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Pôle Sud à la Meinau : chacun son rythme

03 octobre 2019

POLE-SUD travaille en collaboration avec les écoles. Photo CUEJ/Aurélien Gerbeault.

Le centre de développement chorégraphique national Pôle Sud fête cette saison ses 30 ans. Installée au milieu de la Meinau, rue de Bourgogne, la salle de spectacle peine à s’intégrer dans le quartier, malgré les projets à destination des habitants.

Pôle Sud fête cette saison ses 30 ans d’existence. En 1989, la MJC de la rue de Bourgogne  se tourne vers la danse. « A cette période, il y a eu l’émergence d’un tas de projets autour de la danse vers lesquels s’est dirigé Pôle Sud. Les clubs sportifs ont été fermés mais l’école de musique a été conservée, explique Sylvie Fovanna, attachée aux relations publiques depuis vingt ans par le centre chorégraphique national. C’est l’époque de la décentralisation et de la démocratisation de la culture. » 

Démocratisation jusque dans l’architecture du lieu, réhabilité en 2004. Le bâtiment abrite aussi la médiathèque et le centre socio-culturel (CSC) avec lequel Pôle Sud travaille régulièrement et qui lui offre une meilleur visibilité auprès des familles. Le parvis peut faire office de scène. « Nous voulons mixer les publics et ouvrir les œuvres à tous », assure Sylvie Fovanna qui mentionne Extra-ordinaire, Trajets Phéno-Meinau ou un marathon de la danse, des projets de rencontres entre artistes et résidents du quartier.

Mais son fer de lance à la Meinau, ce sont les écoles. Des quatre maternelles du secteur au collège Lezay-Marnésia, les élèves découvrent des spectacles via des ateliers pédagogiques menés par des artistes. Laëtitia, qui vit à la Meinau depuis six ans, se souvient que sa fille avait assisté à une représentation avec son instituteur : « Ça lui avait beaucoup plu ! »

Selon Sylvie Fovanna, « le lien n’a jamais vraiment été coupé mais il a été plus ou moins fort selon les périodes ». Et d’ajouter : « La plupart des habitants de la Meinau connaissent le centre chorégraphique. » 

Pôle Sud, méconnu dans les environs 

Mouldi et son ami discutent sur le parvis du CSC. A leur droite, des spectateurs se pressent devant Pôle Sud, un spectacle va commencer. Aucun d’eux ne semble le remarquer mais Mouldi fréquente l’institution : « Cela permet aux enfants de s’exprimer via la musique plutôt que de traîner dans la rue. » Son ami, qui vit depuis cinquante ans dans le quartier, ne connaît pas le centre chorégraphique. 

Pour Yannick Pfister, éducateur spécialisé au sein de l’association Jeunes équipes d’éducation populaire (JEEP), cette méconnaissance de Pôle Sud est d’abord due à des projets peu accessibles : « Il existe deux parties à la Meinau : un quartier prioritaire de la ville (QPV) avec ses tours, et une partie pavillonnaire. Les résidents du QPV, surtout les jeunes avec lesquels nous travaillons, préfèrent faire du rap ou du slam. Ils n’aiment pas forcément les activités proposées par Pôle Sud. » Yannick Pfister travaille pourtant avec le centre chorégraphique.

La volonté de rendre Pôle Sud accessible se prolonge au niveau des tarifs. « Les cours de musique coûtent cher. Nous avons donc baissé le prix pour les gens du quartier », détaille Sylvie Fovanna. Une demi-heure de cours de musique par semaine coûte 420€ par an en tarif plein. Elle est réduite à 400 € pour les habitants du quartier et 345 € pour les demandeurs d’emploi et allocataires CAF.

Des tarifs peu accessibles

Laetitia, malgré la bonne expérience de sa fille, trouve les tarifs excessifs : « Pour les activités de ma fille, qui durent deux fois plus longtemps, je paie seulement 100 € par an ». Sengathit, 44 ans, dont la fille et le mari sont inscrits à l’école de musique, ne partage pas cet avis : « Ce sont les tarifs, je ne trouve pas qu’ils soient plus chers qu’autre part. » 

« Oui, il y a des réductions, admet Yannick Pfister. Mais les cours de musique et même les stages et les spectacles restent extrêmement chers pour des gens qui n’ont même pas les moyens de faire des sorties à la piscine à 1€ ». Les résidents de la Meinau représentent tout de même près de 50 % des effectifs.

Judith Barbe et Aïcha Debouza

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