25 février 2014
« Sans le Parlement, il n'est pas certain que ce fonds existerait ». La victoire des eurodéputés a été soulignée par Andor Laszlo, commissaire aux affaires sociales, lors du vote pour un Fonds européen d'aide au plus démunis (FEAD). Adopté mardi matin par 592 députés, pour 61 contre et 32 absentions, le fonds de 3,5 milliards d'euros doit garantir une aide alimentaire et matérielle minimum en Europe durant les six prochaines années.
Le Conseil s'était initialement prononcé pour une enveloppe maximale de 2,5 milliards d'euros sur la base d'une contribution volontaire des Etats, rendant peu crédible un tel objectif. Outré, le rapporteur français de la commission du développement régional, Younous Omarjee, s’était emporté face à ces « moyens dramatiquement insuffisants ». Alors que 40 millions d'européens ne peuvent pas se permettre un repas par jour et que 4 millions sont sans abri, cette proposition paraissait pour lui incompréhensible. L'insistance du Parlement lui a donné raison : tous les pays-membres devront contribuer à cette aide, et son montant a été augmenté d'un milliard d'euros.
Le succès paraît d'autant plus concluant que des pays comme l'Allemagne et la Suède, qui souhaitaient la fin du « programme européen d'aide aux plus démunis » (PEAD), lancé en 1987 sous l'impulsion notamment de Coluche en France, et renouvelé jusqu'en 2013, ont du accepter son remplaçant. Ce programme chargé initialement de distribuer aux plus-démunis les surplus produits par l'agriculture européenne était devenu une aide financière directe depuis la fin de ces excédents agricoles. Or, ces pays considèrent que ces transferts relèvent de la compétence nationale et non européenne - une partie de leurs associations caritatives étant financées par l'impôt. En France, les « restos du cœur », parmi d'autres, ont salué le travail du Parlement, qui leur évite une chute problématique de leurs ressources.
En adoptant ce texte, qui a fait l'objet d'un accord préalable avec le Conseil, le Parlement garde le cap du projet « Europe 2020 » dont l'un des buts est de réduire de 20 millions le nombre de personnes risquant l'exclusion sociale en Europe. Un objectif ambitieux quand l'on sait que 120 millions de personnes sont menacées d'exclusion sociale sur le vieux continent. Strasbourg cherche ainsi à garantir que la lutte contre la pauvreté reste bien une des priorités de l'Union tout en s'affichant politiquement comme son principal pilier. Pour entrer en vigueur, cet accord informel doit encore être approuvé par l'ensemble du Conseil.
Pierre LEMERLE