Carte des points de conflit entre des infrastructures de transport et des couloirs de biodiversité dans le quartier de la Montagne-Verte. © Titouan Castel--Daronnat et Kim Du
Au-delà des valeurs, ce qui séduit autant les bénévoles au Emmaüs de la Montagne-Verte, ce sont les moments de partage. Pot après l’assemblée générale, galette des rois, sorties au restaurant, ces événements créent une véritable cohésion entre les membres de la communauté. Il y a aussi le marché de Noël du centre-ville où tous les bénévoles ont l’occasion de se rencontrer au chalet d’Emmaüs dans le Village du Partage.
La gestion des déchêts au Molkenbronn. © Axel Guillou et Emilien Martin
Dans la salle de vente de vêtements et de bijoux, Stéphanie, la fille de Marcel, est très sollicitée. Elle répond en anglais aux questions d’un premier client, tout en gérant un second qui marchande : "Je ne peux pas changer le prix, mais je vais demander", répond-elle à propos d’une valise qui a du mal à s’ouvrir. Ici, peu importe les saisons, il y a toujours du monde. Cela fait maintenant quatre ans qu’elle vient aider un ou deux samedis par mois. "Un jour, je suis venue comme cliente et ils avaient besoin d’aide car il y avait beaucoup de monde. Alors je suis allée trier des jouets et des vêtements. Depuis, je ne suis jamais repartie", explique Stéphanie. "On vient avec le sourire, déclare-t-elle. L’ambiance, ici, est plutôt bonne."
Au Molkenbronn, dans la partie la plus à l'ouest de la Montagne-Verte, des déchets s’accumulent dans les rues, malgré les nombreuses poubelles et bacs de tri à disposition. Pour les sensibiliser à cette pollution et au risque de nuisibles, l’association VoisinMalin va à la rencontre des habitants.
© Jeanne Paumier et Iris Pavie
Un premier pas vers l’embellissement
En novembre et décembre, au-delà des guirlandes et des couronnes, les jouets aussi ont la cote. Et ça, c’est le terrain de Francine. Originaire d'Illkirch-Graffenstaden, elle est bénévole depuis cinq ans. Après des expériences à la Croix-Rouge et aux Enfants de Hautepierre, c’est à Emmaüs qu’elle a trouvé son bonheur. "C’est un peu un microcosme de la société, il faut s’adapter à chacun", déclare-t-elle. Intégrer la communauté lui a permis de rester active une fois à la retraite. Depuis la salle de vente, elle appelle Fabienne, une des dernières arrivées, avec qui elle trie les jouets. "Je suis rentrée grâce à une amie et maintenant je viens une fois par semaine", déclare Fabienne.
"Est-ce que vous savez ce que ça veut dire Emmaüs ? Ça veut dire espoir en hébreu", confie Marcel d’une voix chevrotante. Du haut de ses 80 ans, dont 17 comme bénévole à la Montagne-Verte, il connaît le lieu comme personne. Il s’investit aux côtés de son épouse et de sa fille, Stéphanie, et n’est pas prêt de s’arrêter. "C’est moi qui m’occupe de tout ce qui est vente de collections, comme des timbres, ce genre de choses. Il y a une ou deux ventes exceptionnelles comme celle-là organisées par an", précise-t-il. Mais Marcel ne fait pas que ça. En tant qu’ancien président des bénévoles, c’est lui qui est chargé de faire passer un entretien aux nouvelles recrues pour s’assurer que chacun respecte les valeurs de la communauté : accueil, travail, développement durable, solidarité. "Aujourd’hui, il y a 50 personnes qui sont bénévoles à Emmaüs, et environ 25 qui sont actifs", précise Marcel. Pour lui, Emmaüs est un lieu de vie autant qu’un espace de vente. "Ça remplace le bistrot. Les gens viennent pour discuter dans un canap’. Ça rompt la solitude des gens qui sont seuls à la maison." Néanmoins, Marcel regrette qu’il n’y ait pas plus d’habitants du quartier de la Montagne-Verte parmi les bénévoles.