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L'actu du mercredi 9 mars en bref : État de droit, Pégasus et Covid-19


10 mars 2022

Le Parlement vote en faveur du respect de l’État de droit mais craint toujours l’inaction de la Commission

Dans une résolution, les eurodéputés ont appelé la Commission à activer immédiatement le mécanisme conditionnant le versement des fonds européens au respect de l’État de droit pour la Hongrie et la Pologne. Cet appel fait suite à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 16 février dernier, qui validait le mécanisme et déboutait ainsi les recours de la Pologne et de la Hongrie. Ces deux pays sont dans le collimateur des institutions européennes pour intimider les juges, discriminer des minorités et pour des affaires de corruption. L'objectif du mécanisme est de les sanctionner par une réduction, voire une suspension des financements européens. Avec cette résolution, le Parlement européen fait de nouveau pression sur la Commission, seule entité capable d'activer ce mécanisme. Ses précédentes interpellations, vieilles de plusieurs mois, sont restées lettres mortes. « L’arrêt de la CJUE pourrait subir un délai supplémentaire au vu de l’engagement très fort de la Pologne et de la Hongrie depuis le début de la guerre en Ukraine », a affirmé Sylvie Guillaume, présidente de la délégation française des sociaux-démocrates (S&D). Une possibilité que ces derniers veulent éviter à tout prix. « Il ne faut pas repousser cette décision. Le Parlement doit balayer l’aspect marchandage, auquel cas cela ressemblerait à une manipulation ». Pour les socialistes, reculer renverrait l'image qu’il subsiste encore des doutes sur les mesures à mettre en application. Des doutes dans lesquels pourrait s'engouffrer le Premier ministre hongrois Viktor Orbán afin de faire plier la Commission.

Logiciel espion Pegasus : les eurodéputés lancent une commission d’enquête sur deux États membres

Le Parlement européen a voté la création d’une commission chargée d’enquêter sur l’utilisation du logiciel espion « Pegasus ». Un consortium de journalistes a révélé le 20 juillet 2021 que des chefs d’États, des journalistes et des militants politiques ont été la cible de ce logiciel espion israélien, pour le compte de régimes politiques. La commission d’enquête va se pencher sur le cas de deux États européens épinglés par les révélations des journalistes : la Pologne et la Hongrie. Ces deux pays auraient eu recours au logiciel. Varsovie est accusé d’avoir espionné des adversaires politiques, le régime hongrois de Viktor Orbán aurait mis sous surveillance des journalistes, des propriétaires de médias et des avocats critiques du pouvoir.

La commission parlementaire composée de 38 membres va enquêter sur ces accusations et examiner les lois nationales réglementant les logiciels espions.

Charlie Weimers, d’une enquête sur le Covid-19 à une commission spéciale

« Quand j’ai appris que l’argent des Européens avait financé le laboratoire de virologie de Wuhan, je me suis dit qu’il fallait faire éclater la vérité sur cette affaire. » Le député Charlie Weimers (ECR, conservateur) a déposé en septembre 2021 un projet de commission d’enquête auprès des parlementaires. Le Suédois avait un objectif en tête : « une enquête crédible sur les origines du virus ». En effet, l’Union européenne a bien financé le désormais célèbre laboratoire de virologie de Wuhan. « Je pense que c’était une fuite de laboratoire, ils avaient les mêmes conditions de sécurité dans ce laboratoire que chez un dentiste ! », affirme le parlementaire.

Charlie Weimers était surpris, mais la majorité des groupes ont soutenu son idée. Mais quand le projet est revenu dans son bureau, il avait quelque peu changé. Le Parlement européen veut créer une « commission spéciale sur la pandémie du Covid-19 ». Pendant un an, des parlementaires étudieront plutôt l’impact économique, sanitaire ou encore démocratique de la pandémie. 

Pour Charlie Weimers, ce changement est une façon de ne pas froisser les intérêts chinois. Il dénonce l’attitude des institutions, qui ne pourront pas obtenir la vérité de cette façon. Son bureau reste cependant positif, de nouveaux amendements pourraient encore changer la mission de la commission. Celle-ci aura un an pour panser les plaies de la pandémie de Covid-19, et en prévenir de futures.

La politique environnementale de l’Union européenne approuvée

Les parlementaires européens ont validé le programme d’action pour l’environnement (PAE) de l’Union européenne jusqu’en 2030. Rédigé en collaboration entre les représentants des différentes institutions européennes en décembre 2021, ce programme doit guider la politique environnementale des États membres de l’Union pour ces prochaines années. 

La proposition la plus marquante est l’arrêt progressif des subventions des énergies fossiles, « une décision que nous aurions dû prendre il y a longtemps », affirme l’eurodéputé Pär Holmgren (Verts/ALE). « La nature est la clé de notre système planétaire et malgré tout, les gouvernements continuent de subventionner les activités qui détruisent notre planète », renchérit Grace O ’Sullivan (Verts/ALE).

À l’inverse, le groupe de l’extrême droite Identité et Démocratie n’est pas du tout du même avis : « Votre politique est totalement irresponsable !  » s’indigne Silvia Sardonne. « Votre réponse à la crise actuelle c’est baisser le thermostat, vous pensez vraiment que les Européens ne le font pas déjà ? »

Le montant des aides des États membres de l’UE aux entreprises exploitant des énergies fossiles a atteint 52 milliards de dollars en 2020. 

« Slava Ukraini ! » (Gloire à l'Ukraine)

Une sirène d'alarme retentit dans l'entrée du Parlement européen où est organisé un rassemblement en soutien aux Ukrainiens. « Voilà comment nous nous sommes réveillés il y a deux semaines », débute Mariia Mezentseva, présidente de la délégation ukrainienne au Conseil de l'Europe. Avec émotion, la députée à la Rada raconte l’enfer que vit son peuple depuis plusieurs jours. 

Devant un immense drapeau bleu et jaune, la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian renchérit : « Dans ces heures terribles, restons unis ! » « Slava Ukraini ! » (Gloire à l'Ukraine) clame à son tour Borys Tarasiuk, ancien ministre des Affaires étrangères en Ukraine, devant la foule captivée. Ce cri est repris plusieurs fois par Roberta Metsola. En français, la présidente du Parlement rappelle le rôle crucial de l’Union européenne tout en exprimant son admiration : « Un peuple dont le courage nous impressionne. Nous devons être à la hauteur ! » L’hommage se termine au bout de vingt minutes lorsque l’hymne ukrainien résonne dans le bâtiment.

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