L’obstacle du secret des affaires
Avec ce texte, les entreprises privées sont maintenant dans l’obligation de partager les données aux utilisateurs qui en font la demande. « Par exemple, si la voiture connectée d’un consommateur tombe en panne, il pourra lui-même réclamer gratuitement les données pour les rendre accessible à un service de réparation indépendant, plutôt qu’au fabricant », explique Thierry Breton. « Donner ce pouvoir aux consommateurs dans un règlement est inédit, et pourrait placer l’Europe comme leader mondial sur le sujet », selon Dimitar Dimitrov, membre de Wikimedia.
Les consommateurs au cœur du projet
En facilitant le partage des données numériques entre entreprises privées, il sera désormais possible pour un grand nombre d’entre elles de comprendre leurs dysfonctionnements, de voir où elles peuvent améliorer leur processus de production, et donc d’être plus productives. Selon la rapporteure Pilar del Castillo Vera (PPE, droite), l’exploitation des données permettrait de générer « 270 milliards d’euros de PIB européen supplémentaire d’ici à 2028 ». L’Union européenne deviendrait alors davantage compétitive face aux Etats-Unis et à la Chine, qui réalisent déjà ce genre de pratiques.
Plus de 95% des matières premières critiques utilisées sur le vieux continent sont extraites et produites hors d’Europe, et en majorité de Chine. En cas de conflit avec Pékin, cette ultra-dépendance pourrait être un moyen de pression. Inspirée par un texte du Parlement européen, la Commission européenne a proposé ce jeudi 16 mars un projet de loi pour garantir son approvisionnement dans ces matières premières critiques.
À l’heure où l’intelligence artificielle envahit notre quotidien et génère un nombre incalculable de données, l’Union européenne s’est saisie de cette question afin de réglementer leur partage, et de maximiser leur potentiel, notamment dans l’industrie. En effet, selon la Commission, « 80% des données industrielles sont sous-utilisées en Europe. Il est donc urgent d’optimiser ces outils ».
Un enjeu pour la compétitivité et l’innovation
« Toutes les entreprises devront se plier à cette règlementation, qu’elles soient des startups, des PME ou des multinationales. Il n’y a pas d’exceptions », a déclaré Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, au Parlement européen. Ce mardi, l’institution a approuvé à une écrasante majorité son texte phare sur les données numériques.
Le règlement sur les données ou « Data act », adopté par le Parlement européen, vise à créer un marché unique du digital. Dorénavant, les entreprises devront partager, sous certaines conditions, leurs données industrielles à qui en fera la demande. Mais difficile d’allier secret des affaires et intérêts des consommateurs.