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Réclamé depuis plus de dix ans par les habitants du Port-du-Rhin à Strasbourg, un marché devrait s’installer au printemps sur la place de l’Hippodrome. Un projet pour répondre au manque de commerces et créer du lien alors que le quartier connaît une croissance importante de sa population.
350 000, c'est le nombre de personnes qui ont passé au moins une nuit dans la rue en France en 2024, selon les données avancées par l’ex-Fondation Abbé Pierre dans son nouveau rapport sur l'état du mal logement en France, publié le 4 février 2025. Un chiffre en hausse constante depuis plus de dix ans. Crise du logement, difficultés d'accès au logement social, hausse des expulsions, les raisons qui poussent un nombre toujours plus important de personnes à la rue sont nombreuses.
Le Grand Est, et en particulier le Bas-Rhin, n'échappent pas à cette tendance : le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin (SIAO 67), une association d'aide aux sans abri financée par les collectivités locales, note une augmentation du nombre de personnes à la rue depuis 2022. Selon l'association, l’année 2023 a été marquée par des niveaux exceptionnellement hauts d’appels au 115, la barre des 10 000 appels par semaine dans le Bas-Rhin ayant été dépassée. Parmi les raisons possibles : une augmentation des arrivées sur le territoire (la demande d’asile ayant augmenté de 13%), les effets à retardement de la crise économique, qui fragilise les ménages et entraîne la perte d’un logement, ou encore des personnes déboutées de la demande d’asile. Le nombre de demandes d’hébergement auprès du SIAO 67 a ainsi augmenté de 21% en 2023, soit une moyenne de 2045 demandes par semaine1, majoritairement des adultes sans enfants2 ayant entre 25 et 59 ans et qui restent moins de huit jours. Les familles qui ont besoin d’un hébergement sont quant à elles le plus souvent hébergées à l’hôtel.
Des centres d’hébergement constamment saturés
Selon l'INSEE, le Grand Est est la région qui possède la plus grande capacité d’accueil après l’Île-de-France. Le nombre de places d’hébergement généraliste proposées aux adultes et aux familles en difficulté sociale, en hausse depuis 2019, atteint 18 500, dont les trois quarts sont destinées à l’urgence. Le Bas-Rhin et la Moselle font partie des départements de France où l’offre est la plus élevée.
Problème : le nombre de personnes sans-abri augmente plus vite que le nombre d'ouvertures de places d'hébergement. Dans le Bas-Rhin, élus locaux, ONG et associations caritatives pointent régulièrement du doigt la saturation des centres d’hébergement. "L’équipe 115 a eu beau fournir tous les efforts possibles et décrocher tendanciellement plus d’appels que par le passé, l’augmentation est tellement rapide qu'il est impossible de répondre à toutes les sollicitations", déplore l'association. En moyenne, seules 18% des demandes sont pourvues, laissant un grand nombre de personnes sans solution d'hébergement. Si le recours aux hôtels permet d’augmenter les capacités d’accueil pour les familles, "certains ménages peuvent attendre pendant plus d’un an une orientation vers une place en centre d'hébergement et de réinsertion sociale", précise le rapport annuel 2023 du SIAO.
"Cette réalité reflétée par les chiffres est également régulièrement remontée par la maraude et les partenaires qui la constatent au quotidien dans la rue", soulignant la très nette augmentation du nombre de familles avec enfants mineurs à la rue ou des personnes souffrant de pathologies avancées, comme une détresse psychique ou avec des troubles psychiatriques non diagnostiqués. La construction d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence provisoire sur une friche de 2 000 mètres carrés dans le quartier de Montagne-Verte à Strasbourg promet d’accueillir 50 personnes de plus d’ici la fin de l’année.
(1) Contre 1852 en 2022
(2) 88 % en 2019 selon l’INSEE
Lilou Bourgeois
Une petite dizaine de personnes, emmitouflées dans leurs manteaux et bonnets toujours vissés sur la tête, attendent à l’intérieur du centre socioculturel du quartier du Port-du-Rhin à Strasbourg ce mardi midi de février. On se tutoie, on s’embrasse, on s’enquiert de la santé du chien… Dans de joyeux bavardages, ces habitants ont bravé le froid pour venir chercher un couscous qui servira à financer le séjour à Gérardmer de plusieurs enfants du quartier. A l’extérieur, dans ce quartier prioritaire, les passants se comptent sur les doigts de la main. Au milieu des blocs brutalistes de résidences modernes, seules deux supérettes permettent de s’alimenter. Alors pour répondre à la demande faite par le conseil citoyen du quartier, la Ville de Strasbourg lance un projet de "marché hybride" qui devrait prendre forme au printemps. "Ce sera à la fois un marché alimentaire et un lieu d’animations", explique Pierre Ozenne, adjoint à la maire de Strasbourg en charge des marchés.
