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Une zone de confinement s'étend sur les 30km aux alentours de Fukushima et une zone interdite sur les 20km./ Photo Cc-by-sa-3.0 ConradMayhew

Kuroshio est le second plus grand courant marin au monde, après le Gulf Stream de l'océan Atlantique./ Photo CC0 1.0 Frank Geerlings

Un peu plus d'un million de mètres cube d'eau radioactive sont stockés à Fukushima./ Photo CC BY-SA 2.0 IAEA Imagebank

Pourquoi ne pas augmenter la capacité de stockage ?

Est-il si urgent de se débarrasser de ces eaux contaminées ? Selon Tepco, il n’y a plus de place pour stocker toute cette eau. S’il n’y a en effet plus d’espace dans l’enceinte de la centrale, selon Greenpeace, il est possible de construire des réservoirs additionnels sur le site de Fukushima qui s’étend jusqu’aux villes voisines Futaba, Okuma ou encore Namie. Des énormes surfaces de terrains disponibles sans activité économique, ni élevage, ni agriculture qui permettraient de stocker plus d’eau contaminée plus longtemps. Mais jusqu’à quand ? Un nouveau tremblement de terre catastrophique dans cette région sismique pourrait causer le rejet de toute l’eau contaminée stockée d’un seul coup et déclencher une nouvelle crise.

Benjamin Martinez

Le SUV compact Peugeot 3008 prend la troisième position des véhicules les plus vendus en France en 2019 / Photo CC BY 2.0 Land Rover Mena

Il explique que l’important courant marin Kuroshio déplace l’eau assez vite et loin du Japon. La concentration diminuerait donc rapidement en traversant le Pacifique. Il précise que ces niveaux sont des milliers de fois inférieurs aux niveaux autorisés pour l’eau potable, donc extrêmement faibles. Pour Buesseler, la radioactivité produite par la centrale nucléaire est moindre à l’échelle de l’océan Pacifique dans son ensemble.

Par ailleurs, Fukushima n’a pas produit la plus grosse émission. Dans les années 1960, les essais nucléaires français, américains et britanniques avaient rejeté 50 fois plus de césium 137, l’une des particules les plus radioactives, dans les océans.

Évacuer l’eau radioactive dans l’océan ?

Depuis quelques années, des experts ont envisagé plusieurs solutions. Comme, par exemple, injecter l’eau profondément sous terre, la vaporiser dans l’atmosphère ou encore la déverser directement dans l’océan Pacifique. C’est cette dernière option qui semble, selon eux, être la plus réaliste et la plus sûre en diluant l’eau par petite dose sur plusieurs décennies.

« La seule option sera de la drainer vers la mer et de la diluer », a déclaré le ministre de l’Environnement japonais, Yoshiaki Harada, ce mardi 10 septembre. La totalité du gouvernement va en discuter, mais j’aimerais donner mon simple avis. » Il a été immédiatement désavoué par sa hiérarchie. Le porte parole de l’exécutif, Yoshihide Suga, a qualifié de « personnels » les propos du ministre. Lequel fait partie des personnalités qui devraient quitter, ce mercredi 11, l’équipe du Premier ministre Shinzo Abe, à l’occasion d’un remaniement prévu depuis longtemps.

Cette mesure suscite également l’hostilité des défenseurs de l’environnement et des pays voisins. C’est la cas de la Corée du Sud, qui a convoqué en août un diplomate de l’ambassade du Japon à Séoul pour lui réclamer des comptes sur la manière dont Tokyo entend gérer la situation. « Une fois que cette eau contaminée et ce tritium [substance radioactive NDLR] seront dans l’océan, ils suivront les courants marins et se retrouveront partout, y compris dans la mer à l’est de la Corée », redoute Chang Mari, représentante de l’ONG Greenpeace en Corée, citée par RFI.

Quelles conséquences sur les eaux locales ?

Si à l’échelle de l’océan Pacifique la dilution peut être une solution à la pollution, les côtes japonaises qui entourent la centrale seraient, quant à elle, plus affectées. « La principale inquiétude de Greenpeace depuis des années est l’effet localisé des rejets dans l’environnement, a raconté le spécialiste nucléaire Shaun Burnie au Monde. L’un des problèmes découvert dans les 12 ou 18 derniers mois : la concentration de césium sur les plages au nord et au sud de la centrale, est absolument énorme. » Pendant plus d’un an, la pêche dans les eaux locales a notamment été interdite. Jusqu’en 2016, certains échantillons de poissons prélevés continuaient de dépasser les seuils autorisés.

De plus, l’un des arguments en faveur de l’évacuation des réservoirs dans les océans n’est plus valable. Contrairement à l’eau qui a fuité dans les océans au moment de l’accident, celle stockée dans les réservoirs est censée être filtrée et débarrassée de ses particules les plus radioactives par un processus nommé ALPS (Advanced liquid processing system). Sauf qu’en septembre 2018, Tepco a reconnu qu’une partie des particules les plus dangereuses étaient toujours dans les réservoirs.

Un réel danger ?

Ken Buesseler, géochimiste spécialiste de la radioactivité marine, s’est intéressé à cette question notamment pour une raison : la direction du vent au moment de la catastrophe. Avec ce vent d’ouest, plus de 85% des retombées radioactives de la centrale ont fini dans l’océan Pacifique. Quelques mois après, Buesseler et son équipe sont allés mesurer les niveaux de radioactivité dans l’océan. Ils ont ainsi découvert que, même à proximité de la centrale, le niveau de radioactivité était trop faible pour mettre en danger les êtres humains.

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