23 février 2014
La situation en Ukraine, l'atonie de la croissance et les manœuvres de repositionnement au sein de l’Union avant les échéances institutionnelles de fin 2014 domineront cette semaine l’agenda européen. A l'approche des élections, l'activité législative de Strasbourg, qui reçoit mercredi le président tchèque, force le pas, avec plus de 30 votes à son ordre du jour. Le Parlement devrait notamment adopter la très controversée directive contre le tabagisme et une nouvelle limite pour les émissions de CO² des voitures à dater de 2015.
Les eurodéputés débattront mardi matin avec José Manuel Barroso des grandes contraintes économiques et budgétaires du semestre européen 2014. Les sociaux-démocrates entendent mettre l'accent sur leur volonté de ne pas réduire la dimension sociale de l'Union à un simple tableau de bord. La veille, la commission ECON devrait adopter un rapport sur l'action de la troika dans les pays sous programme d'ajustement. Les députés, qui critiquent sa légitimité démocratique et son efficacité économique, entendent la placer à l’avenir sous contrôle. En parallèle, Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques et monétaires, rendra publiques les prévisions économiques d'hiver de la Commission sur les évolutions du PIB, de l'inflation, du chômage, des déficits et de la dette publics pour les deux prochaines années.
Mercredi, le Président tchèque Miloš Zeman s’adressera à un hémicycle attentif au repositionnement récent de son pays. Celui-ci restait le dernier, avec le Royaume-Uni, à ne pas avoir signé le pacte budgétaire. Mais le nouveau gouvernement tchèque, investi mardi dernier, a annoncé envisager d'y adhérer et renoncer aux exemptions sur la Charte des droits fondamentaux arrachées par son ancien président, Václav Klaus, en échange de son paraphe au bas du traité de Lisbonne.
Jeudi, David Cameron, plus isolé que jamais, déroulera le tapis rouge pour Angela Merkel, qui s'exprimera devant le Parlement au Palais de Westminster. Le premier ministre britannique est toujours à la recherche d’alliés pour renégocier un traité moins contraignant pour ses intérêts. Le lendemain, la chancelière allemande recevra, à Berlin, Nicolas Sarkozy pour un « échange de points de vue ». L'ancien président français est dans la capitale allemande pour prononcer un discours sur l'Europe devant la Konrad-Adenauer Stiftung.
A titre de co-législateurs, les députés entérineront mardi une nouvelle réduction des émissions de CO2 pour les voitures, plus tardive qu’initialement prévue, sous la pression de l’industrie allemande. Il se prononceront aussi mercredi sur le projet eCall qu’ils soutiennent depuis longtemps : celui-ci entend équiper chaque nouveau véhicule, à partir de 2015, d'un système automatique d'appel d'urgence, tout en veillant à la protection des données. Ils adopteront le même jour six textes qui libéralisent le marché ferroviaire, donnant ainsi mandat à leurs négociateurs pour atteindre un compromis avec le Conseil. L’inconnue porte sur la sévérité des conditions de la séparation entre compagnies de transport et entreprises gérant le réseau, enjeu qui divise les parlementaires selon des lignes de clivage nationales.
Jeudi, les eurodéputés s'exprimeront sur l'Ukraine, à la lumière des dernières évolutions, suite à la destitution du président Ianoukovitch votée samedi par le Parlement. Ils prendront également position sur la situation au Venezuela. Le pays, secoué depuis plus de deux semaines par des manifestations, a basculé dans la violence jeudi dernier avec la mort de quatre opposants lors d'affrontements avec la police. Les rapports entre UE et Suisse seront également en vedette, deux semaines après le succès d'un référendum qui remet unilatéralement en cause le principe de libre-circulation.
En marge de la session, le maire de Strasbourg remettra mercredi la médaille d'honneur de la ville à plusieurs députés européens. Une cérémonie à laquelle ne participera finalement pas Daniel Cohn-Bendit. Roland Ries a renoncé à lui décerner cette distinction après les déclarations du chef de file des Verts qui soutient désormais le transfert du siège du Parlement à Bruxelles.
alexis boyer