04 février 2016
Le Président de la Commission européenne a mis les Etats membres face à leurs responsabilités en matière d’immigration dans la perspective du prochain Conseil européen. Pour lui, il y urgence à renforcer la solidarité et la capacité d'action communautaire en matière migratoire.
« Tout a été dit sur la crise des réfugiés mais beaucoup reste à faire. Il n’y a pas de quoi être fier de l’action collective », a déclaré Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne mercredi 3 février au Parlement européen. Il a expliqué que la crise des réfugiés se transformait « en crise de solidarité » en raison de l’inaction des Etats membres.
En effet, il manque toujours 448 millions sur les 500 millions d’euros prévus pour alimenter le Fonds pour la Syrie, destiné notamment à assurer une sécurité alimentaire aux populations civiles victimes du conflit et à stabiliser les pays voisins (comme la Jordanie ou le Liban).
« La portée de nos actions restera limitée tant que les Etats membres n’appliqueront pas les décisions prises sur le renfort de personnel et sur la bonne gestion des centres d’accueil d’urgence (hotspot) », a poursuivi l'ancien Premier ministre luxembourgeois.
Un soutien à la Grèce
En 2015, l’Europe a connu une vague d’immigration sans précédent. Un afflux particulièrement important en Grèce où le nombre de réfugiés et de migrants a bondi de 750% par rapport à l'année précédente.
La Commission a rappelé qu'elle a apporté une aide financière et un soutien logistique exceptionnels à Athènes en déployant une équipe dans les îles grecques de la mer Egée, l'un des principaux points d'entrée des migrants dans l'Union européenne.
Une aide d'autant plus nécessaire, a justifié Jean-Claude Juncker, que la Grèce traverse une très grave crise économique. Le président de la Commission a rappelé à cette occasion qu'il était « hors de question que la Grèce sorte de l’Union européenne. Il faut l’aider et non la stigmatiser en l’aidant à corriger les défaillances qui existent. »
Cet appel des Etats membres à soutenir la Grèce, au-delà de la gestion des questions migratoires, a trouvé un large écho dans les différents groupes politiques du Parlement européen. Le député grec Manolis Kefalogiannis (PPE, centre-droit) a ainsi exhorté à son tour les Etats membres à s’investir davantage : « Les frontières de la Grèce sont au cœur du cyclone. Les Etats membres doivent respecter leurs engagements et être solidaire avec mon pays. » Par la voix de l’Allemand Knut Fleckenstein qui refuse de « pointer la Grèce du doigt », les sociaux-démocrates (S&D) ont également appelé à soutenir la Grèce.
La question de l’immigration sera l’un des sujets au centre des débats des 28 chefs d’Etat et de gouvernement, lors du prochain Conseil européen, les 18 et 19 février à Bruxelles.
Clémence Dubois