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Bisbilles autour des brancards

Pour la victime, un secouriste, qu’il soit de la Croix Blanche, de la Croix Rouge ou sapeur-pompier, reste un secouriste. Mais entre ces acteurs, le discours peut être différent : frictions inter-associatives, impression de se faire concurrence, ou encore sentiment de dévalorisation sont monnaie courante.

Pendant le marché de Noël, faute de bénévoles, les associations doivent se relayer et travailler ensemble. Crédit : Auberie PERREAUT

« Les pompiers ? Ils ne sont pas du tout associatifs. » Michèle Rivera, présidente du comité départemental de la Croix Blanche, ne mâche pas ses mots lorsqu'elle parle de ses relations avec les sapeurs-pompiers : « Quand ils arrivent, ils nous mettent de côté, ils font comme s’ils ne vous voyaient pas. » Pour elle, les soldats du feu ont simplement peur que les associations « leur fassent de l'ombre ».

La Croix Rouge est moins vindicative. « Avec les pompiers, on a quelques tensions mais la majorité du temps, ça se passe bien », explique Loïc Wendling, directeur territorial de l’urgence et du secourisme de la Croix Rouge du Bas-Rhin. Derrière ces frictions, c’est un enjeu de fierté qui se dessine : l’idée que les associations ne doivent pas être reléguées au second plan, alors qu’elles sont, dans les textes, associées au schéma d’intervention de la Sécurité civile.

Secouristes à différents niveaux

Des critiques que balaye Cédric Hatzenberger, secrétaire départemental de Force ouvrière au Sdis 67. « On a peu de contacts avec la Sécurité civile. En général, ils couvrent des événements, et nous on intervient pour des urgences vitales, des blessés qu’il faut transporter. » Les manœuvres, réalisées ensemble, ne posent d’ailleurs pas de souci supplémentaire. Le syndicaliste concède toutefois : « C’est peut-être un souci de personnes. Au regard de certains sapeurs-pompiers, il peut y avoir un problème de hiérarchie qui se crée, ils se sentent un peu au-dessus. »

De leur côté, les associations agréées de sécurité civile ne sont pas toujours solidaires. Michèle Rivera, de la Croix Banche, reproche à la Croix Rouge son exposition médiatique. « On voit la Croix Rouge uniquement sur les très grandes manifestations pour la simple et bonne raison que ça ne les intéresse pas quand ce n'est pas médiatisé. » Face à cette accusation, Loïc Wendling argue qu'ils sont autant présents sur les petits postes de secours que sur les grands. « On a plein d'unités locales, qui sont présentes aux manifestations organisées dans leur village, à la demande des associations », se défend-il. Avant de reprocher à certaines associations de baisser leurs tarifs pour remporter des marchés auprès des organisateurs de manifestations. « On pourrait aussi casser les prix, mais on ne le fait pas parce qu'on estime qu'on ne peut pas brader nos secouristes », affirme-t-il. Ce à quoi la Croix Blanche répond : « On n’est pas là pour gagner de l’argent, on est une association d’utilité publique, on fait du bénévolat. »

Ces « bisbilles » n'entachent pas la coopération entre les différents acteurs. « On a le même but, donc sur le terrain, ça se passe toujours bien », assure Loïc Wendling.

Voir aussi : Neuf heures au marché de Noël avec la Protection civile.

Baptiste DECHARME

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