Un air dangereux

Les gaz à effet de serre, protecteurs et nocifs
G a z à e ff e t d e s e r r e Rayons solaires Rayons infrarouges émis par le sol chauffé 5% rayons vers l'espace 95% des rayons retenus par l'atmosphère grâce à l'effet de serre Les GES, indispensables à la vie sur Terre

Si les gaz à effet de serre sont généralement mentionnés pour parler du dérèglement climatique, on a tendance à oublier que c'est un phénomène naturel indispensable à notre survie. Ces gaz agissent comme la vitre d'une serre : ils laissent entrer une grande partie des rayonnements solaires et les captent avant qu'ils ne soient renvoyés par la Terre vers l'espace. Sans ce phénomène, la planète aurait une température moyenne de -18°C, et non 15°C comme c'est le cas actuellement.  


Naturellement présents dans l'atmosphère, les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d'eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d'azote (N2O) et l'ozone (O3).  

Trop de CO2 généré par l'Homme
Répartition des gaz à effet de serre provenant des activités humaines
Dioxyde de carbone Protoxyde d'azote (2,1%) Méthane (0,5%) Autres 15,8% 81,6% Eurostat, 2016

Sous l'effet de la combustion de charbon et de pétrole, de l'élevage, l'agriculture et de la déforestation, la concentration de ces gaz a fortement augmenté depuis le XIXe siècle. Alors qu’ils nous assuraient des températures terrestres correctes, aujourd'hui leur pouvoir de captation se retourne contre nous. Présents en plus grand nombre, ils sont les principaux responsables du réchauffement climatique, dont les conséquences se font déjà ressentir : fonte des glaces, élévation du niveau de la mer, précipitations accrues, sécheresses aggravées ...

Liaisons dangereuses

L'effet de serre et la pollution de l'air sont étroitement liés mais ne se substituent pas. Les gaz à effet de serre n'ont pas d'impact direct, ils ne font que réguler le climat. Au contraire, les polluants atmosphériques ont des conséquences sur la santé et l'environnement. Même s'ils sont de nature différente, leur origine et leurs effets vont de pair. Plus le taux de polluants atmosphériques s'accroît, plus le taux de gaz à effet de serre sera important. A l'inverse, le changement climatique a une incidence sur les périodes de pollution, les fortes canicules jouant sur les niveaux d'ozone ou les concentrations de particules fines.


Conséquence directe de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre : le réchauffement de la planète. Et les niveaux records atteints ces dernières années pourraient avoir des conséquences catastrophiques : inondations, ouragans, cyclones, sécheresse, incendies, pauvreté, maladies, disparition de la faune et de la flore … Les experts ont déjà imaginé à quoi pourrait ressembler la Terre d’ici quelques années. Selon des chercheurs à la Nasa, le niveau des océans devrait augmenter d’au moins un mètre d’ici 200 ans. Plusieurs îles et grandes villes construites sous le niveau de la mer (Miami, New York, Tokyo …) seraient englouties. L’ONU prévoit 250 millions de réfugiés climatiques en 2050.

20 ans d'inaction

La communauté internationale semblait avoir pris la mesure du danger lors de la signature du protocole de Kyoto le 11 décembre 1997. Cette troisième conférence des parties (COP3) marquait un tournant pour la planète, puisque les signataires de ce protocole s’engageaient à réduire, entre 2008 et 2012, leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 5% par rapport au niveau de 1990.

Emissions de gaz à effet de serre dans le monde
20 30 40 50 60 2012 2010 2005 2000 1995 1990 1985 1980 1975 1970 Banque mondiale de données Émissions totales de GES (en millions de kt d'équivalent CO2) Signature du protocole de Kyoto (1997) Entrée en vigueur du protocole de Kyoto (2008) Objectif de Kyoto : baisse de 5% par rapport à 1990

Les bonnes résolutions ont été de courte durée. Si le protocole a été signé par plus de 160 pays, ils sont finalement bien moins nombreux à l'avoir ratifié. Plusieurs grands pays industrialisés ont décidé de ne plus porter ses objectifs. C'est le cas par exemple des Etats-Unis, de l'Australie ou du Canada, dont les intérêts économiques se heurtaient aux mesures climatiques de Kyoto.

L'ONU assure que les émissions de gaz à effet de serre des pays signataires ont reculé de 24% entre 1990 et 2012. Il faut néanmoins relativiser ce bilan, puisque les gros émetteurs de gaz à effet de serre, non signataires, sont exclus de ce chiffrage. Depuis le début des années 70, elles ont en fait presque doublé, passant de 27 millions de kilotonnes d'équivalent CO2 en 1970 à 53 millions en 2012.

Signer n'est pas agir

Ratifier le protocole de Kyoto n'est pas non plus synonyme d'amélioration. La Chine, l'Inde et la Russie, qui ont ratifié le protocole, ont vu leurs émissions augmenter sur la période. A l’inverse, les émissions des Etats-Unis ont légèrement baissé entre 1997 et 2012.

Emissions de gaz à effet de serre en milliers de kt d'équivalent CO2

Depuis la COP 3 de Kyoto, de nombreuses autres conférences des parties se sont tenues. L'une d'entre elles a particulièrement marqué les esprits : la COP 21 de Paris. Lors de ce sommet, la communauté internationale a pris des engagements forts pour le climat, comme limiter le réchauffement climatique « nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels », voire en dessous de 1,5°C. Sa signature le 12 décembre 2015 s'est accompagnée de grands espoirs.

Pourtant, les mesures de la COP21 semblent prendre la même direction que celles de Kyoto, puisqu'à nouveau, les gros émetteurs de gaz à effet de serre font défection. Les Etats-Unis, la Russie, l'Australie n'ont pas ratifié le traité. Selon une étude publiée en 2018 par les instituts Grantham Research Institute et le CCEP, seuls 17 pays ont aujourd'hui voté des mesures suffisantes pour tenir leur
objectif : l'Algérie, le Canada, le Costa Rica, l'Ethiopie, le Guatemala, l'Indonésie, le Japon, la Macédoine, la Malaisie, le Mexique, le Monténégro, la Norvège, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pérou, Singapour, Samoa et Tonga. Des gros pollueurs, comme la Chine qui représente à elle seule presque un quart des émissions de gaz à effet de serre, restent absents de cette liste.

L'abus de GES nuit à la santé
Conséquences des polluants atmosphériques sur la santé en France
48 000 décès prématurés chaque année causés par la pollution aux parti-cules fines 100 milliards d'euros , c'est ce que coûte la pollution de l’air chaque année avec une large part liée aux dépenses de santé La pollution de l'air :3e cause de mortalité en France 17 000 décès pourraient être évités, si toutes les communes respectaient les valeurs recommandées par l'OMS Ministère de la santé

Cardiopathies, problèmes respiratoires, cancers du poumon, asthme : l'humanité respire mal. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 6,5 millions de personnes meurent chaque année prématurément en raison de la pollution de l'air.

Effets des polluants atmosphériques sur l'organisme
Cœur : troubles cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, hypertension, augmentation de la coagulabilité, formation de caillots Poumons : réduction des capacités respiratoires, irritations, inflamm-tions, asthme, cancers Cerveau : maux de tête, anxiété,maladies neurodégénératives Yeux, nez, gorge : irritations,difficultés respiratoires, allergies Ministère de la santé