Un marché d’après-midi
Au cœur du Port-du-Rhin, c’est place de l’Hippodrome que s'installerait une dizaine d’étals, de 15 à 19 heures tous les jeudis. "Ce sont des horaires intéressants parce que certains rentrent du travail", argue Gérard Schann, trésorier du centre socioculturel Au-delà des ponts, qui pointe aussi la proximité avec l’arrêt de tramway "Port du Rhin". "L'horaire est adapté à la sortie des classes", abonde Annie Broglio, présidente du centre, alors que la place donne sur le grillage de l’école primaire du Rhin. A l’occasion d’un point presse ce mardi 4 février, la Ville de Strasbourg appelle près de 1 000 commerçants à candidater d’ici le 17 février pour obtenir une place d’une durée d’un an. Le centre socioculturel a déjà prévu de s’emparer de l’occasion pour “sensibiliser les habitants à une alimentation saine”. Et pourquoi pas prolonger l’ouverture pour les animations avec des foodtrucks jusqu’à 21h, envisage de son côté Pierre Ozenne.
Avec 60 000 cas de cancer du sein chaque année, la France métropolitaine a le plus haut taux d’incident au monde en 2022. De son côté, et de "manière évidente", Monik-Bayard Carette a observé un rajeunissement chez les patientes. "Quand j’ai ouvert, la moyenne d’âge était en 70 et 75 ans. Aujourd’hui, cela se situe plus entre 50 et 55 ans."
Elsa Rancel
Édité par Abel Berthomier
Pour l’instant, la prothèse mammaire chez Elles & Embellies coûte 212,99 euros et est remboursée par la sécurité sociale. Selon le site gouvernemental Vie publique, le projet de loi prévoit aussi le "remboursement intégral du renouvellement des prothèses."
"Vendre du rêve" ?
Le projet de loi prévoit également un forfait dédié au financement de produits prescrits, non remboursables jusqu’à présent et qui pèsent lourd dans le budget des patientes. Cela concerne notamment des crèmes et vernis. Après une chimiothérapie, le cuir chevelu peut former des croûtes et les ongles deviennent photosensibles, pouvant provoquer leur décollement. Tous les produits ne seront pas concernés et seront définis par arrêté. "Il n’y a pas de vignette, et je ne peux pas faire de facture de soin en vendant ces produits", explique Monik-Bayard Carette. De son côté, Nadine Baumann, référente régionale du Bas-Rhin pour l’association Vivre comme avant, "ne crie pas victoire trop vite". "J’aimerais savoir ce qui sera réellement remboursé et sous quelles conditions", ajoute-t-elle.
Ce que redoute particulièrement Monik-Bayard Carette, c’est que le projet de loi crée une fausse joie et "vend du rêve" pour des personnes déjà fragilisées par la maladie. Elle côtoie depuis plus de dix-sept ans des femmes atteintes du cancer du sein. "Si à l’autre bout, il ne se passe rien, cela va être catastrophique pour elles", s’inquiète-t-elle. En parallèle de sa boutique, cette ancienne attachée de presse préside l’association Les Ateliers de l'Embellie, où elle accompagne des personnes touchées par la maladie avec des soins de support, comme la musicothérapie ou de la sophrologie. "Au quotidien, je veux pouvoir leur apporter une bulle de douceur", souffle-t-elle.
Monik Bayard-Carette finit de ranger les boîtes contenant des prothèses mammaires en silicone. Crèmes adaptées, vernis à ongle post-chimiothérapie et perruques trônent sur les différentes étagères de sa boutique strasbourgeoise Elles & Embellies. La sexagénaire a appris, une semaine après son adoption le 28 janvier, le projet de loi pour une meilleure prise en charge des soins liés au traitement du cancer du sein par l'assurance maladie. Une surprise pour elle qui, depuis l’ouverture de sa boutique en 2008, accompagne et conseille les patientes atteintes d’un cancer du sein. "Pour le moment, en tant que professionnelle, je n’ai pas été mise au courant de la marche à suivre", assure-t-elle.
Le projet de loi annonce une meilleure prise en charge et le remboursement de tatouages médicaux, soutiens-gorges adaptés et de certains produits spécifiques au cancer du sein. Mais pour le moment, Monik Bayard-Carette ne crie pas victoire. "Cela m’intrigue. J’en ai vu passer des lois. Je me réjouirai quand j’en connaîtrai tous les tenants et aboutissants", se méfie-t-elle.
Sur les portants de sa boutique, on trouve une vingtaine de soutiens-gorges. Pas n’importe lesquels : sans armature, ils permettent d’y glisser une prothèse mammaire. "Chaque femme en a besoin. Sans ça, la prothèse risque de s'abîmer. Le prix n’est pas forcément accessible aux plus précaires. Si la lingerie adaptée est remboursée, ce serait une grande avancée", espère Monik Bayard-Carette, qui vend chaque pièce entre 60 et 80 euros.