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L'Amérique n'a pas de châteaux


07 février 2013

Hors de question que les vins américains importés en Europe portent la mention “château”. Les eurodéputés ont été unanimes hier pour interpeller la Commission sur l’accord commercial qu'elle négocie avec les Etats-Unis.

Derrière une même étiquette “château”, les contraintes sont inégales pour les viticulteurs européens et américains. Pour bénéficier de la précieuse mention, il n’est pas impératif outre-Atlantique que les raisins proviennent d’un seul domaine. Au sein de l’UE, il doit s’agir d’un vin d’appellation d’origine contrôlée issu à 100% de raisins récoltés et vinifiés sur la propriété.

Or le nouvel accord commercial UE/USA en discussion pourrait autoriser les vins américains à s'en prévaloir sur le marché européen. Selon la Fédération des grands vins de Bordeaux ce serait  “une distorsion de la concurrence à l’égard de nos exploitations viticoles et une tromperie pour les consommateurs”, ainsi que le “détournement d’une terminologie à forte notoriété”. Autant d’arguments repris hier à l’unisson par les députés européens.

Xérès, Prosecco, Porto... les eurodéputés n’ont pas manqué de souligner la richesse du patrimoine vitivinicole européen. “Ce n’est pas une spécificité française, nous avons en Europe des terres viticoles historiques” a rappelé la députée française ALDE Nathalie Griesbeck, avant d’ajouter : “ne bradons pas notre héritage”. Entendre: protégeons le. Les eurodéputés se sont alignés sur la position de la France, qui faisait jusque-là cavalier seul.

Pour le député S&D français Eric Andrieu, à l'origine de cette question à la Commission, céder sur ce principe risquerait de créer un précédent remettant en cause  la stratégie européenne d’indication géographique protégée. “Nous devons avoir confiance en nous”, a lancé la députée autrichienne PPE Elisabeth Köstinger au commissaire en charge de l’union douanière, Algirdas Semeta, en prenant l’exemple du label biologique européen.

“La Commission examine encore les demandes américaines” a  déclaré sans rien promettre M. Semeta après avoir entendu les députés. Eric Andrieu n'entend pas perdre le dossier de vue. “On va mener le bras de fer jusqu’au bout, c’est la position du Parlement et de la France” a-t-il affirmé à l’issue de la séance.

Martin Roux

Photo : Jim G.

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