04 février 2016
Le Parlement européen a débattu et voté les 3 et 4 février une résolution commune sur la Libye. L’occasion pour les députés de faire part de leurs inquiétudes sur le chaos qui règne dans le pays.
« La Libye est plongée dans le chaos ». Ce constat sans appel du Roumain Viktor Bostinaru (S&D, sociaux-démocrates) est largement partagé parmi les euroéputés ayant pris part au débat sur la situation du pays au Parlement européen le 3 février. La Lybie, qui fut l’un des plus riches d’Afrique, traverse aujourd'hui une terrible guerre civile et est tiraillé entre deux gouvernements : celui de Tripoli et celui de Tobrouk (reconnu par la communauté internationale).
Cette instabilité libyenne se traduit notamment par une explosion du trafic d’armes illégal, une expansion du groupe Etat islamique qui tente de mettre la main sur les puits de pétrole et un exode massif de la population.
Autant de conséquences qui doivent selon le Parlement pousser l’Union Européenne (UE) à agir rapidement sur différents fronts, en appelant à la formation d'un gouvernement d'union nationale, en intensifiant l’opération « Sophia » de lutte contre les passeurs illégaux ou encore en soutenant la création de forces armées libyennes en mesure de sécuriser le pays sous l'autorité du futur gouvernement unifié.
Des désaccords sur une intervention militaire
Si ces recommandations sont soutenues par l'ensemble des groupes politiques, le débat au Parlement européen a mis en évidence la persistance d'un profond désaccord sur l'opportunité d'intervention militaire européenne.
Pour l’Espagnol Javier Couso Permuy (GUE, extrême-gauche) : « il ne faut pas d’intervention armée ». L’Allemande Barbara Lochbihler (Verts) est du même avis : « L’intervention militaire serait une erreur. Elle serait vouée à l’échec et servirait ceux qui y voient une ingérence. » Le député italien Fabio Massimo Castaldo (EFDD, eurosceptique) souhaite « éviter une guerre » et privilégie donc une approche diplomatique.
Pour le Roumain Cristian Dan Preda (PPE, centre-droit), en revanche : « il faut évidemment un appui diplomatique mais l’intervention militaire ne peut être exclue. Toutefois, le soutien militaire n’interviendra qu’avec l’instauration d’un gouvernement reconnu par Tobrouk et Tripoli. »
Malgré ces divergences sur la question militaire, la résolution commune sur la Libye a été adoptée à une très nette majorité le 4 février avec 478 votes pour, 81 contre et 81 abstentions.
Clémence Dubois