les stocks. © Killian Moreau

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Les commandes de poissons et de crustacés sont préparées au cas par cas pour chaque client. © Killian Moreau

6h30. Du côté du pôle "marée", la bonne humeur est au rendez-vous pour les huit poissonniers qui s’affairent, la radio en fond sonore. De nouveaux poissons sont arrivés. Les uns les contrôlent, quatre s’occupent de les découper en filets, d’autres les empaquettent. Aujourd’hui c’est vendredi, l’étal de poissonnerie est installé dans la boutique, à l’entrée du bâtiment, tout comme le jeudi et le samedi. "J’ai gardé le beau bout pour le magasin !", clame l’un des membres de l’équipe en brandissant un pavé de poisson.

7h15. Le filetage est terminé, les poissonniers se transforment en livreurs et se répartissent les lieux à couvrir. "On est polyvalent", souligne Arthur, affecté au secteur “marée”. Sa journée ne se finira d’ailleurs que vers 14h ou 15h.

7h30. "Est-ce que quelqu’un a du Colmar ?", demande une employée qui prépare une palette pour la livraison dans cette ville du Haut-Rhin. 158 commandes sont terminées et chargées dans les camions. 173 restent encore à traiter. En moyenne, il y en a 300 par jour, passées par téléphone ou sur Internet. "Ce matin, il y avait 70 commandes par répondeur", précise David Peuron. Dans les bureaux au rez-de-chaussée avec vue sur le "frigo", les factures commencent à être éditées. "Le MIN est un point de concentration, une grosse plateforme de négoce. On a un rayon d’influence qui couvre largement le Grand Est", affirme Stéphane Babilotte, directeur de la Société d’aménagement du marché d’intérêt national de Strasbourg (Samins) qui gère le Marché Gare. 

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Les commandes sont empilées avant d'être chargées dans les camions puis livrées. © Killian Moreau

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Les employés remplissent les camions pour la livraison. © Killian Moreau

8h30. Tous les camions Soprolux doivent se mettre en route. Les salariés qui ne se sont pas mués en livreurs se préparent pour le "phoning" qui doit commencer à 9h dans les bureaux. Objectif : démarcher et conseiller les restaurateurs, mais aussi les prévenir en cas de produit manquant. "Le matin, quand ils préparent les commandes, ils les ont déjà touchées, ils savent tout", explique Emmanuel. "En fait, la journée est découpée en plusieurs parties, c’est un travail qui est très varié", sourit une employée.

8h45. Le Marché-Gare commence à être déserté par les véhicules de livraison des différents grossistes. Les immenses espaces de béton se vident, le travail administratif continue. Le Marché-Gare est destiné aux professionnels, mais certains grossistes accueillent aussi des particuliers. "Ils ont l’impression d’avoir un produit de meilleure qualité parce qu’ils viennent à la source, explique le directeur de la Samins. Ce n’est pas satisfaisant comment on les accueille, mais ils contribuent à la notoriété du MIN." Un marché couvert devrait voir le jour en 2021 pour améliorer l’accueil des particuliers.

Amélie Rigo, Chi Phuong Nguyen et Killian Moreau

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