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Coup de pouce à la gestion des frontières


06 février 2013

Le Parlement européen a approuvé mercredi à Strasbourg la proposition de la Commission concernant de nouvelles mesures pour soulager financièrement les pays qui éprouvent des difficultés à assurer la gestion des frontières de l’Union. Le Portugal et surtout la Grèce en seront les principaux bénéficiaires. 
 
 

Depuis 2007, quatre fonds du programme Solidarité et gestion des flux migratoires permettent aux Etats membres de faire cofinancer par l'Union leur gestion des flux migratoires : le Fonds européen pour les réfugiés, le Fonds pour le retour, le Fonds d’intégration des ressortissants de pays tiers et le Fonds pour les frontières extérieures. Les eurodéputés ont adopté mercredi à une large majorité et sans débat préalable la modification du fonctionnement de ce programme.

Le principe est le même que celui récemment adopté pour le versement européen des aides structurelles. Les pays ne pouvant plus acquitter leur quote part pour voir leurs projets soutenus par ces Fonds se verront octroyer une aide financière supplémentaire de la part de l'Union Européenne. Ainsi pour un Etat n'étant plus apte à participer qu'à hauteur de 5% l'UE mettra sur la table les 95% restant. Cette mesure concerne les Etats membres les plus exposés aux pressions migratoires et bénéficiant déjà d'un programme d'assistance financière comme l'aide du MES.

La Grèce est la première visée par cette augmentation qui intéresse aussi le Portugal. La Roumanie, la Hongrie et la Lituanie devraient s’engager sur la même voie, selon le député finlandais Nils Torvalds membre de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et rapporteur sur cette modification du taux de cofinancement exigible.

La Grèce en première ligne

De par sa position géographique, la Grèce est la principale porte d'entrée des migrants irréguliers et des réfugiés dans l'UE. Le pays a vu leur nombre augmenter considérablement depuis 2011 avec les changements politiques qui ont touché le Proche et le Moyen Orient. Une situation d'autant plus compliqué à gérer après les récentes crises économiques et budgétaires qui ont poussé la Grèce au bord de la faillite, la rendant plus vulnérable aux flux migratoires. Ils sont désormais plus de 100 000 par an à pénétrer sur le territoire européen par la Grèce. Cela représente entre 80 et 90% de l’immigration clandestine de l’Union européenne. 

Faire face à cet afflux de réfugiés par des mesures de contrôles aux frontières, au nord et en mer Egée, est le premier défi coûteux auquel la Grèce est confrontée. Mais leur ménager des conditions d’accueil conformes aux normes européennes pose aussi un très sérieux problème. De fait, maladies, mauvais traitements, conditions de détention déplorables et surpopulation sont le quotidien des camps de réfugiés en Grèce. En 2009 la Cour européenne des Droits de l’Homme l'a même condamnée pour non respect des Droits de l’Homme, malgré certaines mesures promises par son gouvernement comme la fermeture des centres non conformes courant 2013 et le renforcement des contrôles aux frontières avec les autres États membres.

« Le bon fonctionnement de la gestion des flux migratoires revêt une grande importance pour toute l'Union européenne, explique Nils Torvalds dans son rapport. L'incapacité d'un État membre à garantir la gestion efficace des flux migratoires ne touche pas seulement le pays en question, mais a aussi des répercussions sur bon nombre d'autres États membres. Il est, dès lors, de l'intérêt de tous les États membres que les engagements pris en la matière ne pâtissent pas des difficultés économiques qu'éprouvent certains pays ».

Aurélie Albert et Loïc Le Clerc

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